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Un visiteur
4,5
Publiée le 16 septembre 2018
« Même une bouteille de ketchup a un nom », Zain n’en a pas, pas officiellement, pas d’existence, pas déclaré à la naissance. A quoi bon diront ses parents d’un air las, à quoi ça servirait ?
On sort de Capharnaüm le ventre noué, un nœud semblable à celui qui se terre dans l’estomac de Zain, ce môme dont on ne sait pas vraiment l’âge et qui n’a rien mangé depuis deux jours. Le ventre noué et la tête qui tourne. A force de tourner avec les images de Nadine Labaki autour du gosse des rues de Beyrouth dont Capharnaüm raconte l’histoire. On est d’abord surpris. Ce film tranche nettement avec les précédents films de Labaki. Pas de poésie, d’histoire d’amour ou de drôlerie. Fini les personnages féminins qui crèvent l’écran, les montagnes du Liban ou la ville comme dans un conte. L’histoire compte peu et le réalisme brut de la vie des enfants des rues saute à la gorge. Les images sont fortes, parce qu’elles documentent d’abord une réalité terrible et sans pitié, un univers d’enfants où plus aucune trace de l’enfance ne subsiste, sauf par moments, par la grâce d’une fête foraine décatie ou d’un personnage lugubre en costume de super-héros.
On voit bien la tentation de la réalisatrice, celle de dire, de dénoncer, de vouloir que les choses changent. Dire les enfants livrés à la rue, mais aussi les trafics, les enfants qui se vendent et s’achètent, les migrants, les réfugiés Syriens, l’absence des parents, la violence au quotidien, le mariage précoce pour se débarrasser d’un fardeau, la prison, l’injustice. Et puis surtout cette bizarrerie culturelle : pourquoi avoir des enfants lorsqu’on n’a pas les moyens de les élever ? --> lire la suite sur cafecalvathealamenthe.fr
En entrant dans la salle, j'ai eu une intuition, j’allais découvrir l'enfer, je m'assois, le film commence et soudain à coup, tout d'un coup je m'enfonce dans mon fauteuil, j'avale mes pop-corn, je m'étouffe, je tombe par terre, une souris qui passe me mord l'oreille, je recrache le pop-corn, la souris mange le pop-corn, je remonte sur mon siège et je prends un plan drone apocalyptique d’un quartier de Beyrouth, je me réveille, non je ne rêve pas … et le voyage commence. Si vous avez aimé Rosetta, ce film est pour vous, si vous le cafard en ce moment, abstenez-vous, si vous êtes amoureux de Nabine Labaki, allez voir ce film, si la misère vous indigne, oubliez ce film, si vous êtes frustré, en colère, dégoûté de votre vie en France, allez y vous en ressortirez heureux comme lorsque l’on sort du pavillon des enfants cancéreux …
Il y a un dicton arabe (issu des textes religieux) qui dit à-peu-près ceci : "la misère a failli être un crime". Manière de souligner que la pauvreté qui maintient en marge de la société n'est pas en soi fautive mais conduit souvent à un jugement hostile de ladite société. Et finalement, c'est l'histoire de ce Zain devenu enfant des rues, en marge des lois, jusqu'à se retrouver à la barre d'un tribunal non pas cette fois comme accusé (à 12 ans, il a déjà été condamné à 5 ans de prison pour violence au couteau) mais comme accusateur de ses parents, incapables de lui avoir donné une destinée autre que sordide et donc coupables à ses yeux de l'avoir mis au monde. Situation juridiquement improbable prétexte à l'introduction du récit. Il y a de l'allégorie là-dedans. Mais c'est long, trop long (123 minutes) et donc un peu lourd. Peut-être un peu aussi parce que ça finit par être malaisant ? Le spectateur retiendra quand même l'émotion qui se dégage de ce récit et qui, peut-être pour se donner un peu bonne conscience comme cela a pu traverser l'esprit de la réalisatrice, l'amènera à distribuer quelques étoiles, voire même à applaudir à la fin comme Cannes avait ovationné. On pense aux Misérables de Victor Hugo : "A l'heure si sombre de la civilisation où nous sommes sommes, le misérable s'appelle l'Homme ; il agonise sous tous les climats et il gémit dans toutes les langues". C'était au 19ème siècle. Nous sommes au 21ème siècle. Au Liban a priori, un pays de haute civilisation (même s'il entasse les enfants derrière les barreaux). Mais qu'est ce qu'on se donne toujours bonne conscience !
Bien sûr, certains commentateurs critiqueront le film sur l'air bien connu du moraliste bien-pensant : le film manipulerait ces personnages, en mettant en scène un enfant de deux ans qui n'a pas conscience d'être filmé Nadine Labaki exploiterait la situation comme les pires personnages du film le font, l'esthétisation de beauté serait insupportable, etc.
Ceux et celles qui critiqueront le film à partir de ces arguments (et de leur nombreux dérivés) ont une vision du cinéma qui est auto-centrée sur leur propres convictions. Pour les autres, qui essayent de voir le film comme une oeuvre de fiction dont ils n'ont pas à connaître les secrets de fabrication, Capharnaüm procurera probablement un intense sentiment de sidération.
On a en effet rarement vu entremêlés aussi efficacement des ingrédients aussi différents : une intrigue captivante, un aspect documentaire saisissant, des personnages incroyablement bien dessinés et une réalisation qui pourra rappeler le meilleur des films d'action.
