Le prétexte peut prêter à confusion, sachant que l’on surfe en permanence sur des références notables, qui auront bien trouvé leur public. Ce film nous arrive tout de même droit de l’Australie, avec la bonne intention de séduire, selon l’esprit de Noël. Il s’agit d’un présent à décortiquer avec parcimonie, dont l’enrobage est un mélange de tons et de couleurs. Chris Peckover réalise ainsi un petit fantasme, en reprenant les codes du home invasion pour la saison des bonnets rouges. Cependant, la magie est destinée à s’estomper au bout d’un certain temps et bien que ce soit co-écrit par Zack Kahn, dont l’idée ouvre quelques pistes intéressantes à explorer, l’œuvre ne parvient pas toujours à captiver. Cette faiblesse n’est pas forcément due à une réalisation plutôt sobre et qui lisse le rythme, afin qu’on ne lâche pas prise, mais cela vient évidemment d’une mise en scène qui ralentit ou qui limite les mouvements d’une invitation qui tourne mal.
On ne le cache pas bien longtemps, mais il s’agit bel et bien d’un film d’horreur, nul besoin d’en douter, même à l’approche de Noël. Le climat s’y prête pourtant bien, malgré un voisinage absent. C’est donc dans le huis clos que le film campe et espère bien nous filer les chocottes. Au détour d’un babysitting un peu trop hormonal, on place Ashley dans un nid de guêpes avant son départ à l’université. Olivia DeJonge lui apporte une prestance très bénéfique et son expérience en tête d’affiche dans « The Visit » de Shyamalan l’aide grandement. Elle fait face à une intrusion inattendue, tandis que l’enfant qu’elle doit garder devient tout aussi problématique dans sa pirouette romantique. Luke, interprété par Levi Miller (II), est un adolescent assez malin, mais il reste justement inexpérimenté sur de nombreux points qui ne laissent pas de place dans le développement de sa puberté, si ce n’est pas l’audace dont il fait preuve afin de contrer l’envahisseur. Loin de la fourberie comique de « Maman, j’ai raté l’avion », l’intrigue prend une tout autre saveur, aussi désagréable qu’une action ou vérité, qui n’apporte jamais rien de bon finalement.
On essaye donc de charger le récit de petites ambiances oppressantes, comme les chants de Noël. Mais il faudra plus que les superposer à quelques élans pour atteindre la symbiose d’un Black Christmas (1974), qui bien au contraire, s’empare du silence pour affiner son angoisse. Il nous reste donc des personnages, dont on cherche à discuter la complexité, à l’image de l’ami Garrett (Ed Oxenbould), porté sur des choses qu’il ne devrait pas toucher à son âge, de même pour Luke. Doit-on y voir la précocité de l’adolescence, en avance sur son temps et sa propre culture ? La violence témoigne également de cette innocence, perdue dans un environnement hostile par bien des manières et où la technologie divise plus qu’elle ne rassemble les personnes. Ashley est pourtant la seule qui lutte et qui s’en tire avec les honneurs, voire le doigt d’honneur, car le film hésite souvent à faire le pas décisif qui dérange vraiment dans une seconde partie, qui freine la tension et qui joue avec trop de lenteur la carte de malaisance.
On peut amputer une certaine objectivité aux films de saison, mais celui-ci n’exploite qu’au minimum son décor et ne sait pas comment réinventer son discours, passé la demi-heure. « Better Watch Out » possède pourtant une amorce loin d’être inintéressante, mais il s’embourbe dans un jeu qu’il ne maîtrise plus et qu’il aseptise un peu trop. Il ne prétend cependant pas s’élever au-dessus de tout, mais il n’arrivera jamais à la hauteur de ses interprètes, qui boitent en trainant un poids à en faire grincer le parquet et le cynisme qui coule dessus.