Que dire de la débâcle Holmes & Watson, qu'on aurait pu croire prometteur si l'on ne s'était pas rendu compte de l'équipe en charge du projet. Ecrit et réalisé par l'inconnu Etan Cohen (et non pas Ethan Cohen, précisons), auquel on doit des collaborations de scénarii sur Tonnerre sous les tropiques et Men in Black 3, il témoigne d'un manque absolu de maîtrise et d'expérience de mise en scène, livrant toujours la même soupe indigeste sans aucun rythme, qu'il soit humoristique ou d'action.
Visuellement douteux, Holmes & Watson est d'une platitude visuelle affligeante; s'il ne sait jamais comment se tourner pour intéresser son spectateur, il va même jusqu'à s'empêtrer dans le registre complexe de la parodie, qu'il ne maîtrise, de toute évidence, jamais. N'ayant peur de rien, Etan Cohen pille les plans marquants de la duologie (future trilogie) de Guy Ritchi, reprenant avec une mollesse incomparable les fameuses théories faîtes au ralenti pour mener à bien des combats.
C'est là que le film affiche le plus sa bêtise grasse : s'il pouvait amuser un spectateur bouche-bée au travers d'une scène de moustique tueur (encore qu'on devine l'issue du gag dès la moitié de son déroulé), un trop plein d'humour gras s'installera clairement au sein de la pièce en voyant Holmes, ivre, qui calcule comment il peut uriner; s'ensuivent des blagues d'une nullité surprenante, où le mauvais jeu d'acteur se couplera à la pauvreté d'une écriture navrante.
Plus succession de gags sans queue ni tête que véritable produit cinématographique, Holmes et Watson impressionne du fait qu'il semble écrit seulement durant sa demi-heure de fin, où l'on commencera à discerner une légère intrigue pas inintéressante, certes banale mais bien couplée à certaines blagues (notamment celles sur, gaffe aux révélations, le Titanic et le fait de sauver tout le monde pour qu'ils meurent ensuite; là encore, le film décidera de réécrire l'histoire, en apprenant, au travers d'une scène post-générique affligeante, que tous les passagers du navire auront été sauvés de la noyade par la doctoresse; navrant).
Egalement très mal interprété par Will Ferrell et John C. Reilly (lâchés dans la nature, ils font n'importe quoi et semblent s'en amuser, crier et faire les yeux exorbités semblant être leur seul ressort comique "valable"), il nous présente des seconds rôles pas bien plus convaincants, d'un Ralph Fiennes monolithique et peu inspiré au rare Hugh Laurie, seulement présent pour un caméo hommage à Docteur House. Rebecca Hall n'aidera pas à faire passer la pilule, tant elle tombe souvent dans un surjeu ridicule.
Mais je persiste à penser que même s'il est très mal réalisé et atrocement joué, Holmes & Watson reste une catastrophe pour la vulgarité bête de ses gags, où l'on croit qu'enchaîner les mots d'oiseaux à référence urinaire, scatophile, vainement sexuelle instaurera un climat irrévérencieux; visiblement, on s'y croit original, fier de parler comme des charretiers, et forcément talentueux de rendre Holmes et Watson idiots, mauvais, intéressés et de casser, parce qu'il ne reste plus que cela à faire quand on n'a aucune imagination, un mythe multi-centenaire dont les bonnes adaptations dépassent, de loin, le moindre meilleur film de la carrière de son duo, puis de son réalisateur.
Quel est donc l'intérêt de regarder une comédie qui ne fait pas rire? De comprendre à quel point l'humour américain semble patiner quand il n'est pas géré par une référence, ou un metteur en scène un minimum habile et maîtrisant ses codes, qu'ils soient scénaristiques ou visuels. C'est une catastrophe à voir, et la simple idée de tenir jusqu'au bout paraît être un authentique défi, qu'il est dur de tenir jusqu'au bout.
Incroyablement gras, faussement irrévérencieux. La bêtise n'épousera jamais le doux titre d'atteinte aux moeurs.