Mais qu'est ce qui est arrivé au talentueux Christian Petzold, qui nous a donné récemment des films remarquables comme Phoenix ou Barbara, pour avoir pondu ce navet inconsistant!
Au départ, il y a un roman d'Anna Seghers publié en 1944 et décrivant la situation des réfugiés coincés à Marseille. Petzold a voulu en tirer un récit intemporel. Bon, on est plus ou moins dans notre époque: les voitures sont contemporaines, et il y a des tags pleins les murs..... Mais il n'y a que les bateaux pour traverser l'Atlantique.
Aujourd'hui, donc, les barbares arrivent. Les fascistes tiennent déjà l'Allemagne, ils ont pris Paris, ils approchent d'Avignon. Dès qu'ils arrivent, ils organisent des rafles, ils ouvrent des camps. Les réfugiés allemands s'entassent à Marseille, attendant un visa pour le Mexique, via l'Espagne et les US (???), il leur faut donc des visas de transit. Ils font la queue aux consulats. Il y a un chef d'orchestre, une femme qui garde deux chiens de race. Cela pourrait être des figures pittoresques, cela tient plutôt de la caricature...
Georg (Franz Rogowski) est arrivé à Marseille avec les papiers d'un écrivain, Weidel, que le Mexique semble tout prêt à accueillir, ainsi que sa femme. Mais Weidel s'est suicidé, et personne au consulat ne s'aperçoit que ce n'est pas la bonne personne. Quant à Marie Weidel (Paula Beer) elle a quitté son mari. Elle vit maintenant avec un médecin, Richard (Godehard Giese), lui aussi en attente de partance. Ce qui ne l'empêche pas de tomber dans les bras de Georg, dont elle ignore l'identité factice, et de rechercher Weidel. Dans cette histoire, personne ne semble savoir ce qu'il veut vraiment -surtout Marie, qui passe son temps à courir de droite et de gauche comme une canette décérébrée. Et que je te monte dans le bateau salvateur, et que je te redescend.... Abracadabrantesque et absurde. Aucun des personnages n'a la moindre réalité charnelle, la moindre existence.
Pour ajouter au côté intello tordu du film, un narrateur (Jean Pierre Darroussin) le commente à la troisième personne....
Nul! A oublier....