Derniers Avis : Le Peuple Loup - Page 4

‘Le Peuple loup’ n’est que le troisième film d’animation réalisé par Tomm Moore et pourtant, cet irlandais s’est déjà imposé comme un des maîtres incontestés de l’animation européenne. Il faut dire que les deux précédents, ‘Le secret de Kells’ et ‘Le chant de la mer’, étaient d’authentiques chefs d'œuvre et le premier élément en faveur de ce jugement enthousiaste, celui qui parvient déjà à emporter la décision à lui seul, tient à son approche visuelle unique, ce trait à la fois rond et anguleux, influencés de manière plus ou moins évidente par les motifs figuratifs celtiques, ces mélodies irlandaises à la beauté éthérée, et cette mise en scène d’un originalité folle dont l’inventivité séduit à chaque instant.. Même les couleurs, aussi surprenantes et inattendues soient-elles, fournissent leur part d’émerveillement : ce sont cette fois les teintes ocres et rougeoyantes qui prédominent, après le vert et le noir du ‘Secret de Kells’ et le bleu et le gris du ‘Chant de la mer’, symptome d’un contexte historique d’une dureté toute nouvelle puisque le récit prend place durant le saccage de l’Irlande par les troupes de Cromwell, au milieu du17ème siècle. Le scénario, justement, pourrait de prime abord ne pas sembler à la hauteur de la brillance esthétique des films d’animation de Tomm Moore : il y est toujours question d’un enfant mal à l’aise dans son environnement immédiat, qui découvre que pour qui sait les repérer et les comprendre, la magie et le surnaturel ne sont qu’à quelques encablures de la réalité. La simplicité ne sous-entendant jamais le simplisme chez Tomm Moore, on songe instinctivement à un autre maître de l’animation, né à l’autre bout du monde, un sage panthéiste qui décelait des traces de l’oeuvre divine dans les éléments les plus infimes de la création et parvenait à faire affleurer l’émotion à la surface des éléments les plus anodins de ses histoires...et c’est peut-être le plus beau compliment qu’on puisse adresser à Moore que de relever la proximité inconsciente qui le lie à Hayao Miyazaki.

Depuis que Cartoon Saloon a tenté la grande aventure du cinéma, on peut dire qu'il n'a pas manqué de créativité. Cette réussite passe d'abord par la singularité de ses chefs d'orchestre, parmi lesquels Tomm Moore. Désireux de revisiter le folklore irlandais pour mieux partager la richesse et les valeurs de sa contrée, Moore a tôt fait d'en reprendre les codes narratifs et visuels. Le style graphique de ses œuvres renvoyant directement aux enluminures (illustrations ornant les manuscrits ancestraux) ou encore aux fresques composant le vitrail des cathédrales. Sur le fond, les histoires adoptent la forme de contes initiatiques où ses héros coexistent avec les figures de la mythologie celtique (ici, la lycanthropie). Réalisé à deux ou quatre mains (Brendan et le secret de Kells coréalisé avec Nora Twomey, Le Peuple Loup avec Ross Stewart) ou non (Le Chant de la mer) la patte Moore est flagrante. Et c'est un bonheur.
J'ai eu presque l'impression d'arpenter un nouveau-monde de l'animation, tant le mélange entre pinceaux et outils de pointe parvient à donner une personnalité à cet univers. Refléter l'opposition de deux mondes avec les formes géométriques (le monde humain étant rêche et grisâtres là où la nature épouse des reliefs doux et colorés) est une idée aussi simple qu'astucieuse. Le récit traduit habilement les inquiétudes liées aux superstitions qui riment avec oppression, de la même manière qu'il aspire à une symbiose entre les espèces ainsi que le respect de toute forme de vie. Une absence de cynisme qui séduira petits et grands, surtout que cet idéalisme est moteur d'une aventure très rythmée et souvent bouleversante. 90 minutes où la poésie abroge les frontières pour transmettre un pan de culture irlandais. Le Peuple Loup confirme Tomm Moore (et Cartoon Saloon) en tant que fleuron de l'animation.

