Personnages iconoclastes, description d’une certaine Amérique citadine pauvre et white trash, bonnes ondes sous couvert de feel good movie cachant une sucess story, … N’en jetez plus, on est bien dans du cinéma indépendant américain pur jus. Pas celui des croûtes à Oscar ou véhicules à prestation hors normes, non, celui fauché qui peut parfois surprendre dans les festivals. « Patti Cake$ » semble donc un produit tout à fait formaté d’un certain cinéma qui existe encore grâce à ces manifestations comme la persévérance de petits auteurs et peut parfois révéler de bonnes surprises. S’il n’en est pas vraiment une inoubliable de par sa trame générale bien trop classique, il demeure néanmoins une proposition de cinéma convaincante, chaleureuse et bourrée d’énergie. Une énergie qui traverse l’écran et s’avère communicative surtout que le réalisateur Geremy Jasper peaufine une mise en scène dynamique, colorée et pleine d’idées visuelles tout à fait en adéquation avec le sujet.
On apprécie l’équipe de bras cassés qui constitue le groupe de rap que va former cette Patti Cake$ avec des marginaux en tous genres formant une galerie de seconds rôles réjouissants. Du black sataniste adepte de métal à la grand-mère en fauteuil roulant qui jure comme un charretier en passant par la mère alcoolique, rien de très nouveau sous le soleil des banlieues américaines pauvres et désœuvrées mais la galerie vaut le coup d’œil et amuse sans tomber (de justesse) dans l’excès ou la caricature. En revanche, le film est souvent à deux doigts de tomber dans un misérabilisme à la « Precious », un film qui est justement cité dans « Patti Cake$ » mais se rattrape toujours par sa bonne humeur, son positivisme et ses bonnes ondes portées par une interprète principale qui bouffe l’écran, Danielle McDonald. Une révélation pour laquelle on ne peut avoir que de l’empathie et qui porte le film sur ses épaules.
En revanche, pas de surprise au niveau de l’intrigue. Rien n’est gagné au départ, il y a des hauts, il y a des bas, des remises en question et tout est bien qui finit bien. C’est même trop prévisible mais c’est fait avec beaucoup de cœur alors on reste relativement indulgent. En revanche, pour qui n’aime pas le rap et le slam (et les vulgarités), mieux vaut ne pas pénétrer dans une salle projetant le film : en tant que profane ou allergique à ce type de musique, cela pourrait vite vous saouler. Et même si c’est un tantinet trop long, ce conte de fées cousu de fil blanc force le respect et inspire la sympathie. Alors à la sortie de la salle, on sait que ce n’est vraiment pas le film du siècle, loin s’en faut, et qu’il jouit d’une emballement médiatique de la presse spécialisée un peu exagéré mais force est d’avouer qu’on passe un agréable moment, sans plus, ni moins.