Quel parent ne connait pas "Les Drôles de Petites Bêtes", cette série de livres signés Antoon Krings, si pratique pour lire une histoire avant de dormir aux enfants ? La série en 2002 (plutôt sympa malgré des images de synthèse encore très perfectibles) avait achevé d’en faire un passage obligé pour tout parent digne de ce nom. C’est, donc, en toute logique que j’ai été voir le film, avec mes deux filles, déjà fans. Et soyons clairs, elles sont clairement la cible de ce dessin animé qui comblera sans grande difficulté le très jeune public, sans permettre forcément aux parents d’y trouver totalement leur compte. L’animation est, certes, une vraie réussite, surtout pour une production française qui souffre encore de la comparaison avec ses homologues américains. Mais, l’histoire ne brille pas forcément par son originalité, ni par son double degré de lecture (si ce n’est un vague discours écolo sur le fragile équilibre de la Nature). On se trouve donc devant un dessin animé pour jeunes enfants… et j’avoue que j’en avais un peu perdu l’habitude avec Disney, Pixar, Dreamworks et autres. Drôles de petites bêtes est, donc, mignon, parfaitement inoffensif, et rassurera les parents craintifs de mettre leurs rejetions devant un spectacle trop remuant. On retrouve, d’ailleurs, un certain nombre des personnages cultes des livres, tels que Loulou le Pou, Mireille l’Abeille, Huguette la Guêpe, Marguerite la Reine des Abeilles, Siméon le Papillon, Carole la luciole… mais j’ai surtout été frappé par le peu de place accordée à d’illustres anciens (tels que Belle la Coccinelle, Léon le Bourdon, Patouch la Mouche ou Camille la Chenille) et par certains absents (Benjamin le lutin, Barnabé le Scarabée, Frédéric le moustique, Chloé l’Araignée…). Il semblerait que les scénaristes aient fait le choix de resserrer l’intrigue sur quelques personnages et, plus étonnant, de mettre en avant des personnages inédits. Les méchants de l’histoire sont ainsi les Nuisibles et le héros est Apollon le Grillon (en lieu et place d’Odillon le Grillon)… soit d’illustres inconnus des lecteurs d’Antoon Krings. Ces personnages sont, accessoirement, plutôt réussis mais le parti pris de leur accorder plus de soin qu’aux stars maison me parait peu compréhensible. C’est sans doute être très tatillon mais j’ai dans l’idée que les plus jeunes auraient, également bien aimé avoir plus de Patouch la Mouche ou de Belle la Coccinelle que de romance entre Apollon et Marguerite (surexploité à mon sens et plombée par l’utilisation poussive de "La vie en Rose"). "Drôles de petites bêtes" remplit, pour autant, sa mission et bénéficie, au passage, d’un casting vocal français sans fausse note avec, entre autres, Emmanuel Curtil, Virginie Efira, Kev Adams, Jeanfi Jansenns, Jeremy Covillaud et Vincent Ropion.