La Morsure des Dieux aborde la question du suicide en milieu paysan. Cheyenne Carron a voulu s'attaquer à cette thématique parce que le frère de son grand-père s’est suicidé à la fin des années 1990. Le réalisatrice a par ailleurs également remarqué que la question du suicide touche de plus en plus de familles dans les campagnes : "Il y a environ 500 suicides recensés par an. Peu de films abordent cette question, j’ai eu envie d’écrire sur ce sujet", précise-t-elle.
Avec La Morsure des Dieux, Cheyenne Carron retrouve François Pouron avec qui elle déjà travaillé dans La Chute des Hommes. Le comédien joue ici un éleveur en difficulté.
Le film parle du paganisme, un sujet auquel Cheyenne Carron faisait déjà allusion dans La Chute des Hommes. La cinéaste a découvert le paganisme en 2014. Elle se souvient : "Avant je ne connaissais uniquement que le mot « païen » et il avait une mauvaise connotation. Puis un jour, un homme m’a parlé des solstices qu’il fêtait, de son rapport au monde, à la nature, des dieux qu’ils invoquaient, j’ai trouvé cela magnifique. J’ai creusé un peu le sujet, j’ai rencontré des gens proches de la nature, et j’ai été émerveillée de leur rapport au monde. Une sorte d’attitude écologiste, avec une dimension sacrée, ça m’a profondément touché. Puis j’ai lu des livres de Vincent Vincenot et de Jean Giono, entre autres. Et j’ai compris que le paganisme était vraiment l’identité des campagnes, avant l’arrivée du christianisme. C’est là que le concept du film est né en moi, en même temps je voulais aussi parler du suicide en milieu paysan, alors j’ai joint les deux sujets, car ils me semblent être complémentaires finalement, et j’ai écris La Morsure des Dieux."
Le film parle beaucoup de l’enracinement et l’identité, tout comme il en était question dans Patries et La Fille publique. Cheyenne Carron explique : "Eh bien, je crois que le fait qu’une fille, issue de la DASS et pupille de l’Etat pendant 19 ans, avec des racines très confuses, puisse s’intéresser à l’enracinement et à l’identité, ne me semble pas très étonnant. Les gens qui sont enracinés ne se posent pas ces questions. Ils jouent avec ce qu’ils ont de précieux, c’est lorsqu’ils auront perdu leurs racines dans un monde uniformisé, qu’ils en mesureront toute la valeur."
Il y a, dans La Morsure des Dieux, de véritables éleveurs basques. Cheyenne Carron a travaillé sur place avec beaucoup d’éleveurs de ce territoire, mais aussi avec des hommes qui pratiquent les épreuves de "force basque", jeu traditionnel du Pays basque.
Pour se préparer à son rôle, Fleur Geffrier s'est documentée sur les croyances ancestrales de la région du pays basque (même si son personnage n’est pas originaire de cette région) pour trouver des correspondances avec la religion chrétienne qui est la religion de Juliette. La comédienne a aussi fait des recherches sur la religion chrétienne.
François Pouron a travaillé en amont son personnage en étudiant le paganisme et l’agriculture. L'acteur s'est ainsi intéressé a tout ce qui touche à la terre et aux paysans. "Je me suis ensuite penché sur les mythologies (et surtout la mythologie basque qui est riche), ainsi que les croyances païennes de la région, pour défendre au mieux les idées de Sébastien et éviter tout vide pendant le tournage! Je me suis ensuite raconté la petite musique intérieure de Sébastien, pour trouver au mieux son essence et pouvoir rallier ses colères aux miennes, ses déceptions aux miennes, et tenter de ne faire qu’un au moment de vérité", confie-t-il.