Au départ, c'est Joaquin Phoenix qui devait interpréter le rôle de Kevin dans Split et tourner pour la 3ème fois sous la direction de M. Night Shyamalan, après Signes et Le Village. Malheureusement, les discussions avec le comédien n'ont jamais abouti et c'est finalement James McAvoy qui a hérité du personnage.
Le premier volet, Split, a rapporté plus de 278 millions de dollars au box office mondial pour un budget de 9 millions. En France, le film a réuni 1.782.431 spectateurs. Glass est la 3ème collaboration entre M. Night Shyamalan et le producteur à succès Jason Blum après The Visit (100 millions au box office pour un budget de 5) et Split. Cette fois, le réalisateur a bénéficié d'un plus gros budget : 20 millions de dollars.
Le tournage de Glass a duré 39 jours. Il a commencé le 2 octobre 2017. Une partie des scènes a été tournée dans un hôpital psychiatrique ayant réellement existé situé à Allentown dans l'Etat de Pennsylvanie. Staci Hagenbaugh, régisseuse d'extérieurs, avait une piste qui pouvait correspondre aux attentes de la production. Elle explique : "J’avais déjà travaillé avec le Commonwealth de Pennsylvanie dans 2 de ses établissements, et je savais que l’hôpital d’Allentown était fermé depuis quelques années, mais je n’avais jamais vu de photos du lieu. Dès le premier coup d’œil, j’ai su que Night allait adorer. C’est quelqu’un de très visuel et je pense qu’il a eu une connexion avec l’endroit dès qu’il est entré." Le lieu correspondait tellement aux attentes du réalisateur que le script s’en est trouvé réadapté. Le producteur Marc Bienstock raconte : "Night n’a pas hésité à réviser certains points du scénario afin de l’adapter parfaitement au lieu et d’intégrer l’action visuellement à l’espace."
Comme pour la plupart des films de M. Night Shyamalan, GLASS a été tourné à Philadelphie, en Pennsylvanie. Les deux endroits que le réalisateur devait absolument trouver étaient un entrepôt en briques où La Bête retient les pom-pom girls qu’il a l’intention de tuer – entrepôt qui est également le théâtre du combat épique entre La Bête et David Dunn – et un bâtiment qui pouvait servir de décor à l’hôpital de Raven Hill où se déroule la majeure partie du film. Pour trouver les lieux parfaits, M. Night Shyamalan a demandé à Staci Hagenbaugh, une régisseuse d’extérieurs avec qui il avait déjà travaillé sur PHÉNOMÈNES, THE VISIT et SPLIT, de mener les recherches. Staci Hagenbaugh raconte : "Nous avons exploré au moins 25 bâtiments en briques avant de trouver le bon. Il nous restait à faire un choix entre deux, et c’est finalement le Frankford Arsenal, une ancienne usine de munitions de l’armée du XIXe siècle située dans le nord-est de Philadelphie, qui a été retenue. Il allait se passer énormément de choses dans cet endroit : beaucoup de cascades, d’effets visuels, tout ça en même temps. La structure du bâtiment permettait en outre de nombreuses interactions entre l’intérieur et l’extérieur. Night avait été catégorique sur le fait qu’il avait besoin de pouvoir utiliser à la fois l’intérieur et l’extérieur. Pour moi, c’était un endroit vraiment emblématique parce que personne n’y avait tourné depuis très longtemps. On était vraiment excités de pouvoir y filmer."
Glass marque la 5ème collaboration entre Bruce Willis et Samuel L. Jackson après Alarme fatale, Pulp Fiction, Une Journée en enfer et Incassable.
M. Night Shyamalan a pu incorporer des séquences inédites d’INCASSABLE dans GLASS pour des scènes représentant les souvenirs de David Dunn ou de Joseph. Il raconte : "C’était incroyable parce que ces scènes que nous avions coupées au montage pour INCASSABLE ont toujours été dans ma tête. J’étais persuadé qu’elles pouvaient être intégrées à GLASS si je l’écrivais de la bonne façon. Nous étions très enthousiastes à l’idée de les intégrer au film parce que le public n’en croira pas ses yeux. Dans une scène, vous voyez un jeune garçon et dans la suivante, il a 25 ans. Il n’y a aucun contenu généré par ordinateur, c’est réellement la même personne. Et c’est pareil avec Bruce Willis. Voir le même personnage naturellement plus vieux de 18 ans est vraiment quelque chose de puissant."
