Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
traversay1
3 568 abonnés
4 860 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 27 mars 2019
Sale temps pour les pêcheurs, Mr. Kaplan : en deux films, le réalisateur uruguayen Alvaro Brechner s'est imposé comme un cinéaste majeur d'Amérique latine. Son troisième long-métrage, Compañeros, dont le titre original est La nuit de 12 ans, possède une toute autre dimension, moins dans la fantaisie, avec le sujet de la dictature en Uruguay, dans les années 70 et 80. Et plus particulièrement le sort de prisonniers tupamaros qui, pour avoir échappé à la mort, n'en ont pas moins servi d'otages pour le gouvernement, confinés à l'isolement dans différents lieux de détention. Le film s'intéresse plus particulièrement à 3 d'entre eux dont l'un deviendra d'ailleurs quelques années plus tard président de la république d'Uruguay. Mais avant cela, lui et ses compagnons ont connu les privations et les tortures autant morales que physiques sans que jamais ils ne passent en jugement. Il est question de résistance humaine, avant tout. Comment peut-on vivre en étant traité comme un déchet humain sans pouvoir dialoguer avec qui que ce soit ? Alvaro Brechner fait preuve d'une grande maîtrise dans sa mise en scène et le montage témoigne d'une grande intelligence, faisant ressentir de façon épidermique l'abandon de ces hommes et leur incroyable capacité à ne pas s'effondrer malgré les brimades. Il y a aussi une poignée de flashbacks et quelques moments d'humanité, y compris entre geôliers et détenus, qui réussissent à sortir le film de la gangue de douleur dans lequel il aurait pu s'enfermer. Un peu de poésie, un brin d'humour et surtout une formidable bouffée d'émotion finale : Compañeros est un film terrible qui ne cesse pas de croire à la lumière malgré des jours et des nuits complètes d'obscurité. A l'image de ceux qui ont su ne pas céder devant l'arbitraire, pendant 12 ans.
A aller voir absolument !! Un immense film sur l’enfermement, sur la force de résistance, la résilience et la fraternité. Thème qui reste tellement actuel. Film tragique et pourtant lumineux, plein d’espoir et terriblement humain. Qui alterne descriptions cruelles et absurdes de l’incarcération et beaux moments oniriques plein d’humanité. Je ne vais pas vous mentir , ce film m’a cloué à mon fauteuil. L’émotion y est intense mais salvatrice. Je n’ai pas pu m’empêcher d’applaudir quand l’écran est devenu noir entraînant toute la salle avec moi. Allez y tant que le film est en salle . Et après allez vous faire une petite comédie!
Compañeros est un film magnifique sur la résilience. l’histoire vraie de ces trois militants que le pouvoir militaire a tenté de rendre fous, d’éliminer sans les tuer est extraordinaire. Cette leçon de courage, et in fine d’humanité dans toutes circonstances, y compris les plus violentes, inhumaines mérite d'être racontée, alors que plusieurs pays d'Amérique du Sud basculent à nouveau à l’extrême droite. Cela faisait longtemps que le cinéma n'avait pas retrouvé les accents du cinéma de Costa Gavras, et des grands cinéastes italiens des années 70 au moment ou l'Uruguay, le Chili suivis de toute l' Amérique du sud avaient basculé dans les répressions les plus violentes. parfait complément de Santiago, Italie de Nanni Moretti, ce film mérite d'être montré à toutes les nouvelles générations qui ont oublié à quelle vitesse un état de droit peut basculer dans la dictature .
L'affiche est sobre, d'une blancheur macabre, provoquant presque un effet repoussoir. On craint le film politique, bavard, dont on manquera des clés pour cerner l'enjeu historique. En réalité, "Compañeros" est tout autre. Dès les premières séquences qui montrent avec génie, malgré l'évidente pénurie des moyens, depuis la tour centrale d'une prison, un monde qui s'effondre. Nous sommes en Uruguay, en Amérique du Sud, dans ce continent lointain dont la musique latine et rythmée et le fétichisme touristique nous feraient presque oublier les années de tyrannies et l'horreur humaine dont a été capable le pays.
"Compañeros" est le récit tragique d'une prise d'otage de trois hommes qui durera plus de dix ans. C'est une prise d'otage particulière, car elle est commanditée par un Etat militaire qui craint la rébellion. A travers ces trois hommes, le cinéaste décline les pires tortures morales, psychologiques et physiques dont un pays peut se rendre coupable. Mais le cinéaste décrit le formidable appétit de vivre qui caractérise ces hommes déchus que les militaires promettent à la folie. Ils s'inventent des langages, ils recherchent des espaces de vie même minuscules au milieu du dénuement et de la brutalité qu'on leur impose. Le film se transforme alors en un véritable hymne à la vie, à la poésie et à l'amour. On vibre avec ces trois héros et notre regard devient une béquille humaine face à la barbarie la plus épouvantable.
