Cargo n'est pas, contrairement a ce que beaucoup pense, un film de zombie classique. Le film a pour avantage de déplacer l'intérêt du Zombie là où le spectateur n'a pas l'habitude de le voir. Il ne s'agit pas ici d'une histoire de survie en milieu infecté, mais d'une lecture plus ambitieuse autour de l'introspection humaine et du voyage initiatique.
Le personnage principal, joué par Martin Freeman, très bon dans son rôle, est infecté par un virus mortel qui transforme a terme ses victimes en cadavre ambulant, ne cherchant désormais qu'une seule chose : dévorer d'autres êtres vivants, de préférence des humains. On retrouve ici les caractéristiques classiques d'un film de zombie. Sauf qu'Andy (le nom du personnage principale), doit persévérer malgré le fait qu'il soit condamné, afin d'assurer la survie de sa fille, encore bébé.
L'histoire semble redondante et peu originale. Cependant, un deuxième axe de lecture permet d'y voir un scénario plus ambitieux. Plutôt que de se concentrer sur une narration classique, le film invite le spectateur à suivre Andy dans les divers stades du deuil, son propre deuil. Accompagnant sa fille
mais également une petite aborigène, puisque le film se passe en Australie
, il effectuer un voyage, passant du déni à l'acceptation, comprenant également toutes les autres phases du deuil. L'introspection du personnage principal va de paire avec la présence
de la culture aborigène et de ses derniers représentants, empreinte de mythes et de légendes sur les rites et voyages initiatiques. Il est par ailleurs ironique, dans le film, que notre civilisation occidentale moderne ne peut faire face au fléau, contrairement à la culture aborigène, qui a déjà tout compris
.
La mise en scène est sublimée par les paysages australiens, qui viennent décloisonner les scènes, là où un film de zombie tend plus vers la claustrophobie et le sentiment de menace omniprésente et d'enfermement. Ce qui viendra, il faut l'admettre, désamorcer la crainte des zombies, et certains effets.
Le film ne s'adresse donc pas aux fans de film de zombie "classique", mais pourra plaire pour son coté intellectuel, contemplatif, et cru dans son propos. Il suffit de voir la transformation d'une personne en zombie pour comprendre que le réalisateur n'a pas une vision de bisounours du film de zombie, contrairement à ce qu'on a pu lui reprocher. Là où l'image ne montre pas toujours la violence, le propos du film reste violent.