"C'est une histoire humaine, avec le regard d’un fils sur son père. D'une certaine façon, c'est pour moi l'occasion de partager avec lui, a posteriori, un sentiment que je n'avais pas analysé jusqu'ici, qui est un profond respect pour le milieu ouvrier. Ce n'est pas un reportage, il ne se veut pas objectif. Le point de vue des industriels ne m'intéresse pas, la langue officielle, très peu pour moi, seul celui de l'avocat de Monsanto, caricatural, est évoqué."
Après une longue carrière à TF1 en tant que technicien sur les plateaux et les régies, puis comme responsable technique pour le journal de TF1, Pierre Pézerat décide au lendemain de sa retraite de réaliser le tournage du film Les Sentinelles. Il part à la rencontre des victimes de l’amiante et des pesticides et livre un film bouleversant et émouvant sur ces personnages qui sont devenus, malgré eux, « des sentinelles du milieu environnemental ».
Ce qui intéresse Pierre Pezerat, ce sont ces "hommes et ces femmes qu'on n'entend jamais nulle part, qui du haut de leur commune absence du moindre diplôme, nous délivrent quelques messages où l'intelligence, en plus du sentiment de révolte, s'est invitée au premier rang". Le metteur en scène poursuit :
"Ce qui, à l'heure où certains écoutent avec intérêt les discours simplistes basés sur la haine de l'autre, est un contre-point réconfortant. D'autre part, face au rouleau compresseur de la pensée, qu'est le dogme de la consommation-croissance, ils réaffirment des principes fondamentaux de la vie en société. Rien ne justifie qu'on mette la vie d'autrui en danger, et surtout pas les bénéfices financiers. Jouer sur la peur de faire perdre son emploi à quelqu'un, le forcer à accepter ainsi des conditions de travail qui détruisent sa santé et même sa fierté d'être humain, est quelque chose de criminel, n'en déplaise aux tenants de la dérégulation économique. Et ce sont les sentinelles qui le disent."