Afin de créer une ambiance terrifiante et sombre, M. Night Shyamalan a fait appel au directeur de la photographie, Mike Gioulakis. Ce dernier n'est autre que le responsable de l'atmosphère oppressante de It Follows, la petite surprise du genre épouvante/horreur sortie en 2015. C'est d'ailleurs après avoir vu ce film que le réalisateur de Sixième Sens a décidé de s'attacher les services du chef-opérateur pour Split puis Glass.
La talentueuse jeune actrice Anya Taylor-Joy, 22 ans seulement, a tenu le haut de l'affiche de Split avant de reprendre son rôle de Casey dans Glass. La comédienne a été révélée dans le film d'épouvante The Witch, très remarqué lors de sa sortie en juin 2016.
Pour ses films, M. Night Shyamalan a pour habitude de mêler recherches exhaustives et imagination pure. "Je pars d’un phénomène reconnu, auquel les gens croient, et je développe. Avec le trouble dissociatif de l’identité, chaque personnalité croit en sa propre existence, à 100%. Si l’une d’elles est persuadée d’être diabétique ou d’avoir du cholestérol, son corps peutil en être affecté ? La question fait débat. Personnellement, je crois que oui. Et si l’une des personnalités croit qu’elle possède des pouvoirs surnaturels ? Qu’en est-il alors ?", explique le réalisateur. M. Night Shyamalan avait déjà abordé la question du trouble dissociatif de l’identité pendant ses études à la NYU, et a ensuite continué à se tenir informé du développement des théories sur le sujet. Pendant l'écriture du scénario de Split et Glass, il s’est également documenté sur les cas les plus célèbres et a rencontré des psychiatres spécialisés sur la question.
L’un des plus grands défis du chef-costumier Paco Delgado a consisté à fusionner les palettes et les styles visuels de deux films réalisés à 16 ans d’intervalle, tout en créant une esthétique propre à GLASS. Il déclare : "Nous mélangeons deux histoires, celle d’INCASSABLE et celle de SPLIT. C’est complexe parce qu’il faut s’en tenir à une certaine palette. Historiquement, chaque personnage a une couleur de garde-robe distincte : David Dunn porte du vert, Mr. Glass du violet, et La Horde, du jaune. Donc, pour GLASS, nous avons pris les trois couleurs des palettes des films. Vous vous retrouvez de ce fait avec une palette limitée pour le reste des personnages. Ce qui est bien, d’un autre côté, c’est que vous avez tout de suite une idée très claire des couleurs à utiliser." Il poursuit : "Nous avons affaire à des personnages qui, en plus d’être des super-héros, mènent une vie normale. Nous avons essayé de trouver le moment où s’achève l’être humain ordinaire et où commence le super-héros. Ce sont deux facettes d’un même personnage. Par exemple, quand on veut habiller David Dunn, on garde la palette verte, mais elle est beaucoup plus subtile que lorsqu’il porte son poncho vert. C’est pareil pour les autres personnages."
Là où INCASSABLE suivait un homme que sa modeste image de lui-même avait rendu aveugle à son véritable pouvoir ; là où SPLIT explorait le pouvoir mortel d’un monstre créé par un esprit traumatisé, GLASS s’intéresse à l’essence même de l’identité en posant une question : sommes-nous objectivement ce que nous sommes, ou plutôt le résultat physique de ce que notre esprit forme et détermine ? Êtes-vous un super-héros si vous croyez en être un, même s’il ne s’agit que d’un fantasme ? M. Night Shyamalan déclare : "Je m’intéresse à la psychologie et à la psychothérapie depuis le collège. C’est donc tout naturellement que j’ai voulu traiter ces thèmes. Au fil du temps, mes recherches et l’histoire ont commencé à se nourrir mutuellement. Pour SPLIT, je lisais des articles sur le trouble dissociatif de l’identité et je me disais que cela ferait un formidable sujet. INCASSABLE a commencé de la même façon. Je m’étais cassé les ligaments croisés antérieurs des deux genoux en jouant au basket et j’avais passé beaucoup de temps en rééducation et en kinésithérapie. C’est cette expérience qui m’a fourni la base du film."
