Sortie au début du nouveau millénaire, "Gladiator" semble avoir acquiert au fil des années le statut de film culte. Ridley Scott raviva ainsi le péplum, genre moribond. Mais, tout en relançant une certaine mode du film à jupettes, Ridley Scott, à la différence par exemple de Sergio Leone (qui avait crée un nouveau style de western) est extrêmement respectueux du genre: Scott est, après tout, le réalisateur classique par excellence, du moins le temps de ce film. On sent que ce cinéaste est un amoureux du cinéma hollywoodien des années 50-60. Ainsi, on pense souvent à deux célèbres péplums: "Spartacus" (Stanley Kubrick, 1960) et "La chute de l'empire romain" (Anthony Mann, 1964).
Ce n'est donc pas un film qui cherche à révolutionner le genre, les amateurs de péplums ne seront sans doute pas surpris par ce film classique, qui se révèle cependant un bel hommage aux anciens péplums... en conservant les mêmes qualités et hélas les mêmes défauts de ces derniers films.
Péplum résonne forcément avec les mots grands spectacles et épiques. De ce point de vue, on est gâté. Dès la scène d'ouverture , on devine qu'on assistera à de très grandes scènes d'actions. Pour peu q'on aime les épées qui transpercent des corps (ce qui est mon cas), on sera ravi par la très belle diversité des combats. Contrairement à certains péplums récents ou toutes les batailles se ressemblent au sein du même film: citons de mémoire les pitoyables "Troie" (Wolgang Petersen, 2004) et "Hercules, les guerres thraces" (Brett Ratner, 2014) Ici les scènes d'actions sont originales et variées (guerre contre les germains, bataille dans les arènes où interviennent char, tigre...)On ne saurait vraiment s'en étonner: n'est-ce pas Ridley Scott, le maître du spectaculaire, ayant prouvé sa valeur notamment dans "Alien" (1979) et "Blade Runner" (1982) qui est au commande? Et il prouvera de nouveau dans "La chute du faucon noir" (2001) et "Kingdom of heaven" (2004) son talent à mettre en scène l'action.
Malheureusement, le réalisateur n'échappe pas à ce qui est le gros défaut du cinéma hollywoodien: le sentimentalisme, ou plutôt la mièvrerie. Au risque d'être accusé de misogynie, je dois reconnaître une fois de plus que le personnage féminin est bien inutile et apporte les fameux et insupportables "bons sentiments" (avec les "je t'aime" et les "je ne veux pas te perdre"). Les rôles de Sophia Loren (dans "La chute de l'empire Romain) et de Connie Nielsen sont par ailleurs curieusement interchangeables avec le rôle de Jean Simmons (dans "Spartacus"), si on exclu le statut social, ces trois personnages ne servent qu'à créer une amourette avec le héros. A la limite, le rapport quasi incestueux entre le personnage de Connie Nielsen et celui de Joachim Phoenix qu'exploite le metteur en scène est assez inédit, mais Joachim Phoenix dans le rôle de Commode surjoue sa folie (je sais qu'on ne doit pas juger les gens sur les apparences, mais honnêtement, comment les sénateurs peuvent dans le film lui faire confiance?). Ici, on se remémore forcément l'excellente interprétation de Christopher Plummer dans le rôle justement de Commode. Le rapport Commode/Maximus est dans "Gladiator" beaucoup moins ambigue, et donc intéressant que celui de Commode/Livius dans "La chute.......".
A ce stade là, il y a donc un problème d'interprétation pour deux des trois acteurs principaux. Mais, miracle, Russel Crowe dans le rôle de Maximus. Le jeu et le rôle de cet acteur sont assez inhabituels dans le péplum. L'originalité du personnage de Maximus est qu'il offre un double rôle très alléchant qui sort du lot. En effet, la première partie du film nous présente un général romain fatigué, qui, tout en étant un très bon commandant, veut se retirer dans son domaine avec sa famille. Puis, après le massacre de sa famille, Maximus se mue en vengeur qui ne vit que pour tuer les assassins de sa famille. C'est un personnage somme toute assez noir, presque inhumain: "Qui est tu?" demande Commode, qui ne l'a pas reconnu, "je suis gladiateur" répond Maximus. Une réponse à double sens. Est-ce pour cacher son identité que l'ancien général donne cette réponse? A moins qu'il ne s'agisse d'une phrase à prendre au sens littéral, ce qui signifierait donc que cet homme n'est fait que pour le combat et pour la violence.
Voici en fin de compte un bon péplum qui brille par la "maestria guerrière", tout en conservant hélas un côté sur-larmoyant, propre à Hollywood. On ne s'appesantira pas sur les énooormes erreurs historiques .