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Olivier Barlet
294 abonnés
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4,5
Publiée le 18 octobre 2019
La force de L’Angle mort est qu’il déjoue les plans d’analyse, les messages et les pédagogies trop rapides. Oui, Dominick est noir. (...) Ce n’est bien sûr pas neutre mais son personnage n’est pas issu de ses spécificités. Il aurait pu être blanc. Il est l’homme « sans qualités » (il partage avec celui de Musil l’ironie et l’effondrement). (...) Certes, le film parle d’invisibilité puisque cet homme a depuis l’enfance la faculté de disparaître à la vue des autres, la fatalité des minorités en société française. Mais l’histoire ne développe pas ce filon d’actualité. Et pourtant… Dominick n’a pas demandé d’avoir ce don. Cela le handicape plus que cela ne l’avantage. C’est pour lui une pente dangereuse, un trouble qui l’indispose. (...) Jusqu’à regarder celle qui perçoit davantage qu’il ne le soupçonne. Il apprend ainsi à regarder sans voir, à l’aveugle, c’est-à-dire percevoir. (...) Pour être invisible, il faut se dénuder. Pour regarder sans voir aussi, au sens de se rendre vulnérable. Cela pourrait s’appeler aimer. Mais il faut pour cela faire le deuil de son angle de vision précédent. C’est ce deuil que conte de façon décalée le film. (...) Savoir être invisible est-il un talent ou un destin dans une société qui méprise ses minorités ? (...) Dominick se dénude, marche, se remet en cause, ne lâche pas, tente de « faire pour le mieux ». Il cherche une voie où il cessera d’esquiver, incertaine mais créatrice, comme ce film, pour notre plus grand plaisir. (lire l'intégralité de la critique sur le site d'Africultures)
Un film très lent, très sombre... et un peu chiant. Les acteurs sont justes, l'idée est bonne, mais quelque chose ne prend pas. Au final on se demande un peu quelle était l'intrigue, et quel est l'intérêt.
On ne comprend pas trop bien où le film veut en venir, ni vers quoi ou vers qui il veut venir... Au bout d'une heure, le temps devient très très long, pénible. Le précédent film de Trividic / Bernard était plus beaucoup captivant parce que la grande Dominique Blanc donnait de l'épaisseur et du vif à son personnage. Il y a quelque chose qui ne marche jamais dans ce nouveau film : c'est son scénario trop abstrait et lourd auquel on a du mal à s'accrocher.
Un film qui avait une bonne idée de départ, originale et inédite, mais qui ne cesse de nous lancer sur de nouvelles pistes, toutes mal exploitées ensuite et surtout, toutes inabouties. Ce n’est donc qu’un exercice de style maladroit et inintéressant
Qui n'a pas rêvé de devenir invisible, ne serait-ce qu'un moment, et de devenir observateur du monde en toute sérénité, ou voyeur, pour les esprits les plus mal orientés. Mais si le prix à payer est une intense souffrance, comme dans le cas du héros de L'angle mort, non merci bien. Drôle de film d'ailleurs que celui-ci, assez insaisissable, comme l'homme invisible dont le mal-être est palpable et rejaillit sur l'ensemble d'un long-métrage imprévisible qui semble se situer en bordure de la fin du monde. Les réalisateurs, Pierre Trividic et Patrick-Mario Bernard, refusent absolument de se livrer aux spectaculaires et classiques apparitions/disparitions qui sont l'apanage du sujet qu'ils traitent. C'est bien et original mais guère gratifiant sur la longueur dans une tentative fantastico-poétique qui devient languissante, faute de mettre les points sur les i, réellement, et de parler plus clairement du racisme puisqu'il s'agit du thème caché. Même en étant sensible au climat étrange qui se dégage de L'angle mort, on a un peu de mal à se passionner pour une histoire qui fait de temps en temps appel à la voix off de son personnage principal ou suit brièvement d'autres protagonistes sans beaucoup de conviction. Le côté brouillon et assez confus du récit est par certains côtés sympathique mais débouche sur une vague frustration tant certains aspects prometteurs sont en fin de compte négligés (les faux suicides). Peut-être aurait-il fallu injecter un peu plus de comédie dans ce drame de l'homme invisible pour élargir un angle trop aigu ?
Une pépite! Dans un 19e arrondissement qui se révèle parfaitement cinématographique jean Christophe Folly crève l'écran. Un film étrange et plein d'humour, un vrai univers, À voir !
