Venant de voir « Le Diable s’habille en Prada » on m’a conseillé « Late Night » comme étant dans la lignée. Voir Emma Thompson en 1ère et seule femme présentatrice d’un « late show » c’est certes pas réaliste, car ça n’existe pas, mais c’est surtout inattendu donc pourquoi pas ?
En tout cas c’est la raison qu’elle invoque pour avoir accepté le rôle, ça et le fait de renouer avec le stand up qu’elle pratiquait plus jeune. D’accord sauf que ça ne suffit pas à faire un film, surtout pas un bon. Si on a ni une bonne raison ni un scénario convenable on va souvent dans le mur, et c’est le cas là. La différence majeure entre les 2 longs métrages est que l’un dénonce très justement les difficultés d’être une femme qui réussit, quand l’autre verse plus dans le féminisme sur fond d’audimat. Le meilleur exemple est que les 2 traitent également de la prime à la jeunesse mais seule Newbury s’indigne d’être remplacée par un homme. Du coup on voit que l’ensemble est moins soigné, l’écriture est plus basique, c’est conventionnel et lent, bourré de clichés, la trame est attendue et artificielle, la musique s’oublie vite, l’humour ne passe pas (même quand ça semble plaire davantage au public), les dialogues sont médiocres, Molly en fait trop, l’histoire et la psychologie des personnages passent à la trappe, on se tape quand même la love story compliquée obligatoire mais surtout les leçons de morale sur l’acceptation de l’autre, qu’importe ses origines ou son sexe.
Bon après on a droit à pas mal de punchlines, un peu forcées parfois mais ça bouge, voir une femme qui assume et du politiquement incorrect c’est tellement rare que ça fait du bien quand il y en a, le choix de Tennant est bon tant il a la tête de l’emploi, en dehors des écueils dans lequel le scénario sombre facilement ressortent quelques réflexions sur l’attractivité de la jeunesse et la continuité du succès. Dommage que l’histoire n’ait pas davantage insisté sur ce fléau d’Hollywood qui rejette les acteurs expérimentés et talentueux au profit de nouvelles têtes, et qu’on n’ait pas vu pourquoi la boss de Newbury agissait ainsi, le développement aurait pu amener plus de profondeur.
Bizarrement, vu que le sujet est moderne et bien pensant la presse a adoré, trop facile… C’est un des soucis majeur du film : ça semble écrit pour faire évoluer les mentalités, mais surtout pour donner l’exemple, pour formater les esprits, pour l’acceptation de l’âge mais aussi de la discrimination positive etc. Du coup ça envoi des messages mais sous une forme tellement grossière que ça en devient lourd. Comme rien ne vient relever le niveau, pas même Emma Thompson (pas si inspirée que ça finalement), on s’ennuie et on a l’impression d’être devant un grand message publicitaire ou un spot du gouvernement, indigeste en somme.