Ah, Le périlleux exercice du Biopic. Ici pas du tout estampillé Hollywood tellement le sujet est casse-gueule et pas du tout glamour ! Vous ne verrez aucun artiste bankable s'y risquer et aucun studio le financer !! Imaginez donc : La scène Black Metal émergente de Norvège fin 80s-début 90s avec toute l'aura sulfureuse de meurtres et d'églises incendiées sur fond d'idées nauséabondes ! Hein ! Ça vous cause grave ! Par contre, le réalisateur, malgré son bagage "commercial", sait de quoi il parle car il a côtoyé cette scène naissante puisqu'au début des 80s il a été batteur de BATHORY, précurseur et référence du BM scandinave. On suit alors les pérégrinations de quelques jeunes en révolte adolescente dans cette société ultra calibrée qui leur déplait fortement, entre soirées picole-drague pourrie-blagues potaches (esprit Teen Movie) et exercices musicaux pour s'exprimer et se diffuser. Et il se tourne surtout sur un groupe qui pose les bases stylistiques et possède ce petit plus charismatique, macabre et morbide avec les destins mêlés de 3 d'entre eux ayant une approche commune à la cause mais avec une vision spécifique à chacun : Les membres du groupe MAYHEM. EURONYMOUS le guitariste fondateur veut lancer une mode, des idées provocantes et en vivre comme VENOM (choquer le monde fait vendre même si pour cela il faut se vendre pour porter la cause et devenir un poseur même s'il les dénonce), DEAD qui insuffle l'esprit de mort et Varg VIKERNES qui apporte la vision politique et le passage à l'acte. Puis l'histoire glisse vers les tensions et la rivalité entre les 2 leader. Les seconds couteaux sont moins présents, sûrement pour alléger la trame scénaristique, et sont souvent juste représentés comme les potes ou les autres musiciens gravitant autour du groupe et, pour les plus fidèles, membres de l'INNER BLACK CIRCLE, groupe de potes qui vire groupuscule terroriste. Pour valider l'ensemble, le réalisateur nous précise dès le début que c'est tiré de faits réels ET de mensonges car ces jeunes étaient de bons manipulateurs, mais eux-mêmes influençables, pour alimenter les ragots et faire peur au bon citoyen. Au niveau scénario, c'est une version romancée bien sûr mais à multiples effets stylistiques. On a alors droit à des fulgurances gore ou des rêves glauques au milieu de passages zen, des scènes inquiétantes avec des moments de rigolade potache, des expositions d'idées glauques, des incendies sacrilèges, une scène langoureuse, des flashbacks malsains et quelques passages musicaux. À certains moments, c'est grand-guignolesque, Satanisme de pacotille, séance photo kitsch en corpse paint. À d'autres c'est glaçant de froideur, meurtres désincarnés, mutilations hyper réalistes. Une mélancolie berce certaines scènes avec DEAD, d'autres flippantes de candeur mystérieuse. Ou alors une mise en scène ampoulée mélangeant naïveté, certitude, idées glauques et bienséance de la bourgeoisie. Mais un certain équilibre se fait et permet de tenir le film sur les 2 heures. Ça sent l'amateurisme mais ça permet de recréer le côté paumé-désœuvré pour respecter la vision True Black Metal, crade et glauque. Connaissant bien la scène, le réalisateur apporte un réalisme aux situations, les acteurs ne sont pas déguisés en Metalleux, ils SONT Metalleux, les patchs, vinyles, posters, films d'horreur sont certifiés Pure Vintage ! Ce n'est pas joyeux, la violence est crûment représentée, banalisée pour percevoir le décalage affectif face à certains actes criminels ou macabrement joyeux. Le -16 est pour cela totalement justifié car il faut comprendre que le film rapporte des faits divers réels sans en faire l'apologie. Il est juste regrettable qu'il ait choisi de présenter des jeunes sans vrai charisme alors qu'en réalité les musiciens en imposaient énormément (expliquant aussi qu'ils soient devenus leader de cette scène contestable mais musicalement fondamentale à ce courant extrême et initialement voué à l'underground si on valide la vision True Black de ne plaire à personnes sauf à quelques initiés fidèles) Mais il décrit la malléabilité des esprits qui se cherchent et se mettent à tout mélanger et confondre, Satanisme, horreur, paganisme, nazisme, Tolkiennisme, retour aux valeurs pré-chrétiennes . . . Un bon film à manipuler avec précaution du fait de son côté malsain. Si ces jeunes avaient été moins influençables et moins immatures (la compétition entre chefaillons) ils seraient vivant comme les autres représentants de la 1ère vague de BM Norvégien (cf DARKTHRONE, SATYRICON qui sont contemporains et toujours là 30 ans après)