L'invisibilité a été maintes fois traité au cinéma, notamment dans des série B efficaces et critiques. Avec "L'angle mort", Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic ne renouent pas avec la dimension ludique de ce pouvoir mais avec toute l'angoisse qu'il peut contenir. Car pour Dominick, se rendre invisible n'a rien de confortable – il a pu abuser de ses capacités au moment de l'adolescence pour espionner les filles nues – et finit même par ne plus utiliser ce pouvoir, jusqu'à ce que ce dernier se détraque. Alors que Dominick devient progressivement invisible dans sa vie professionnelle, contraint de travailler dans un sous-sol de magasin de disques, et dont la vie sentimentale est compliquée puisqu'il refuse de s'engager clairement avec Viveka, il finit par perdre le contrôle sur son pouvoir et risque de devenir à jamais physiquement invisible. Cette peur d'un corps qui disparaît est mise en scène avec un sens de l'espace original : alors que le corps invisible devrait être libéré du regard des autres, le personnage semble au contraire davantage entravé. Il veut être rassuré, croire qu'il existe bel et bien en cherchant même à se convaincre que sa voisine aveugle pourrait le voir; mais celle-ci ne fera que le toucher dans une scène superbe et inattendue. Sur cette idée d'une disparition à tous les niveaux (corporel, social, affectif), le film sait déployer de belles idées de mise en scène, dont l'abstraction et la sensorialité s'harmonisent avec une interprétation décalée qui refuse tout esprit de sérieux, mais donne l'impression dans sa partie centrale qu'il a déjà tout dit et que sa capacité de développement n'est pas si large que ce que l'on était en droit d'espérer. Ce qui empêche "L'angle mort" d'être un film plus important, c'est donc sa difficulté à créer un trajet qui soit vraiment inédit – le final se replie d'ailleurs sur une touche sentimentale convenue – malgré une inspiration formelle indéniablement originale.
L'angle Mort est un excellent film fantastique Français, aussi éloigné que possible des Marveleries Hollywodiennes. Rien que pour ça, il vaut le coup d'oeil. Le casting est impeccable, avec notamment un remarquable Jean Christophe Folly, qui réussit à mettre une touche d'humour salvatrice dans un film souvent angoissant. Le scénario est remarquable, la réalisation aussi.
Avec "L'angle mort", Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic revisitent l'histoire de l'homme invisible avec ici Dominick qui a des problèmes avec son don. Un don qui n'en est pas vraiment un d'ailleurs et que Dominick n'a jamais considéré comme tel. Il faut dire que c'est loin du truc cool qu'on peut imaginer et voir d'autres films. Déjà, il faut qu'il soit nu, car les vêtements ne disparaissent pas avec lui et il n'est pas à l'abri de rester coincé de «l'autre côté». Il vit donc sa vie normalement, mais quand son don fait des siennes, cela a directement un impact sur sa vie et ses relations avec les autres. Les réalisateurs montrent l'envers du décor d'une telle capacité avec le personnage principal qui n'est pas à l'aise avec ça, ce qui peut surprendre. "L'angle mort" est vraiment différent de ce que l'on pourrait imaginer en lisant le synopsis. Il s'agit d'un drame qui aborde des choses intéressantes par rapport à ce don. Ces invisibles ne sont que le reflet des véritables invisibles, car l'histoire est totalement ancrée dans la réalité malgré sa base fantastique. La seule chose qui manque à ce film, c'est plus d'enjeux et une intrigue claire, car malgré le fait que la dimension psychologique soit intéressante, il manque une ligne directrice à l'histoire. Au final, c'est pas mal, mais ça pouvait être mieux.
J'avais pas mal aimé "l'autre" et ici cet homme qui vit sa différence comme un poids et comme une souffrance secrète arrive vraiment à nous toucher. La mise en scène est soignée et captivante. J'apprécie aussi le fait que l'homme veut vraiment s'en sortir et non comme ses comparses, même s'il utilise son don pour aller voir sa mère, ce dont on lui pardonne. On ressent aussi cette douleur venant de l'enfance qui l'a empêché d'être sûr de lui, d'être "vu" pour ce qu'il voulait être.
Dominick Brassan (Jean-Christophe Folly) mène une vie ordinaire en apparence. Il habite un modeste appartement dans une barre d’immeubles déshumanisée de la Place des Fêtes. Il travaille dans un magasin de musique où il refuse avec obstination les promotions que son patron lui propose. Il a une relation avec une marchande d’art Viveka (Isabelle Carré) mais n’accepte pas de lui donner un tour plus sérieux. Dominick Brassan cache depuis sa plus tendre enfance un don extraordinaire : celui de se rendre invisible. D’autres l’utilisent à des fins criminelles ou lucratives. Mais lui ne sait que faire de ce don embarrassant qui semble l’abandonner.
