L’engouement actuel pour ce film, qui sera sûrement nommé plusieurs fois aux Oscars au moment où j’écris cette critique (réponse dans une heure 😊), est compréhensible. « Call me by your name » est beau, sensuel, solaire, bien joué, etc, etc… D’indiscutables qualités qui, sans trop en douter, fera de lui un film qui marquera le cinéma LGBT.
Mais pour moi qui ai lu et adoré le roman dont il est tiré, autant dire que je suis quelque peu… déçu après sa projection en avant-première. Et pourtant, le livre est au trois-quarts respecté mais justement, le quart manquant manque trop cruellement et dénature l’essence même de cette histoire faisant d’elle une énième histoire d’amour impossible (quand ce n’est pas l’Italie, c’est les montagnes de Brokeback Moutain, etc…). L'enchaînement des scènes et des situations, même les dialogues, sont fidèlement retranscrits, tellement bien que le film prend une heure avant que l’histoire d’amour ne démarre quand le livre met aussi la moitié avant que la romance entre ces deux héros commence. Et dans les deux cas : c’est long, trop long. Sauf quand dans le livre, Elio est le narrateur et on lit ses états d’âmes, doutes et désirs quand dans le film aucune voix off n’est posée et fait que l’on observe ce personnage se baigner, lire, écrire sa musique, draguer sa copine, zieuter Oliver… et c’est vide. Heureusement que son interprète, Timothée Chamalet est grandiose ! Mais comment dans le film bien comprendre, comme c’est subtilement le cas dans le livre, que ces deux hommes sont attirés l’un par l’autre ? Du coup, quand ils se tombent dans les bras, il y a quelque chose de précipité, soudain, et pas très naturel… C’est peut-être moi qui l’ai ressenti ainsi, après tout. Passons.
Mais là où j’ai vraiment été déçu est la fin qui n’est pas respectée… L’histoire d’Elio et Oliver dans le roman se poursuit après cet été en Italie, ils se parlent quelques fois au téléphone, se revoient des années après et, si leur histoire d’amour ne reprend pas, ils parlent librement de celle-ci et ne la renient pas. De même que l’on sent toute la tendresse qui les lie encore des années après, ils se retrouvent comme ils ne s’étaient jamais quittés et aucun des deux n’a oublié chaque détail de cet été. De même, l’impasse sur la carte postale (je n’en écris pas plus) est regrettable et leur court séjour à deux en ville avant qu’Oliver ne reparte (mon moment préféré) est expédié en quelques scènes sans intérêt. La fin du roman n’est donc pas triste, celle du film si. Et j’en ai parlé à ma voisine dans la salle qui avait lu le roman et qui, comme moi, regrettait ces imputations au point d’en être déçue.
Alors mon avis : film correct mais préférez le livre.