Le Peuple Loup est un très beau film d'animation qui nous met directement dans sa poche, entre son design sympathique, ses deux héroïnes complémentaires et son histoire venue des légendes irlandaises qui célèbrent la nature sous toutes ses formes. Bye-bye le Grand Méchant Loup archaïque qui croque les enfants, et bonjour aux loups devenus les victimes de la déforestation et de la chasse. D'emblée, on valide. Voici donc l'histoire de Robyn et Mève, deux jeunes filles que tout oppose (l'une est une chasseuse en herbe, l'autre une wolfwalker - une guide des loups) qui vont s'entraider pour éviter un affrontement meurtrier entre hommes et loups. On adore le tracé du dessin qui laisse quelques traits "inutiles", comme une ode aux coups de crayon brouillons qui donnent naissance aux plus beaux dessins à l'encre par la suite, mais qu'ici le dessinateur s'est refusé à effacer. D'ailleurs, quelques effets visuels ne passent pas inaperçus pour qui aime le graphisme élégant : la meute de loups qui se déplace comme une vague, la jeune fille dont on devine les mouvements par une boule de cheveux qui virevolte dans les airs, les surimpressions colorées pour représenter les "esprits" des loups... Clairement, les designers et dessinateurs de ce Peuple Loup sont à remercier pour le bon moment que l'on passe à regarder les dessins, en tant qu'adulte on est loin de s'ennuyer devant cet animation qui taquine les 1h45 (un poil plus long que la moyenne du genre, ce que l'on ne devinerait jamais au visionnage, tant le rythme est bon). Petits et grands découvriront aussi les wolfwalkers, ces guides "spirituels" des loups issus du folklore irlandais qui peuvent se changer en animal, guérir les blessures, rassembler leur meute en un bon mot... On ne connaissait pas du tout cette partie de la mythologie irlandaise. Il n'est jamais trop tard pour apprendre, et l'on se couchera moins bête. Aussi, exit la niaiserie habituelle, ici on ne nous offre pas une happy-end idéaliste ( spoiler: la réconciliation des espèces
) mais plutôt un logique compromis ( spoiler: les loups se déplacent dans une contrée qui voudra bien d'eux
, ce qui dans le fond est bien triste malgré le bain de sang évité). Le binôme d'héroïnes est charismatique et parvient à imposer sa puissance (elles n'ont besoin d'aucun gros bras) tout naturellement, ce qui rend bien hommage aux légendes irlandaises (dans lesquelles les femmes sont les vraies gardiennes de la vie, célébrées comme des reines de la nature et de la connaissance). La musique qui nous ramène au style médiéval (et se refuse à tomber dans les chansonnettes : hallelujah) est réussie et finit de parachever la grande qualité visuelle, narrative et symbolique de ce film d'animation. Peu importe votre âge, si vous avez une faim (de loup) de bon film d'animation, Le Peuple Loup va vous régaler.

Magnifique. Cette animation est à la fois poétique et engagé. C'est très bien dessiné et la bande son vaut le détour. Évasion assurée

Une histoire archétypique merveilleusement présentée par une animation a couper le souffle. Une nouvelle pépite du studio Cartoon Saloon qui s'impose dans le monde de l'animation comme un classique.

Outre la réussite totale d'un point de vue pictural on ne peut que savourer un graphisme qui nous change des "ronds" académiques des écoles Disney ou Dreamworks. Du point de vue de l'histoire, si la scénario reste assez basique sur sa trame générale on remarquera que deux thématiques qui renvoient à l'actualité, le fanatisme religieux symbolisé par un méchant qui renvoie de surcroît au personnage historique Cromwell, et le féminisme symbolisé par deux femmes wolfwalkers cheftaines de meutes hurlant à la Lune comme des guerrières amazones. Par contre deux bémols arrivent dans la dernière partie du film, d'abord la métamorphose qui ne peut normalement arriver que durant un sommeil ce qui est invraisemblable pour le père en pleine bataille et folie destructrice, puis surtout, on tombe dans l'écueil du genre, le père est si borné que ça en devient juste hyper agaçant. Dommage... Mais ça reste un film d'animation merveilleux à voir et à conseiller.
Site : Selenie

Une merveille. Un côté "Princesse Mononoké" en Irlande, avec des loups et plein d'héroïnes (que des filles/louves), des décors très étonnants, des séquences de magie pure, d'autres plus conventionnelles, mais le film dégage une vraie fraicheur, et ça fait du bien de sortir des personnages numériques aseptisés de Pixar et consorts pour retrouver le plaisir du pur dessin animé. De quoi enchanter les parents comme les enfants, avec ce véritable conte de fées moderne inspiré de légendes irlandaises.