Le cinéma français se frotte au réalisme fantastique. Dans la série "Les Revenants" (qui, comme "L’Angle mort" fut écrit sur la base d’une idée de Emmanuel Carrère) la population d’une ville des Alpes voyait revenir à la vie ses morts. Récemment, dans "Vif-Argent", un jeune Parisien jouait le rôle de passeur entre la vie et la mort. Ozon dans "Ricky" imaginait l’émoi provoqué par un bébé qui vole. Et Bertrand Bonello tisait l'histoire d'un zombi haïtien et d'une sororité de lycéennes dans "Zombi child".
Ces tentatives sont séduisantes. Mais elles ne sont pas toujours convaincantes. Le réalisme fantastique est un genre délicat qui doit trouver un fragile équilibre sauf à tomber dans le gore ou dans l’insignifiance.
C’est l’écueil contre lequel s’échoue "L’Angle mort". Son héros ne sait que faire de son don. Manifestement, son réalisateur aussi. On pourrait imaginer que confier le rôle de cet homme invisible à un acteur noir porte un message politique sur l’impossible invisibilité du Noir dans la société française contemporaine. Il n’en est rien. Le rôle aurait pu être tenu par n’importe qui – ce qui, m’objectera-t-on à raison, est déjà, en soi un message politique sur l’indifférenciation des rôles dans un cinéma français qui a longtemps cantonné les Noirs (et les Arabes) dans des rôles d’immigrés ou de dealers.
La seule idée du scénario est de faire croiser au héros une guitariste aveugle (Golshifteh Farahani) incapable de le voir, qu’il soit visible ou invisible. Mais cette rencontre et les rebondissements qu’elle permet ne suffit pas à donner à elle seule à "L’Angle mort" le nerf qui lui manque désespérément.
Dix ans après le déjà très étrange L'autre, revoilà Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic. Avec encore un film qui sort des sentiers battus et qui mérite que l'on s'y attarde. A peu près les mêmes sentiments que pour le film avec Dominique Blanc. Une mise en scène superbe, un scénario parfaitement écrit, mêlant multitude de thèmes, pour des personnages bien définis et un récit captivant devenant même fascinant au fur et à mesure du déroulé de l'histoire. L'ambiance est sombre, inquiétante, mais toute autant mélancolique. C'est aussi souvent très drôle. Ce super (anti-)héros qui perd son don (finalement assez encombrant), et a bien du mal à gérer la chose, est superbement interprété par l'inconnu Jean-Christope Folly, parfait. Il est très bien entouré par les toujours excellentes Isabelle Carré et Golshifteh Farahani qui livrent de jolies prestations. Mais la surprise vient surtout de Sami Ameziane (Le comte de Bouderbala), il est aussi étonnant que convaincant. Au final, L'angle mort est un film aussi atypique qu'intriguant, peut être pas très facile d'accès, mais qui ne laisse pas indifférent,. Sorti dans un total anonymat, il risque malheureusement d'être très peu vu. En total opposition aux films de super héros hollywoodiens, voilà une curiosité des plus intéressantes. Une vraie belle surprise. Envoutant et fascinant.
L’angle mort de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic a été présenté au festival de Cannes cette année dans la sélection ACID. Ce film fragile au budget contraint est un vrai film de genre qui surprend dans le paysage cinématographique français actuel. Outre la belle direction d’acteurs, L’angle mort bénéficie d’un scénario porté par une belle originalité. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/2019/10/23/langle-mort/
Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic revisitent le mythe de l’homme invisible avec « L’angle mort ». Dominick a le pouvoir de se rendre invisible depuis sa naissance. Ce don est un véritable secret puisqu’il n’en parle même pas à sa fiancée. Dominick n’est pas le seul à avoir cette faculté. Mais depuis quelques temps de nombreux suicides portent à croire que ce sont en réalité des personnes de cette communauté qui tuent des personnes. De plus, plus ils vieillissent, plus la transformation semble difficile. « L’angle mort » est un film fantastique ancré dans une réalité inquiétante où le pouvoir n’apparaît pas comme un cadeau du ciel. Les réalisateurs métaphorisent en fait les exclus de la société et donnent une dimension froide et un sentiment perplexe à l’œuvre. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com