19 ans après Incassable, Spencer Treat Clark et Charlayne Woodard sont de retour dans les rôles du fils de David Dunn (Bruce Willis) et de la mère d'Elijah (Samuel L Jackson).
"INCASSABLE a été un tournant de mon enfance. Ça m’a fait drôle de regarder en arrière et de revoir Joseph, de me rappeler comment je l’avais interprété et de voir comment il a évolué. À la fin du tournage d’INCASSABLE, j’ai reçu deux super cadeaux. L’un d’eux venait de Bruce. Il m’a offert les coffrets complets de Led Zeppelin et des Beatles, ce qui est super cool. Ce que j’ai pu les écouter ! Ces CD étaient dans mon baladeur pendant toute mon adolescence. C’est grâce à eux que j’ai commencé à jouer de la musique, que j’ai commencé à apprendre la guitare et que je suis devenu musicien", confie Spencer.
Chaque personnalité interprétée par James McAvoy devait avoir une voix et une présence distinctes ; le réalisateur et l'acteur ont donc travaillé à définir chaque identité. "James est écossais, mais il a joué la majorité de ses rôles avec un accent américain ou anglais", remarque M. Night Shyamalan. "Je fouillais dans son répertoire d’accents et je lui suggérais une idée : Et si Hedwig avait un cheveu sur la langue ? Et James s’en emparait avec brio". Il fallait également éviter certains écueils : "Pour interpréter un enfant, la plupart des acteurs jouent un adulte attardé", explique le réalisateur. "Hedwig est très intelligent, et il se trouve qu’il a 9 ans. Je disais à James : "Tu ne joues pas un adulte idiot, ce n’est pas ce qu’on vise. Utilise tes yeux, tu es très intelligent, mais tu n’as que 9 ans. Ce geste que tu utilises, tu ne sais pas ce qu’il signifie"."
Si M. Night Shyamalan tient à suivre son scénario à la lettre, il encourage néanmoins les acteurs à y apporter leur contribution. "Je traite le scénario comme une pièce de théâtre et je ne modifie pas les dialogues après coup, mais pour gagner en authenticité, la porte est ouverte à l’improvisation au niveau de l’interprétation", déclare-t-il.
Dans une scène de GLASS, James McAvoy doit faire la transition entre plusieurs personnages en très peu de temps. Il confie : "Cela devient délicat lorsqu’il faut passer de l’un à l’autre face à la caméra. Il faut être capable d’entrer complètement dans le personnage suivant alors que vous avez toujours en vous les émotions du précédent. Vous pouvez donc vous retrouver avec un personnage hystérique, extrêmement triste ou vraiment paniqué, alors que la personnalité suivante doit être très calme, d’excellente humeur et joviale. C’est assez difficile parce que votre rythme cardiaque est physiquement différent de ce qu’il devrait être quand vous passez au gars suivant. C’est comme si vous changiez brusquement de vitesse." La partie la plus exigeante du point de vue physique reste cependant, et de loin, La Bête. James McAvoy explique : "Il est extrêmement tendu, toujours prêt à bondir comme un animal, à tel point que cela me fait mal physiquement de l’interpréter. Lorsque je l’incarne plusieurs jours de suite, mes épaules et mon cou me font souffrir pendant des heures. Pour SPLIT, ça n’avait pas autant d’importance parce que je n’avais joué La Bête que durant quelques jours, mais cette fois-ci, j’incarne énormément ce personnage."
Au cours des 16 années qui se sont écoulées depuis les événements d’INCASSABLE, David Dunn, interprété par Bruce Willis, a perdu sa femme, emportée par le cancer. Il a créé sa propre entreprise de sécurité avec son fils et s’est consacré à la lutte contre le crime en tant que justicier. Mais le prix à payer pour tout cela est élevé et la performance de Bruce Willis le montre bien. James McAvoy raconte : "De toutes les personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie, Bruce est celle qui a le plus de sang-froid. Il est extrêmement détendu mais il parvient à apporter un poids incroyable au rôle. C’est magnifique et c’est un thème rarement vu dans les films de super-héros : le poids sur ses épaules, le prix à payer pour la mission qu’il s’est donnée. Bruce parvient à le rendre avec brio. Sa décontraction naturelle est transformée en quelque chose de vraiment triste chez ce personnage. David Dunn est un homme solitaire ; les seules choses qui comptent pour lui sont son rôle de justicier et son fils. Il y a une telle pureté et une telle tristesse dans ce qu’il arrive à jouer… C’est profondément poignant."