L'Homme, un loup pour l'Homme ?

Dans l'esprit de "Dragons" et "Princesse Mononoké", un film d'animation d'une infinie beauté et poésie. Et un vrai coup de cœur. 8,5/10.

Rien que pour le style du dessin qui représente tellement bien l'histoire et les psychologies de la société dépeinte, on sait que ce film a été fait avec une minutie de l'inspiration et beaucoup de passion. Tout est excellent et ne va pas l'a ou on s'attendait ce qui rend la trame assez déroutante mais diablement efficace. Seul bémol sur la fin du père qui aurait mérité un peu plus de développement.

Si je n'avais pas nécessairement adoré Le Chant de la mer, je dois dire que le nouveau film de Tomm Moore m'a beaucoup plus convaincu.

Déjà visuellement c'est encore une fois sublime, ça fait plaisir de voir un dessin animé aussi flamboyant. Et je dois dire que je pense que ça fait beaucoup. Parce que l'histoire en elle-même est prévisible, simple et belle, certes, mais assez convenue. On a même un petit discours écolo (qui n'est pas forcément aussi martelé sans subtilité qu'on aurait pu le craindre), rien de bien novateur.

Mais je dois dire que malgré tout ça, l'histoire fonctionne très bien et est magnifiquement bien mise en scène. Disons que chaque séquence regorge d'inventivité, à chaque fois il y a une idée pour véhiculer une émotion. Parfois c'est très simple, mais une contreplongée bien placée, un jeu avec les ombres et tout de suite l'effet est décuplé et permet une réelle mise dans l'ambiance.

Et puis il faut dire que les personnages sont plutôt bien écrits, j'aime la relation entre le père et la fille, on sent bien que si le père doit s'opposer à sa fille il ne le fait pas par gaieté de cœur ce qui permet de mieux comprendre les motivations.

Le seul bémol serait sans doute le grand méchant qui ressemble à une décalque de celui de Pocahontas de Disney. Je pense qu'il y avait moyen de plus insister sur le côté fou de dieu, ou au contraire montrer qu'il croit véritablement qu'en rasant la forêt il va apporter la prospérité à son peuple. Là il est un peu unilatéral et toutes ses actions sont attendues.

Mais ça relève du détail car il n'est pas important que cela.

En tous cas le film regorge de scènes formidables que ça soit pour montrer la liberté des loups ou bien la peur, scène accompagnée par une superbe bande originale.

Vraiment il n'y a pas grand chose à dire, c'est juste une réussite. Simple et beau, ça plaira à tout le monde et dès le plus jeune âge.

Au lendemain de l’avalanche de Star Wars, Marvel et d’autres annonces basées sur le futur de Disney, il semble que la société essaie de se distancier des dessins-animés à la main d’antan. Mais juste parce que la maison de Mickey a laissé des contes de fées (au moins ceux qui n’impliquent pas des sabres laser) dans la poussière, ça ne signifie pas que les histoires de jeunes héroïnes courageuses surmontant les obstacles avec un animal de compagnie sont mortes. Le Studio Saloon (qui a coproduit le film avec Mélusine Productions), désireux de combler l’écart avec Le Peuple Loup, se sent comme un successeur spirituel des films précédents du studio, Brendan et le Secret de Kells et Le Chant de la mer. Le Peuple Loup, comme les deux précédents, est enraciné dans le folklore irlandais.

Critique disponible dans son intégralité : https://cestquoilecinema.fr/critique-le-peuple-loup-un-dessin-anime-comme-on-nen-fait-plus/