Céleste, 14 ans, est rescapée d'une énième fusillade en milieu scolaire aux USA. Lors d'une cérémonie en hommage aux victimes, elle entonne une chanson dont la justesse touche le pays entier. Bien vite, elle est propulsée dans une carrière prometteuse...
L'erreur à faire en abordant ce film serait de croire regarder une "success story" de star de la musique. Si certains des éléments sont là : ascension fondée sur des "valeurs", relations avec manager et producteur, alcool et drogue au tournant, ils ne me paraissent pas être le cœur du film. Le propos, comme la voix off le surligne (trop ?), se veut un parallèle de l'Amérique au début du XXIème siècle.
Le découpage du film est assez déconcertant (3 parties : la genèse, la renaissance, le concert) mais n'est pas sans intérêt : si on assiste aux débuts timides d'une jeune fille pleine de sincérité dans le milieu de la chanson, propulsée et en même temps gênée par les raisons de son succès, on découvre navrés que vingt ans plus tard elle est devenue une star : névrosée, droguée, sans relations véritables avec sa fille, incapable de parler d'autre chose que d'elle, faisant siennes des valeurs positives de confiance en soi en réalité lisses et sans identité, storytellant jusqu'au dégoût son drame passé, se jetant dans la musique pour ne pas regarder ses responsabilités.
Le film porte un regard à la fois critique et compréhensif sur la pop, ou en tout cas la caricature qui en est faite ici d'une pop grand public tout en néons et clips surmarketés, et sa production : une musique lisse, consensuelle, porteuse de valeurs d'oubli du monde et d'exaltation de soi, mais aussi réconfortante, joyeuse, propre à faire passer les mauvais moments. Selon sa propre appréciation du genre musical, on appréciera diversement j'imagine.
Formellement, le film est très efficace, les prestations des deux actrices (Céleste ado et adulte) sont très convaincantes. Forcément, Natalie Portman pâtit de la prestation de justesse de sa pendante ado, puisqu'elle livre une prestation de l'exubérance, mais c'est bien le personnage qui l'exige et étant donné que c'est le personnage quasi-unique de la seconde partie, je pense qu'on peut dire que Portman porte à elle seule cette partie du film.
La musique enfin, composée par Sia, est d'une très grande justesse. La première chanson est belle à pleurer, tandis que les dernières, celles du concert, reflètent à merveille le côté "pop lisse", mais dont la prestation dansante qui l'accompagne et ce que l'on sait de Céleste donnent une véritable fragilité, une certaine beauté.
Si je conçois que le découpage du film soit surprenant ou même décevant (on a envie de suivre la jeune Céleste dans ses aventures, mais le film nous dit "non non, on va plus loin c'est ce qui m'intéresse), je pense qu'il est bien au-dessus de ce qu'ont pu y voir d'autres critiques qui ont pensé avoir là juste un récit de "success-story" un peu plus dark que d'habitude.