L’un des plus grands avantages à travailler avec des acteurs qui ont tous déjà joué leurs personnages auparavant, c’est qu’ils apportent leurs propres idées pour certains vêtements et accessoires. Pour une scène, le chef-costumier Paco Delgado avait habillé Elijah Price avec une cravate percée d’une épingle, mais l'artiste n’était pas satisfait de l’épingle. Il se souvient : "Soudain, Sam Jackson m’a dit : « Pourquoi on ne ferait pas une épinglette avec mes initiales : Mr. Glass » ? Nous avons donc fabriqué cette épingle avec les lettres « MG », en diamants. J’ai adoré l’idée."
Anya Taylor-Joy a un lien tellement intense avec son personnage que ça lui faisait un peu peur de le retrouver. "Le premier jour du tournage de GLASS, c’était très étrange de faire ce saut en arrière parce que le film se déroule seulement 3 semaines après les événements de SPLIT mais pourtant Casey est différente. C’était un peu surréaliste. Mais j’ai fini par en être vraiment reconnaissante parce que j’ai pu me séparer plus décemment de mon personnage. Sans cela, je n’aurais jamais connu la suite de sa vie. J’ignorais si Casey et Kevin se reverraient, donc ma première scène avec James McAvoy a été vraiment émouvante." Dans le film, Casey prend la défense de Kevin Crumb lorsqu’il est hospitalisé. Malgré sa maladie, il a été la première personne à voir réellement la jeune fille, à comprendre sa douleur. En retour, elle aussi a reconnu la sienne. L'actrice conclut : "Si ces deux personnages sont unis par un tel lien, c’est parce qu’ils ont tous les deux été profondément blessés, véritablement brisés. Ce sont des âmes sœurs."
Le plus important des nouveaux personnages de la trilogie est le Dr Ellie Staple (Sarah Paulson), une psychiatre renommée, spécialisée dans les patients persuadés d’être des super-héros de comics. Elle a mis au point une procédure médicale expérimentale pour les aider à se débarrasser de leurs délires, mais ce n’est pas sans risque. On ne sait pas si ses intentions sont honorables ou non, et la perception qu’en a le public évolue au cours du film. Cette complexité du rôle exigeait une actrice qui pouvait non seulement tenir tête à trois personnages (et acteurs) très impressionnants – Price, Crumb et Dunn – mais aussi quelqu’un d’une grande profondeur émotionnelle. C’est en Sarah Paulson que M. Night Shyamalan a trouvé cette alliance idéale. Il précise : "Je voulais une comédienne capable d’égaler ces trois hommes du point de vue de la qualité du jeu, mais aussi de la force morale et de la capacité à divertir. Elle devait également être capable de rivaliser avec eux sur le plan de l’intelligence et avoir une réelle présence à l’écran face à ces trois superstars. Sarah a été choisie pour mener ce combat et elle a été plus que parfaite."
A la fin d’INCASSABLE, Elijah Price confessait fièrement ses crimes et déclarait être le super-vilain Mr. Glass. Depuis, il a été interné dans le service psychiatrique de l’hôpital de Raven Hill. Désormais incapable de quitter son fauteuil roulant, il est presque tout le temps sous sédatifs afin de l’empêcher d’utiliser ses fascinantes capacités intellectuelles. Au début de son séjour, il avait réussi à couper l’ensemble du réseau électrique de l’hôpital. Lors de sa première apparition dans GLASS, il n’est plus que l’ombre de lui-même, une coquille vide au regard absent qui ne réalise même pas que sa mère vient lui rendre visite et est encore moins capable de répondre à ses questions. Mais il devient rapidement évident qu’il se passe beaucoup plus de choses que ce que l’on croit derrière cette façade. Samuel L. Jackson explique : "C’est à peu près le même type qu’avant. Elijah est toujours très calculateur, toujours très vigilant et toujours très puissant. Il a passé beaucoup de temps en isolement, ce qui lui a donné encore plus de temps pour se forger des opinions, imaginer des plans, et s’enfoncer encore plus profondément dans ce qu’il croit."
