Musique peu aguichante, le rap, comme ses nombreux artistes, ne parviennent pas à inverser la tendance. Le discours aura beau transcender l’expérience personnelle, mais la vulgarité est le principal facteur qui face défaut à la leçon qu’on doit en tirer. La crédibilité se perd et on ne retient qu’une longue ligne de texte au premier degré, ressemblant davantage à une plainte ou une agression qu’une forme de solidarité. Il a pourtant quelque chose de noble dedans et Geremy Jasper nous le montre dans un parcours atypique d’une jeune blanche, aussi bien rêveuse que talentueuse. Avec la multi-casquette le plaçant derrière la caméra, le scénario et les compositions, Japer véhicule, avec les plus grands soins, tout le respect et l’amour d’un genre musical, parfois incompris.
On s’installe dans le New Jersey, où Patricia Dombrowski (Danielle Macdonald) vit dans la médiocrité et l’instabilité. On y trouve un aspect d’américain de classe moyenne, mais on est encore en-dessous de ce pallier. La personnalité de Patti révèle alors plusieurs craintes pendant son ascension. De plus, le scénario n’a pas de quoi briller et se contente d’une linéarité sans forcer. Là où on se permet un peu de liberté, c’est dans le flow qui ne se calcule pas ou alors le bluff est très subtil. Quelque part, elle explore son talent avec modération jusqu’à entrevoir un soupçon de vengeance dans le ton. Mais sans trop tomber dans le pathos, il est permis à l’artifice d’exister.
Au cœur de la fresque sociale se forme un groupe improbable, où Jheri (Siddharth Dhananjay) amorce le décalage humoristique. Avec lui, le discours est léger, tout comme chaque rencontre que Patti fera. On admet alors une distance entre l’artifice et le concret. Les codes sont simples et sont respectés sans caprice et sans gêne pour un visionnage intuitif. La tendresse se saisit de plusieurs scènes où la rappeuse combat avec ses mots. La justesse y est, le flow y est et la victoire y est. De ce fait, la détermination de Patti sera récompensée. Barb, sa mère pour qui la vie la plonge dans le décor de son brin de chanteuse, reste conservatrice sur les bords. Et au moment où elle comprend les ambitions de sa fille, la vérité éclate et les rassemble aussi bien sur scène que dans un amour familial puissant.
Le réalisateur de clips a fini par développer un message plus que commercial avec « Patti Cake$ », hormis quelques passages reflétant l’état d’esprit de la chanteuse. Pour une première réalisation, il y a du courage et de l’effort. Cependant, le tout baigne parfois dans un superflu qui ne capte pas toujours les bons sentiments. Le récit se veut sensible autour de Patti, mais peine parfois à se raccorder à l’esthétique qu’on impose. On tourne aussi en rond dans l’évolution des personnages, mais on finit par saisir le pourquoi du comment. Le réalisateur se transpose en ses personnages pour qui il affectionne autant de bonne volonté que son œuvre propose de légèreté. Toutefois, rien n’empêche de se laisse entrainer dans le mouvement de la révolte, un instant fort bien géré et qui mérite le meilleur des soutiens pour l’avenir.