Les détracteurs du film assimileront probablement Zaïn à une image universelle de la pauvreté et de la détresse enfantine, façon Gavroche du Proche-Orient. En réalité Zaïn n'est réductible à aucun stéréotype : il est un jeune garçon effronté, en colère, provocateur, débrouillard et décidé. Il porte sur ses épaules bien solides un film-tourbillon qui donne à voir beaucoup de misère et de complexité, mais aussi beaucoup de détermination et d'espoir.
En ce sens Capharnaüm n'est pas misérabiliste : il est plutôt le beau tableau d'une certaine rectitude morale, qui ne se résoud pas à échouer. On comprend que sous cet aspect, le final pourra paraître de mauvais goût aux inconditionnels de la tragédie dépressive.
"Capharnaüm" traite de la maltraitance envers les enfants au Liban en suivant un petit garçon de 12 ans qui est adulte bien avant l'âge mais aussi des immigrés clandestins qui essaient d'avoir une nouvelle vie en aidant à distance leur famille. Nadine Labaki, réalisatrice de "Caramel" et "Et maintenant on va où" aborde ces sujets de front, c'est dur et triste, tout en ajoutant des passages un peu humoristique grâce à des personnages haut en couleurs ou avec des dialogues décalés par rapport aux personnages. On ressent énormément d'empathie pour le petit Zain qui essaie de s'en sortir par lui-même malgré son jeune âge. Tout comme pour Rahil, venue au Liban pour aider sa famille en Ethiopie, maman d'un petit garçon qui lui est souhaite le meilleur. La réalisation est très maitrisée. Elle colle aux personnages comme elle sait prendre de la distance pour montrer dans quel univers évolue les personnages. Les acteurs sont fantastiques. Le petit garçon est incroyable, il a une assurance digne d'un grand acteur. "Capharnaüm" est un bon film sur des sujets d'actualités difficiles.
Le sujet est fort : la pauvreté du quartier du port de Beyrouth, l'abandon des enfants, la violence quotidienne et la survie. La réalisation est efficace et le jeune Zain Al Rafeea est tout bonnement incroyable. Difficile de critiquer ce film ...et c'est là tout le problème ! Car, puisque le sujet se suffit à lui même, à quoi servent les effets de caméra, de musique ou de scénario superflus si ce n'est à gratter un peu plus profond dans le pathos avec l'espoir d'y déterrer des récompenses qui brillent ? C'est moche d'en arriver à se poser cette sale question, ça laisse un goût désagréable, d'autant que ces deux heures d'enfants abandonnés à leur triste sort s'achèvent par une conclusion simpliste sur les origines de la misère. Un film qu'on peut tout de même qualifier de "coup de poing" malgré cette réserve personnelle.
J’ai adoré le film, qui traite de plusieurs sujets sensibles! Les sujets traités avec beaucoup de sensibilité, j’ai adoré la nuance de l’acteur principal le fait que tout le long du film on ne l’a pas vu rire et ironie de la situation la seule fois où on le voit rire c’est à la fin pour une photo d’identité ^^
À juste titre récompensé à Cannes en 2018, Capharnaüm est un très bon film de la Réalisatrice et Scénariste Libanaise Nadine Labaki. Ce drame poignant, supporté par une bande musicale fantastique, nous offre également quelques images sublimes et des scènes insoutenables comme des séquences émouvantes (lorsque Zain fait la baby-sitter). Zain Al Rafeea est véritablement bouleversant dans le rôle principal de Zain, un jeune garçon de 12 ans qui travaille dur et habite avec ses 6 frères et sœurs dans un "trou à rats" à Beyrouth. Exceptée Yordanos Shifera, qui interprète Rahil la jeune mère éthiopienne, tous les personnages, non comédiens professionnels, sont attachants.
Excellent film, poignant et bouleversant, il te fout une claque .. encore une fois Nadine Labaki traite un sujet très sensible ( l'enfance maltraitée) avec sa manière. L'enfant acteur principal est juste sublime, il faut qu'il continue dans le cinéma. Merci Nadine de faire du cinéma engagé, on a besoin de ce genre de chef d'œuvre.
Un monde de souffrance et de fatalité sur lequel Nadine Labaki insiste : tout ce qui y est montré a été vu et vécu, la plupart par les personnages du film eux-mêmes comme nourrir ses enfants avec de l'eau et du sucre ou "vendre" un enfant comme un troc. On peut rester perplexe sur les dialogues, qui se résument un peu simplement à une collection d'injures, et des conséquences inexistantes (comment croire que des adultes se laisseraient parler ainsi ?!)... Un drame urbain auquel le titre fait référence, un "capharnaûm" de détresse et de misère. La fin est en cela presque trop beau... Un film dur et touchant, sans concession mais avec émotion tout en évitant l'écueil du pathos. A voir et à conseiller. Site : Selenie
dans les bas-fonds du Liban la vie de Zain est exécrable. une fratrie impressionnante, pas d'eau potable pas de quoi manger pas de jeux rien le néant. la réalisatrice suit son quotidien sordide réservé aux enfants de la misère. c'est fort, juste , poignant , déchirant et terriblement injuste.
Irrité par l’idée de scénario: « Zaïn, attaque ses parents en justice pour lui avoir donné la vie » Plus racoleur….tu meurs!!! Et pourtant, j’ai trouvé aussi des qualités: beaucoup de chaleur humaine; des gros plan sur Zaïn et Yonas qui font fondre même les sans-coeur.La maman éthiopienne Rahil, est un beau personnage. J’ai peine à imaginer que Beyrouth ressemble à celui de Nadine Labaki? Quand je vois les européens refuser les bateaux avec leur centaine de migrants…