Le tournage d’une scène de combat sous la pluie a été particulièrement éprouvante pour James McAvoy. Le comédien confie : "C’était carrément épouvantable ! Faire des cascades sous la pluie sur le site de cette usine était plutôt amusant, mais je joue quelqu’un qui ne ressent pas le froid. Je me suis retrouvé debout torse nu sous une pluie glacée à hurler « JE SUIS LA BÊTE ! », alors que j’avais surtout l’impression d’être une poule mouillée en train de geler avec mes tétons plus durs que de la pierre !" Pire encore, James McAvoy a dû attaquer Bruce Willis alors que celui-ci portait une caméra. Il raconte : "Bruce portait une caméra fixée sur un support en acier dont les montants dépassaient. Donc quand je m’accrochais à lui de toutes mes forces en essayant de le tuer, ces foutus montants me rentraient dans les côtes. Heureusement, Bruce est un gentil géant, il était génial."
Dans l'hôpital psychiatrique, les chambres des 3 personnages principaux – Dunn, Price et Crumb – devaient s’intégrer harmonieusement au style visuel de l’hôpital, mais aussi être aménagées pour contrôler les pouvoirs de chacun d’entre eux. Ce sont donc les personnages et l’histoire qui ont guidé la conception des décors. Le producteur Ashwin Rajan déclare : "Chaque chambre est adaptée à la personnalité de son occupant. David Dunn, qui craint l’eau, est installé dans une chambre dotée d’un système de douches qui peut l’asperger s’il tente de s’échapper. La Horde (Crumb) est retenu dans une pièce minimaliste avec des lampes qui peuvent contrôler ses troubles de la personnalité. Mr. Glass (Price) vit quant à lui dans une chambre capitonnée pour éviter qu’il ne se brise les os. Chaque pièce a sa propre personnalité en fonction du personnage qui y vit."
De façon générale, le chef-décorateur Chris Trujillo aspirait à une direction artistique subtile, mais en utilisant la couleur de manière stratégique. Il explique : "Il y a un thème de couleur très précis dans tous les décors et les costumes. La qualité de la couleur est spécifique à certains endroits pour que le public comprenne notre intention. Un espace peut avoir une atmosphère éthérée, presque claustrophobique, tandis qu’un autre sera plus saturé, avec une couleur un peu plus soutenue. Nous essayons d’être très précis quant à ce que nous suggérons au sujet de la psychologie des personnages à travers la couleur des espaces. C’est parfaitement délibéré." Cette volonté est la plus frappante dans la salle où le Dr Staple traite Dunn, Crumb et Price lors de leurs séances de groupe. Chris Trujillo note : "C’est cette immense pièce fabuleuse qui est monochrome dans des tons roses. C’était un peu contre-intuitif pour moi, mais Night était très confiant, et en fin de compte le rendu est assez incroyable. On obtient cette salle hypnotique, avec une atmosphère étrange qui fait très Kubrick."
L’une des caractéristiques des films de M. Night Shyamalan est l’intégration harmonieuse des effets visuels dans un monde réel. Contrairement à presque tous les autres grands films de studios – et certainement tous les films de super-héros – ses effets n’attirent jamais l’attention sur eux. En apparence, il est souvent impossible de dire quels éléments, s’il y en a, sont générés par ordinateur. Cela s’explique à la fois par une pure volonté créative et par des considérations pratiques. M. Night Shyamalan explique : "Avec GLASS, nous réalisons un film de comics qui coûte dix fois moins cher qu’un autre film de ce genre. Je le fais pour de très nombreuses raisons, mais artistiquement parlant, je crois au minimalisme et aux contraintes. Je suis convaincu que c’est lorsque nous sommes confrontés à des paramètres précis que nous faisons de notre mieux : voilà vos quatre crayons, quel tableau pouvez-vous faire avec ?"
