C'est en réalisant un magazine pour l’émission Reportages de TF1 que Pierre Barnérias a découvert l’existence de Severino Diaz. Le cinéaste avait été bouleversé par cette rencontre derrière les barreaux et s'était, peu de temps avant, retrouvé en garde à vue dans une prison du Bronx pour avoir filmé des vues aériennes depuis un toit. Il se rappelle :
"Ces quelques heures passées du mauvais côté des barreaux m’ont fait toucher du doigt ce que peut représenter le mot « injustice ». Une semaine plus tard, je découvre l’existence de Severino. En sortant en larmes de la prison, je me suis fait une promesse : ne jamais abandonner cette personne..."
Pendant le tournage, Pierre Barnérias était seul ou accompagné par des personnes qui connaissaient bien Severino et son entourage. Comme dans tous ses documentaires, sa priorité était de faire oublier la caméra. "Et c’est plus facile quand vous êtes seul que lorsque vous avez un perchiste, un assistant et trois autres personnes qui regardent la scène. L’émotion vraie et non jouée devant une caméra nécessite un rapport de confiance et une proximité difficile voire impossible à avoir avec une équipe", confie le réalisateur.
La célèbre prison de Ricker’s Island à New York est la deuxième plus grande des Etats-Unis. Au cinéma, elle a été représentée dans les films L'Impasse, "Love The Hard Way", 15 minutes ou encore Course à la mort. Côté petite lucarne, la récente série The Night Of s'y déroule beaucoup.
Le célèbre documentaire de Jean-Xavier de Lestrade, Un coupable idéal, qui est également centré sur les dysfonctionnements du système judiciaire américain, a influencé Pierre Barnérias pour son film Sous peine d'innocence. "Je voulais même appeler mon film Le Condamné idéal. Un ami comédien, François d’Aubigny, m’a soufflé un autre titre, plus en lien avec l’histoire : Sous peine d’Innocence. Ça m’a plu. C’est resté même si « le condamné idéal » est sans doute plus marketing", explique le cinéaste.
Severino Diaz est un exilé cubain qui arrive à New York en 1969. Un soir de décembre 1981, il assiste à une bagarre dans un bar mal fréquenté. Un témoignage l’incrimine dans le meurtre d’un dealer. Severino a tout du coupable idéal. Son jugement devant la cour de New York le 11 mai 1983 ne sera qu’une parodie et le procès, un enchaînement de dysfonctionnements et de malchance. Malgré le rapport balistique qui met son client hors de cause, l’avocat commis d’office, ne parvient pas à élaborer une défense efficace. On incite Severino à plaider coupable, en lui promettant une courte peine. Il est condamné à 15 ans de prison et incarcéré à Rikers Island. Quinze ans plus tard, la justice américaine lui offre une remise en liberté contre un passage aux aveux... Severino refuse. Il ne veut pas avouer un crime qu’il n’a pas commis. Il restera en prison. Un homme va lui donner la force de rester debout : Pierre Raphaël, aumônier à Rikers Island.