Derrière ce titre sibyllin, c’est une nouvelle variation venue du Vieux continent du concept éminemment lié au Nouveau qu’est le super-héros et ses super-pouvoirs qu’on pourra découvrir. Sans surprise, cette approche française s’inscrit dans la lignée du ‘Vincent n’a pas d’écailles’ de Thomas Salvador : le pouvoir n’est ni bon, ni mauvais en tant que tel, et l’élu n’en fait pas grand chose : en tout cas, il ne se sent pas le moins du monde investi d’une mission providentielle. Le “héros” de ‘L’angle mort’, Dominick Brassan, peut se rendre invisible à volonté, et quoique ce pouvoir connaisse des ratées de plus en plus fréquentes, Dominick a d’autres préoccupations...car Dominick est un simple manutentionnaire dans un magasin de guitares, sort avec une femme riche et plus âgée pour qui il n’est qu’un amant noir cool parmi d’autres et entretient des relations difficiles avec sa famille : même dépourvu de son pouvoir, Dominick fait de toute façon partie des “invisibles”. Le point de départ est intéressant, la scène d’ouverture est parfaite mais à questionner fiévreusement la question de l’identité, du rapport au corps, de l’infantilisation, du spleen et de la solitude de l’individu moderne et à inclure la figure un rien prévisible de la belle aveugle en qui le protagoniste croit avoir trouvé une âme soeur inversée, les réalisateurs en oublient qu’un film avec des pouvoirs hors-norme se doit aussi d’être un minimum ludique, à un moment où à un autre. Ce n’est vraiment pas le cas ici : chaque manifestation de la super-capacité est une souffrance, qui laisse Dominick nu et désemparé, redoutant de devoir justifier sa disparition et de rester prisonnier de cet état invisible, et le ton professoral, même implicite, des auteurs-réalisateurs, lasse rapidement. Il y a quelques années, tout en prenant la peine d’aborder quelques éléments sérieux, un “garçon invisible” d’origine italienne m’avait nettement plus satisfait.