Le respect du titre originel aurait donné UNE NUIT DE 12 ANS. Après l'Argentine et le Chili, déjà bien couverts en matière de documentaires, cette fiction permet de s'intéresser à la terrible dictature (de Juan María Bordaberry à Diego Alvarez Molino) qu'a connu l'Uruguay pendant au moins 12 ans (1973-1985, milliers de desaparecidos, 6.000 à 15.000 prisonniers, 500.000 expatriés pour 3 millions d'habitants), sans parler du régime de terreur des cinq années précédentes (à partir de 1968, détention sans inculpation). COMPANEROS est un film plus intéressant qu'il n'y paraît, non tant pour l'histoire (arrestations des Tupameros, prisonniers qui passent de geôle en geôle, un sujet de type téléfilm) que pour le niveau de la réalisation, de sa mise en scène, et pour le jeu des acteurs (Antonio de la Torre, Chino Darin...) comme pour le traitement psychologique. Le film nous prend à la gorge et pas seulement parce que c'est une histoire vraie. C'est le genre de film qu'on ne voit plutôt qu'une fois mais pourquoi pas deux. L'insert de The Sound of Silence par Sylvia Cruz Perez arrive comme une déchirure, dans une mise en relief étonnante (bravo le montage). Pour ceux qui y font référence, je peux dire que ça n'a (presque) rien à voir avec Midnight Express. Le film donne envie d'en savoir plus sur le destin des réels protagonistes. Il aurait fallu une dernière partie sur la transition démocratique et les procès (20 ans d'attente et beaucoup de frustrations) de fin 2005 à 2010. L'horrible dictateur Alvarez est mort fin 2016 en détention (il fut condamné en octobre 2009) à 91 ans, et Bordaberry en 2011. L'Uruguay se libérait enfin.
Avant que José Mujica ne soit le 40ᵉ président de la République de l’Uruguay, que Mauricio Rosencof ne soit un poète et écrivain et qu’Eleuterio Fernandez Huidobro ne soit un sénateur uruguayen, ils ont été des révolutionnaires d’extrême gauche et militants pour la démocratie. En 1973, la junte militaire au pouvoir les emprisonnèrent et les déplacèrent en secret de cellule en cellule dans des conditions pitoyables. « Compañeros » retrace les douze années d’enfermement de ces otages qui n’avaient ni le droit de parler, de voir ou même de marcher. Les jours et les années défilent et le film semble ne laisser aucun espoir à ces victimes du cachot. C’est un film douloureux qui dénonce le passé de dictature du pays. Les comédiens transpirent à l’écran et véhiculent de belles émotions et ce malgré l’espace restreint de la caméra. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Après le coup d’état de 1973 en Uruguay, trois Tupamaros sont otages de la junte militaire . Pendant 12 ans ils vont subir les avanies de la dictature, les tortures physiques et morales que le réalisateur filme avec un réalisme terrible. L’isolement total, l’abandon, et malgré tout l’espoir qui les fait vivre lors des retours sur le passé, et celui des familles, de temps en temps autorisés à les visiter. Des flash-back aussi intelligents que la mise en scène vertigineuse dans laquelle Antonio de la Torre, Chino Darín et Alfonso Tort se fondent littéralement. Un film dramatique d’une force éclairante pour cette humanité que l’on réclame à cor et à cris . Un film exceptionnel ! AVIS BONUS Des entretiens hyper intéressants sur fond de making of . Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Les films sur les méfaits des dictatures militaires en Amérique du Sud, souvent appuyées par la main discrète de la CIA, sont nombreux et Wikipedia en recense plusieurs centaines, tant documentaires que de fiction. Pourtant, au contraire de l’Argentine, du Chili ou du Brésil, l’Uruguay n’est que peu représenté, à l’exception notable d’Etat de Siège de Costa-Gavras en 1972. Compañeros commence lui, en 1973 et nous raconte la lente agonie d’une poignée de prisonniers « politiques » jetés dans des geôles abjectes pendant une « nuit de 12 ans », c’est le titre original. Voilà pour l’histoire. Basé sur le récit d’un des prisonniers, la saga est d’évidence à la gloire de ces militants qui doivent d’avoir survécu à cet enfer grâce à un moral d’acier, au soutien à l’extérieur des familles, et à l’aide très discrète de quelques rares intervenants au sein des prisons militaires. Pour la partie cinématographique, le bilan est moins glorieux. Les jours s’ajoutent aux jours et il y a peu d’évènements qui permettent de meubler un film de plus de deux heures. La scène de l’arrestation - au mitan du film - donne un peu d’air au spectateur de même que la longue mais bienvenue sortie de prison. Si le contexte est sans doute très explicite pour le spectateur uruguayen, il m’aurait paru nécessaire de disposer d’un contrepoint plus précis sur la nature de cette dictature militaire qui est très circonscrite au monde pénitentiaire dans le film, ainsi que sur les agissements de ces braves Tupamaros qui n’étaient peut-être pas les agneaux qu’on nous présente, gentils pères de famille, jamais en colère et sûrs de leur victoire finale.
