Yi Yi, ou comment un père de famille fait face à son passé, son présent et son avenir.
Edward Yang filme cette tranche de vie avec justesse et humanité, il est sobre derrière sa caméra, et laisse ses personnages vivre (ou du moins essayer). Il s'intéresse à une famille, principalement le père qui voit sa femme en avoir marre de tourner en rond et partir en retraite à la montagne, sa mère souffrante s'installer chez lui et son entreprise partir dans de mauvaises directions. Face à ça, il est calme, toujours calme, même lorsqu'il retombe sur un amour de jeunesse, de quoi lui mettre le doute sur ses choix de vie.
Autour de cette situation, il y a ses deux enfants, l'innocence et la découverte du monde pour le plus petit et l'adolescence pour la plus grande. Edward Yang capte la vie de cette famille avec sensibilité, on s'attache à eux et chaque péripétie est bien amené, avec fluidité et douceur. Il n'y a pas de fioriture, pas d'effets, c'est juste une tranche de vie lorsque celle-ci nous met face à des dilemmes, avec toute l'émotion qu'elle peut engendrer. Les moments tristes côtoient ceux plus drôles ou ceux calmes, et tout fonctionne.
Les grands moments ne manquent d'ailleurs pas, du mariage initial jusqu'à la dernière scène (le discours de Yang Yang) en passant par les (géniales, d'une rare authenticité) rencontres entre le père et le japonais. Chaque nouvelle chronique s'accompagne d'un enjeu fort. La mise en scène de Yang est parfaite, il met en avant à la fois les dilemmes ainsi que les erreurs de la vie, celles que l'on veut éviter et celles du passé et il filme la vie avec mélancolie et un regard humain, tout en dirigeant formidablement l'ensemble des comédiens.
En signant Yi Yi, Edward Yang met en scène, pour la dernière fois, une oeuvre forte, une chronique du quotidien, pleine d'humanité et de mélancolie, avec des personnages attachants et de formidables comédiens.