M. Night Shyamalan voulait que le film soit ancré dans la réalité tout en rivalisant avec le niveau de spectacle que le public attend d’un film Marvel. "Le public sait implicitement que lorsqu’il vient voir mes films, ce n’est pas cela qu’il va voir. Il va voir un thriller psychologique. Cela nous donne un avantage. Si vous roulez à 50 km/h et que vous grimpez brusquement à 75 km/h, vous donnez l’impression d’être à 100 km/h. Nous comptons sur cette illusion. Vous regardez un drame et, soudain, quelque chose d’extraordinaire se passe. C’est ce que la synthèse d’image nous a permis de faire dans ce film." Pour GLASS, M. Night Shyamalan, son directeur de la photographie Mike Gioulakis et le reste de l’équipe créative ont travaillé avec l’entreprise d’effets spéciaux Powerhouse, basée à l’origine à Philadelphie, pour obtenir des effets qui feront vibrer le public sans le sortir une seconde du film. Le réalisateur déclare : "J’ai déjà connu des tournages où je n’avais pas confiance en l’équipe chargée des effets spéciaux, et lorsque cela se produisait, je cherchais des solutions pour m’en passer. Mais lorsque l’on travaille avec une entreprise comme Powerhouse, on se dit tout à coup que c’est possible ! Cela offre une autre façon de voir les choses. Ils ont fait un travail merveilleux et souvent avec des choses que le public ne réalisera jamais."
Toutes les sagas, de STAR WARS à JURASSIC PARK en passant par RETOUR VERS LE FUTUR, possèdent leurs propres thèmes musicaux. La musique de ces films est immédiatement reconnaissable. GLASS est peut-être le troisième volet d’une trilogie, mais celle-ci se différencie des autres. C’est précisément ce qui a donné à M. Night Shyamalan et à son compositeur West Dylan Thordson l’occasion de créer une partition qui ne ressemble à rien de ce qui a déjà été fait auparavant. M. Night Shyamalan développe : "Pour GLASS, la musique était un défi unique parce que nous réalisions la suite de deux films issus de deux générations différentes. La musique d’INCASSABLE est encore sur un modèle hollywoodien à l’ancienne. C’est inhabituel et il y a un grand mouvement qui s’appuie sur les percussions. C’était avant-gardiste pour l’époque, tout en étant joué par un orchestre de 100 musiciens. Pour SPLIT, nous avons adopté un son très différent, presque avec une atmosphère à la Nine Inch Nails. Nous avons pris un son de violoncelle que nous avons modifié en le déformant. Là encore, c’était avant-gardiste, même pour notre époque."
Le compositeur West Dylan Thordson a repris les thèmes d’INCASSABLE, composés par James Newton Howard, et les revisite selon son propre style et avec sa propre musicalité. M. Night Shyamalan déclare : "On a alors obtenu des tonalités se rapprochant de la musique de West, minimalistes, dépouillées, simples." Le compositeur a ensuite utilisé les thèmes musicaux qu’il avait composés pour SPLIT. Il a parallèlement composé de nouveaux morceaux spécialement pour GLASS. Enfin, pour les scènes de flashback d’INCASSABLE, l’équipe a utilisé la musique originale de ce film. Le réalisateur poursuit : "En fait, nous avons vécu une évolution. West a travaillé sur le film pendant près d’une année. Il a pris son engagement très au sérieux. Il a déménagé à Philadelphie, a installé son matériel chez lui et dans nos bureaux, et il s’est lancé. Il a une façon vraiment inhabituelle d’aborder un projet." Pour une expérience au final non utilisée dans le film, le compositeur a même enregistré des sons à l’hôpital d’Allentown où les scènes de Raven Hill ont été tournées. M. Night Shyamalan raconte : "Il faisait des choses incroyables avec les percussions. Il y allait et enregistrait toute la nuit, après qu’on avait fini de tourner. À 4 h du matin, il jouait de la batterie et faisait jouer un violoniste, et il enregistrait les échos qui enflaient dans l’auditorium et couraient dans les couloirs. Ce genre d’objets sonores, intellectuels et ineffables feront résonner les scènes chez les spectateurs."