C'est toujours un peu le même problème avec ces films sur le milieu enseignant : ils ont beau être pleins de bonnes intentions, ils finissent toujours par tourner au simplisme, voire à une légère démagogie. Pourtant, le point de départ est aussi bon que pertinent : amener un professeur d'un des plus grands lycées de France (Henri IV, pour ne pas le citer) dans un établissement de Seine-Saint-Denis où celui-ci pourra passer de la parole aux actes concernant sa volonté de placer des personnes plus expérimentées dans des milieux plus difficiles (en lui ayant un peu forcé la main, au passage!). Malheureusement, nous comprenons très vite que le regard sur ce problème scolaire majeur, sans être totalement édulcoré, va être vite réduit à des soucis mineurs finalement réglables assez facilement si l'on fait preuve d'une forte autorité : comme quoi, ce n'était pas le peine de chercher bien loin ! Idem pour les grands classiques : même s'il y a une part de vérité, prétendre qu'il suffit de proposer une pédagogie plus moderne, plus adaptée au langage des jeunes de ces quartiers, qui plus est avec grand succès, ce n'est pas très sérieux, enlevant beaucoup de l'intérêt « éducatif » qu'aurait pu avoir l'œuvre, et ce n'est pas l'opposition caricaturale entre les profs et leurs méthodes qui viendra contredire ce ressenti. Pour autant, à défaut d'avoir un film instructif, au moins a t-on un film agréable. Je ne me suis jamais ennuyé, sensible à cet univers que je connais assez bien et à défaut d'y croire, au moins l'ai-je trouvé attachant, que ce soit les différents élèves, les enseignants (dont la plus que charmante Pauline Huruguen), Denis Podalydès offrant une prestation de qualité. À défaut d'y croire, ces moments d'érudition littéraire sont vraiment chouettes, et on prend autant de plaisir que les élèves à suivre ces cours, notamment l'importante partie consacrée aux
« Misérables »
. Du coup, à défaut d'avoir l'œuvre nécessaire et espérée sur les très nombreux problèmes rencontrés aujourd'hui dans l'éducation nationale, au moins a t-on droit à un « feel good moviee » souvent drôle et bien mené, même si ce n'était pas vraiment ce qui nous avait été vendus.