« Normandie Nue » en reposant sur l’histoire d’une simple photo, finit par s’épuiser à force de broder tout autour...
Et pourtant, l’idée de vouloir dépeindre et mobiliser ce village normand plongé dans ses difficultés et ses fragilités, lui-même enfoncé jusqu’au cou dans ce monde impitoyable de rentabilité sans vergogne, avait de quoi être un excellent sujet...
Seulement, Philippe Le Guay semble se focaliser uniquement tout comme son héros, sur la faisabilité du projet de ce grand photographe américain Blake Newman (censé interpréter l’artiste Spencer Tunick), qui tient à photographier les habitants de ce village dans un pré bien particulier, mais évidemment avec sa vision et donc son style personnel, c’est à dire tous nus !
Pour arriver à tenir son film, et à rester sur cette ligne directrice, tout y passe en large et en travers !
Intrigues et sous intrigues pas toujours inspirées, amourette et problème de cadastre, homme des villes et hommes des champs, tags et boudin,... au point d’étouffer son film dans l’œuf...
Sans parler du montage, fait à la va vite, plus dans l’esprit du téléfilm alors qu’en plus, bon nombre de caricatures vont bon train, schématisant le monde villageois et agricole, tels des stéréotypes taillés à coup de serpe, et ce malgré la présence de figurants du cru...
Quelques scènes assez drôles arrivent ma foi à sauver l’ensemble et laissaient de fait, présager l’espoir d’un vrai démarrage, d’une réelle justification à produire cette réalisation qui finit souvent par piétiner...
Philippe Le Guay avec d’autres comédies assez au point, était pourtant la garantie ou le gage d’un travail drôle, tendre et abouti, mais force est de constater que la mayonnaise ne prend pas cette fois, avec un François Cluzet en Maire du village, qui passe du mode juste et tendre à un autre registre bien plus faux et extravagant...
Alors tout n’est pas à rejeter en bloc évidemment, un peu plus de subtilité dans tout ce méli-mélo aurait sans doute conduit à plus d’attachement à certains personnages, en créant un minimum d’émotion, comme par exemple celui du boucher à qui Grégory Gadebois donne franchement une vraie dimension et une personnalité hors norme !
C’est justement cette épaisseur, cette densité qui manque à cette comédie entre deux eaux, et donc malheureusement pas de quoi en faire un foin, comme je l’espérais !
Un peu dommage...