Film plein de bonnes intentions, avec quelques bonnes répliques, et deux ou trois belles prestations d'acteurs, en particulier celle, toujours irréprochable, de Denis Podalydès, Léa Drucker, ou encore Emmanuel Barrouyer. Hélas, le jeu du reste des comédiens, jeunes et moins jeunes est souvent inégal, voire même parfois très médiocre. Les intentions du réalisateur Olivier Ayache-Vidal étaient bonnes dans le sens où il voulait montrer la difficulté d'être prof dans un collège dit "sensible". Il voulait aussi, montrer que les remèdes appliqués actuellement avec les élèves difficiles, pour faire régner la discipline, redonner l'autorité aux profs, et parvenir à faire passer un enseignement de qualité, étaient totalement inefficaces. Le problème est qu'Ayache-Vidal arrive après la bataille, et que presque tout l'argumentaire de son film est dépassé. Premièrement, le public actuel du Lycée Henri IV est bien plus bigarré que celui qu'il nous montre dans son film. Ensuite, les notes et les commentaires que le prof d'Henri IV distille à ses élèves, provoqueraient aujourd'hui une descente immédiate des parents, et un remontage de bretelle en règle du prof imprudent par le ou la proviseur(e). Car contrairement à ce qu'a l'air de croire Ayache-Vidal, les consignes du Rectorat en matière de bienveillance dans la notation s'applique aussi à Henri IV. En outre, l'avis des parents y est tout puissant. Deuxièmement, le réalisateur compare deux choses qui n'ont rien à voir. Le Lycée Henri IV, et un collège de banlieue. Une comparaison pertinente aurait été entre le collège Henri IV et un collège de banlieue. Ou alors, entre le Lycée Henri IV, et un lycée de banlieue. Autant comparer des chaussures et des chapeaux ou bien des choux et des carottes! Le collège Henri IV est régi par la carte scolaire, et donc, accepte tous les élèves du quartier dans lequel il y a aussi des "Kassos", certes bien moins nombreux, que dans le collège de banlieue, mais des "Kassos" tout aussi gratinés nonobstant. En réalité, le lycée Henri IV, fait une sélection d'élèves venus de collège sur quasiment toute l'Île de France. Seuls 16 % d'élèves du collège Henri IV sont acceptés au Lycée Henri IV. On autoriserait certains lycées de banlieues à opérer cette sélection drastique que leurs résultats seraient stratosphériques, et très comparables à ceux de ces lycées très sélectifs, que sont Louis Legrand, et Henri IV. D'autre part, le regard que porte Ayache-Vidal sur les collèges de banlieue manque totalement de pertinence. Il semble nous dire que les "CD", les conseils de discipline, sont appliqués avec une grande facilité. Rien n'est plus faux! Les proviseur(e)s de ces bahut rechignent à avoir recours aux "CD" , car les élèves renvoyés sont aussitôt remplacés par d'autres "cassos". Or, on connait bien ceux qu'on "perd", on ne connait pas du tout ceux qu'on "gagne", donc on a plutôt tendance à garder les cas "difficiles". En fait dans ces bahuts "sensibles", la notation bienveillante que les collègues de Foucault lui reprochent, est en réalité, encouragée par l'Education Nationale. Elle est même pratiquée par des milliers de profs depuis des années, et ce, de manière systématique pour avoir la paix sociale dans les classes. Cette absence de pertinence dans le propos d'Olivier Ayache-Vidal vient du fait qu'il n'est plus en contact avec le monde enseignant d'aujourd'hui. Un monde où les profs n'ont plus l'appui de leur hiérarchie en matière de discipline, lorsqu'il s'agit de sévir, ou de se faire respecter. Un monde où il devient de plus en plus ardu d'enseigner même avec les techniques les plus variées, les plus efficaces, et l'enthousiasme le plus débordant. Et c'est pour cela que le recrutement même de ces soldats de la connaissance est devenu si difficile.