Né en 1919, Merce Cunningham est un chorégraphe mondialement reconnu dont l’innovation a été sans égale tout au long des XXe et XXIe siècles. Tout au long de ses 70 années de carrière, il a chorégraphié plus de 180 ballets. Connu pour ses expérimentations intégrant le hasard, il a également largement travaillé avec les nouvelles technologies de son époque : le cinéma, la vidéo, la programmation informatique et la motion capture.
C'est après assisté à une représentation de la Merce Cunningham Company à New York en 2011 qu'Alla Kovgan a eu l'idée d’une captation en 3D. Elle propose son projet à Robert Swinston, qui travaillait aux côtés de Merce depuis 32 ans, ainsi qu’à la Dance Films Association. Elle raconte : "Sans un partenariat international, le film, qui exigeait beaucoup de moyens, n’aurait pu se faire. Il m’aura fallu sept ans pour réaliser ce projet dont on me disait que c’était une folie que de vouloir réaliser un film en 3D sur un chorégraphe américain d’avant-garde..."
Le documentaire se concentre sur les 30 premières années de sa carrière de chorégraphe, entre 1942 et 1972, car la réalisatrice ne voulait pas faire un biopic : "J’avais aussi besoin de raconter une histoire autour de sa vie et ce sont justement des années de peine, de dureté, de sensation d’échecs..." Elle voulait le représenter autrement : "J’ai voulu prendre le contrepied en le montrant dans la fleur de l’âge et dans l’inquiétude de ces années de survie financière et psychologique".
Les ballets sont tournés dans des lieux insolites : sur un toit new yorkais, la place d’une ville allemande, dans un bois, un appartement, un tunnel... "Mon objectif était de repenser les idées de Merce en termes de cinéma. J’ai donc immédiatement pensé aux environnements pour chaque danse. J’ai choisi un cadre spécifique pour chaque danse afin de traduire les idées de Merce en cinéma", explique la réalisatrice.
La plupart des 14 danseurs du film appartenaient à la Merce Cunningham Company. C'était important pour la réalisatrice car ils sont dépositaires d’une transmission directe du chorégraphe lui-même. L'équipe a dû jongler entre les emplois du temps des danseurs. Ainsi, il y a eu plusieurs périodes de répétitions entrecoupées de longues pauses : 6 semaines de travail à plein temps en 2013, 1 semaine en 2015, 3 semaines en 2016 et 6 semaines en 2018.