Trois hommes emprisonnés sans procès puis torturés pendant 12 ans. Alvaro Brechner a choisi de ne pas aborder l'aspect politique, de ne pas expliquer l'histoire uruguayenne, des luttes sociales et le coup d'Etat de 1973. Seul l'enfermement de ces hommes l'intéresse avec la volonté de faire partager la souffrance de ces hommes. Le projet est noble, Alvaro Brechner est talentueux, c'est indiscutable, malheureusement il se heurte au même mur que les réalisateurs qui l'ont précédé : aucun son, aucune image ne pourra faire ressentir leur souffrance aux spectateurs confortablement installés dans leur fauteuil. Seuls Laszlo Nemes ou Gaspard Noé pourraient y prétendre. Le propos est fort, le film mérite d'être vu mais il pêche par excès d'esthétisme et c'est bien dommage.
"Compañeros" est malheureusement un exemple du film relatant une histoire forte (et, en plus, authentique) et qui, au bout du compte, s'avère décevant. Pensez donc, l'histoire de 3 prisonniers Tupamaros uruguayens pendant la dictature militaire de 1973 à 1984, dont l'un, José "Pepe" Mujica, allait devenir Président de la République de son pays, beaucoup plus tard, en 2010. Une plongée dans les geôles sombres et insalubres du pays, la cruauté de cette dictature, les tortures, mais aussi quelques belles scènes (malheureusement rares !) comme celles entre un des prisonniers qui sait écrire de belles lettres d'amour et un geôlier amoureux qui a recours à ses services. Malheureusement, le film s'avère trop long et le réalisateur, dont on avait pourtant bien aimé "Mr Kaplan", son film précédent, a tendance ici à se regarder filmer. Et puis, tout du long, une musique presque omniprésente et de très mauvaise qualité.
Un film puissant au récit glaçant mais desservi par une réal convenue qui peine à retranscrire le calvaire vécu par les trois prisonniers politiques durant la dictature militaire en Uruguay dans les années 70.
Un grand film politique et bouleversant. Une leçon d'humanité et de courage. On connaissait Pepe Mujica comme un président simple et généreux, on le découvre ici en héros
Un film sur les lourdes, inhumaines et barbares conditions de détention de 3 opposants politiques en Uruguay dans les années 70, qui s'assouplissent un peu à partir de 1980 et se termine avec la fin de la dictature militaire. Comment ont-ils pu tenir tant d'années dans ces conditions ? L'un deviendra le président des années plus tard, spectaculaire retournement de l'Histoire !
De 1973 à 1985, trois opposants politiques à la dictature uruguayenne ont été mis au secret, sans procès. Compañeros raconte les conditions inhumaines de leur détention et la force d'âme qu'ils ont manifestée pour ne pas sombrer dans la folie.
Nous est venu d'Amérique latine un grand nombre de témoignages sur la dictature. Le premier en date, "Missing" de Costa-Gavras, concernait le Chili de Pinochet et remportait à bon droit la Palme d'Or à Cannes dès 1982. En 1985, "L'Histoire officielle" de Luis Puenzo, dont l'action se déroule en Argentine, avait marqué les esprits. Jusqu'à nos jours sortent régulièrement des films argentins ("Kamchatka", "Buenos Aires 1977", "L’œil invisible") ou chiliens ("La Jeune fille et la Mort", "Mon ami Machuca", "Santiago 73", "Post Mortem") qui reviennent sur ces temps troublés.
On connaît moins bien l'histoire de l'Uruguay, ce petit pays coincé entre ses voisins, dont le seul titre de gloire international est d'avoir accueilli la première Coupe du monde de football en 1930 - et Jacques Médecin, l'ancien maire de Nice, au début des années quatre vingt dix. On oublie qu'un coup d’État y porta au pouvoir le 27 juin 1973 une dictature militaire dont les méthodes n'avaient rien à envier à celle de ses voisines argentine ou chilienne.
Les opposants politiques à la dictature furent emprisonnés dans des conditions dégradantes. "Compañeros" raconte l'histoire de trois Tupamaros, placés à l'isolement, interdits de communiquer entre eux, régulièrement transférés d'une prison à l'autre. Parmi eux José Mujica devint président de la République entre 2010 et 2015.
"Compañeros" est construit sur un ressort simple sinon simpliste. Ce film de plus de deux heures décrit non sans complaisance, comme l'avait fait en son temps "Midnight Express" pour les geôles turques, les tortures physiques et psychologiques infligées à des prisonniers. Mais ce spectacle parfois traumatisant n'a d'autre but que de magnifier la résilience des trois prisonniers. S'ils oscillent sur les bords de la folie - on oscillerait à moins - on sait qu'ils ne flancheront pas. Cette confiance dans l'invulnérabilité des trois héros met paradoxalement l'émotion à distance.
La critique sur mon blog : http://un-film-un-jour.com/index.php/2019/03/27/companeros/