Et voilà. Sang Soo met fin à son épopée de sortir quatre films la même année avec celui qu'on attendait le plus, le film qui lui réunissait avec Isabelle Huppert après In another country. Tout compliment ne serait pas suffisant pour ce réalisateur qui a signé quatre films remarquables, à peine sans planification, et en plus en temps record. Sang Soo preuve que la création d'un film n'est pas quelque chose de compliqué. Les quatre films se ressemblent: ce sont des films qui tournent autour des dialogues, des coïncidences, des rencontres inattendus, des déceptions. Ce n'est pour rien qu'on le compare toujours avec Rohmer. D'ailleurs, ce Claire qui tient la caméra pourrait être la jeune naïve qui donnait titre au film Le genou de Claire.
On disait que faire un film ne semble pas complique, sinon que ce qui semble vraiment difficile c'est d'arriver au centre d'un sentiment et le transmettre aux spectateurs avec une mise en scène au nu. Sang Soo s'est toujours éloigné de l'artifice vers une vérité et des émotions plus frappantes. En plus, le grand attractif de Claire's camera hors ses deux actrices, c'est l'endroit où le film a lieu: Cannes en plein festival.
Une femme qui travaille pour une boite de distribution se fait virer après que sa patronne découvre son affaire avec le réalisateur du film. Au même temps, on découvre que sa patronne a aussi une aventure avec le même homme. Claire, une prof de musique qui vient au festival fait apparition au milieu de ce triangle amoureux et elle capte les gens impliqués avec sa caméra. Ce grâce à ces images qu'elle pourrait comprendre avec grande facilité ce qui c'est arrivé dans le passée et ce qui attend à chaque un dans le futur.
La totalité du film se déroule dans une bulle loin de tout spectacle et de tout luxe. Quelques mètres plus loin, le plus grand festival de cinéma au monde a lieu, mais nous on est épargnés des excès, des courses de journalistes, des flashes et des tapis rouges. Sang Soo se venge de ses collègues avec ces deux femmes, qui, seules sur un plage l'après-midi, parlent de l'importance des histoires simples dans le cinéma. Le film, alors, nous racontera une histoire de déception professionnelle et personnelle qui tourne le dos au festival.
Cannes n'est qu'une excuse, mais malgré tout la ville fait remarquer la simplicité et honnêteté du récit que Claire dirige avec ses polaroids. Si quelqu'un attend que Sang Soo nous mêle derrière la scène du festival, il sera déçu. C'est un film de ruelles qui forment un labyrinthe et de conversations aux restaurants, comme The day he arrives. Dans ce film, les élèves de l'école du cinéma qu'on croissait tout le temps jouent le même rôle qu'une vieille et tranquille chienne qui se repose sur les trottoirs cannois dans Claire's caméra: un point de référence dans les parcours croisés des personnages.
"La seule façon de faire que les choses changent, c'est de les regarder encore une fois, lentement" voici la raison pour laquelle Claire porte toujours sa caméra. Voici pourquoi Sang Soo, suivant toujours la même formule derrière la caméra il nous offre un film tout différent du reste qu'il ait réalisé. Quelques notes comme scénario, quelques acteurs, quelques endroits pour tourner, des dialogues dans la plupart improvisés, et le courage d'un artiste pour se laisser emporter. Une idée de réalisation comme point de départ suffit: Ce sont les feuilles désordonnées d'une lettre dans Hill of freedom, les trois histoires d'une jeune qui s’ennuie dans In another country, la comparaison des deux histoires différentes suite à un léger changement...
Ici c'est cette série de polaroids qui flouent la chronologie du film. Une sensation d'un fil temporel instable qui multiplie les possibilités de signification des petits détails qui passent inaperçus dans un premier regard. Un film qui se prête à être regardé plusieurs fois, lentement pour qu'on découvre qu'à chaque fois c'est une histoire différente, comme Claire dit par rapport à ces photos.