« Dans la même veine des films « Entre les murs » de Laurent Cantet et « Les héritiers » de Marie-Castille Mention-Schaar, le film « Les grands esprits » est un beau film qui veut tirer tous les élèves vers le haut. Une superbe réflexion sur la pédagogie auprès des élèves selon leurs milieux sociaux et culturels, qui pointe les dysfonctionnements du système de l’Education Nationale, complètement déconnecté de la réalité … Pour assurer l’éducation, faut-il mettre des professeurs expérimentés dans des quartiers difficiles ? Cette question soulève la problématique des inégalités scolaires entre élèves mais aussi entre établissements ! Alors, les fortes expériences des enseignants apaiseront-elles des tensions, atténueront-elles des échecs scolaires ?
Le film « Les grands esprits » est une belle et drôle histoire d’un professeur étriqué, François Foucault, agrégé de lettre au lycée Henri IV, qui, suite à un quiproquo avec une haut-fonctionnaire de l’Education Nationale, se trouvé forcé à accepter une mutation d’un an dans un lycée de banlieue classée REP+ … Bonjour le choc des cultures pour lui, c’est sûr ! Tout en évitant à tomber dans la caricature, ce film est aussi une magnifique leçon sur la bienveillance, l’écoute, la confiance, l’empathie … Face aux comportements difficiles des élèves, François Foucault a dû se remettre en cause et remettre en cause sa pédagogie … il se met alors à hauteur des élèves adolescents pour créer un climat de confiance. En plus, enseigner « Les misérables » de Victor Hugo n’est guère chose aisée pour lui : Comment alors donner le goût et l’envie de lire et d’apprendre aux élèves difficiles ? Justement, le réalisateur Olivier Ayache-Vidal a témoigné qu’il a passé deux années entières à observer les rapports entre les élèves et les professeurs dans un établissement. Il a constaté comment les élèves réagissent différemment en fonction du professeur et de sa méthode pédagogique ! Savoir s’adapter aux élèves, écouter, encourager, croire en l’autre et porter à bout de bras s’il faut, respecter et … se faire respecter, peuvent être des éléments positifs pour changer les elèves en difficulté et les motiver à se concentrer et à travailler … Je me reconnais dans le rôle éducatif du professeur, joué par l’excellent Denis Podalydès … C’est ce que font les éducateurs spécialisés pour nouer une relation de confiance avec les jeunes en difficulté … Eux aussi, ils remettent parfois en cause leurs actions éducatives pour mieux rebondir ! Mention spéciale au jeune Abdoulaye Diallo ! Ce magnifique film déplore aussi la distance froide entre le système de l’Education Nationale perçue trop répressive et enfermée, et les problèmes éducatifs, sociaux ou culturels des élèves … Enfin, je m’interroge si le nom de famille du professeur, Foucault est un clin d’œil à Michel Foucault, ecrivain de « Surveiller et punir » … J’ai beaucoup aimé ce film … Touchant !