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    L'Amour des hommes
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "L'Amour des hommes" et de son tournage !

    Point de départ

    Le metteur en scène et scénariste Mehdi Ben Attia nous en dit plus quant au point de départ de son film L'Amour des hommes"Le point de départ est assez simple : Amel c’est moi. Sauf que je ne suis pas un personnage de cinéma. C’est le point de départ, mais pas le point d’arrivée, le film n’est pas un autoportrait. Il y a un personnage à part entière. Mais parler de la construction d’Amel revient d’emblée à parler d’Hafsia. Car le film est largement écrit pour elle. Je voulais à la fois une femme artiste, photographe et en même temps je ne voulais pas proposer au public de s’intéresser uniquement à des enjeux artistiques. Je voulais, à travers le dispositif de mise en scène des séances de pose, les intéresser à des enjeux émotionnels. Et c’est là précisément qu’intervient Hafsia qui, dans son jeu, a une approche essentiellement émotionnelle. Elle ne correspond pas au cliché de la femme artiste dans un pays musulman. Dans les films, elle est le plus souvent regardée comme une femme désirable. Je voulais inverser le rapport, que ce soit elle qui regarde et qui soit désirable."

    Hafsia Herzi ou rien !

    L'Amour des hommes est le premier film de Medhi Ben Attia avec un rôle principal féminin. Le metteur en scène l'a écrit en pensant à la comédienne Hafsia Herzi et n'envisageait pas de le faire sans elle.

    L'ouverture

    L’ouverture du film se fait sur des portraits de femmes qui semblent inventorier différents territoires de sa représentation : le voile, l’interdit, la fétichisation, la revendication. De la sorte, Mehdi Ben Attia voulait commencer par ce que le personnage principal n’est pas et mettre de côté le voile (qui était encore récemment un enjeu gigantesque en Tunisie). Il précise :

    "Commencer le film comme ça, c’était pouvoir s’en débarrasser. puis proposer un certain nombre de personnages clichés et voir cette femme essayer de se les approprier. A sa manière, Amel est une comédienne. Elle n’enfile pas simplement une tenue, elle cherche une intériorité. Et j’ai vu Hafsia faire la même chose lorsque nous prenions les photos. En enfilant le costume, elle devenait la personne et cherchait l’expression de celle-ci. et l’histoire que chaque photo raconte."

    Une quête

    Si certains lecteurs du scénario de L'Amour des hommes ont dit à Mehdi Ben Attia que le personnage d'Amel n’avait pas besoin de s’émanciper puisque elle était déjà libre, le cinéaste nuance les choses en expliquant que personne n’est absolument libre. Il explique : "On se libère. C’est un chemin. Une quête. Le film raconte cela. Le chemin de cette fille relativement peu aliénée mais qui est quand même, au début du film, la femme de, la belle-fille de... et qui, chemin faisant, se libère, se trouve elle-même."

    Philosophie de vie

    Dans L'Amour des hommes, Amel, le personnage principal incarné par Hafsia Herzi, découvre peu à peu que sa liberté dépend d’elle-même et non pas de son rapport aux hommes. La comédienne pensait elle aussi que la liberté d’une femme dépendait des hommes :

    "La fin d’un amour nous laisse croire à la fin du monde, comme si toute notre existence était liée à l’homme que l’on aime. Mais en fait, la reconstruction ne passe que par soi-même. Cette solitude est notre finalité. On nait seul. On meurt seul. Amel va conquérir cette liberté. Et découvrir que c’est parfois compliqué et douloureux de vivre sans amour, sans homme auprès d’elle. C’est pourquoi le deuil du début du film qu’elle traverse me semblait indispensable à l’approche du personnage. Je voulais que l’on croie vraiment à cet amour. Même si on voit à peine son futur époux. C’était un des challenges du film. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Si on ne ressentait pas ce drame, la sensation que tout s’écroule pour elle, je passais à côté du personnage. L’amour est sa raison de vivre. Comme nous tous", développe-t-elle.

    "Homme objet"

    L’homme comme objet de désir est encore un tabou en Tunisie et dans le Maghreb. En même temps, Mehdi Ben Attia a été étonné par la facilité avec laquelle les garçons que l'ont voit dans le film ont accepté de se laisser aller dans ces rôles d’homme objet. "Hafsia y est par ailleurs pour beaucoup car elle installe avec ses partenaires une confiance, une complicité qui leur donne envie de se laisser aller dans les scènes. Donc pour répondre à votre question : oui c’est encore tabou mais j’ai bien vu que les garçons savaient être des objets de désir."

    Les scènes de poses

    Mehdi Ben Attia a voulu faire en sorte que le dispositif du film permette de s’approcher non seulement des corps mais surtout des gens. Le réalisateur raconte : "Même si on ne sait pas grand chose d’eux, on les connaît assez bien je crois. On devine la dureté de leur existence. On la donne à voir mais ce n’est pas pour autant l’objet des scènes qui se focalisent sur ce qui se passe entre Amel et ses modèles. Des rencontres entre une femme et des hommes dans le cadre de ce que je pourrais appeler un rituel – celui de la séance de pose. On s’approche l’un de l’autre. Et au fond pour un comédien et un metteur en scène c’est la même chose. On tisse un lien très fort dans un cadre rigide. On finit par très bien se connaître mais sans avoir besoin de sortir du cadre imposé."

    Une ville cinématographique

    Mehdi Ben Attia a voulu que Tunis soit un personnage à part entière du film. Le metteur en scène a ainsi cherché à filmer la ville à la dérobée, en filigrane (sauf lors de la dernière séquence). Il voit Tunis comme une ville un peu anarchique, mais pour lui ce qui n’est pas nécessairement très beau lorsque l'on s’y balade devient très intéressant au cinéma :

    "C’est une ville extrêmement vivante, pas du tout unifiée. Et pour ce portrait de la ville, je voulais filmer des gens, pas seulement de la pierre. Nous avons apporté un soin attentif au choix des figurants, pour qu’il y ait à l’écran des nouveaux visages, des manières d’être qui sont actuelles, contemporaines... Il me reste encore plein de choses à filmer dans Tunis car nous n’avons capté qu’une part restreinte de sa réalité. Mais j’aime donner l’idée de sa richesse même si le film est souvent en intérieur. C’est pour cela que je finis le film sur cette séquence de près de deux minutes où Amel conduit sa voiture. Cette scène sédimente tout ce que l’on a suggéré jusque là de Tunis. Amel regarde, nous regardons avec elle, et ce qu’elle voit paraît vertigineux. Elle a tourné une page et on ne sait pas où elle va. Mais cette inconnue n’est pas une angoisse. C’est une excitation."

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