Le premier film des frères Coen fait figure de pionnier du cinéma indépendant, le vrai, alors qu’Hollywood ne semble pas encore s’intéresser aux deux cinéastes. Sang pour sang, ou Blood Simple, sorti dans un quasi anonymat, bénéficie aujourd’hui d’une version Director’s Cut permettant de découvrir ou redécouvrir le film sans s’ennuyer des défauts techniques itinérants au manque de moyen de l’époque. Joel Coen, à la réalisation, s’attache à donner un rythme très lent à son film tout en enchaînant les rebondissements, les renversements de situation, le tout agrémenter d’une certaine violence mais dénué de l’humour noir qui aura fait le succès de Fargo et autres de leurs classiques.
Blood Simple est pourtant d’une simplicité évidente, tant les Coen ont sans doute voulu s’approcher du travail d’Alfred Hitchcock, formulant toutefois la diction à leurs manières, lente, lyrique et captivante. Frances McDormand est quant à elle le dénominateur commun d’avec la suite de leur filmographie, celui-ci n’étant pas foncièrement assimilable à l’intégralité de leurs œuvres. Il s’agit d’avantage ici d’un exercice de style. Un polar sombre, d’ambiance, qui colle parfaitement à la majorité des films similaires tout en ayant sa petite personnalité, un petit coté trash qui verra un gus se faire enterrer vivant, un autre coincé dans un salle de bain pour finir une balle dans le ventre et sujet au supplice de la goute sur le front.
Des coups de génie viennent nous rappeler qu’il s’agissait déjà, en 1984, des frères Coen, cinéastes fantastiques qu’il est pourtant difficile de comprendre à cent pour cent, tant leur filmographie est inégale. Ici, pour les amateurs de Fargo, l’essentiel est acquis, même si le film manque de rythme, que leur science des dialogues n’est pas encore apparue.
Classique, peut-être trop classique, la mise en scène offre toutefois son lot de bonne surprise, le tout permettant de passé un agréable moment devant ce film ressortit des tiroirs, précédant notamment Miller’s Crossing ou Barton Fink. Oui, il faut un début à toute les entreprises, c’est le cas ici. Pour tous cinéphiles, un film à voir ou a revoir. 14/20