« Photo de famille » de Cécilia Rouaud, sorte de drame familial en apparence, se veut avant tout très bon enfant, et pioche dans beaucoup de thèmes qui viennent tous se parasiter entre eux !
Tout y passe ou presque, maladie d’Alzheimer, famille séparée puis recomposée, famille monoparentale, problèmes existentiels, problèmes d’adolescent, image de soi,... si bien qu’on passe du coq à l’âne sans prévenir et surtout sans détours !
Tout ceci flirte avec l’air du temps, on saupoudre un peu de tout par ci par là, en passant des uns aux autres, sans que rien ne soit réellement approfondi.
Si bien que dès qu’un soupçon d’émotion apparaît avec l’espoir enfin d’un vrai démarrage attendu, la réalisatrice coupe court cet instant plus intense, pour rebondir sur un autre membre de la famille en le caricaturant trop souvent malheureusement...
Ce qui donne des situations qui se veulent loufoques peut-être, mais qui ne collent pas avec le reste, en hésitant entre le comique et le drame, et qui en définitive se réduisent à ne pas fonctionner.
Cécilia Rouaud cherche à ne pas choquer, à ne pas aller trop loin car malgré toutes ces tensions, tous ces regrets et remords présents, les membres de cette famille ne font que s’embrasser et s’aimer !
Un peu bisounours tout ça !
Et plutôt curieux finalement...
La grand-mère aurait pu en tant que pivot central avoir une part importante et bien plus fédératrice, il suffisait de la mettre en scène avec juste les prémices de la maladie, afin qu’elle ait un impact décisionnel sur chacun de ses descendants, ce qui aurait contribuer à guider le film et à lui donner une raison d’être, alors qu’il est ici complètement en roue libre !
Aucune scène ne semble aboutie, ce qui ne donne rien de cohérent à l’ensemble...
Dans le genre, on se souvient de « Un Conte de Noël » d’Arnaud Desplechin ou encore de « Festen » de Thomas Vinterberg, films qui avaient de quoi faire réfléchir, questionner et apporter !
Ici, point de démarche similaire, mais une légèreté qui ne sied pas à l’aspect compliqué et très crisique de cette famille, où malgré les profonds problèmes des uns et des autres souvent même tournés en ridicule, tout est lissé, gentil et sage, sans que rien ne dépasse !
Les acteurs semblent tous vouloir en faire des tonnes.
Pour la fratrie, que ce soit Camille Cottin un peu trop sur la brèche, Vanessa Paradis un peu trop à l’ouest, où même Pierre Deladonchamps un peu trop difficile à cerner !
Quant aux parents, ils se trouvent enfermés dans leur registre habituel, Jean-Pierre Bacri et Chantal Lauby en effet peu inspirés, ne se renouvellent pas.
Dommage, cette comédie part ainsi d’un postulat bien trop complexe sans oser le développer jusqu’au bout, pour devenir finalement bancale et plutôt mièvre sur les bords !