Le Christ aveugle : les secrets du tournage

Christopher Murray a toujours été obsédé par le rapport que les individus entretiennent avec la foi. C'est dans cette optique qu'il a voulu raconter l'histoire d'un homme qui veut accomplir un miracle dans le désert. Il précise :

"Je dois reconnaître que cette idée de départ, que j’avais développée au sein de la Cinéfondation, était un peu intellectuelle. En faisant des recherches pour le film, j’ai entendu parler de la Pampa del Tamarugal. Dans ce lieu désertique, j’ai rencontré les personnages qui allaient être le coeur battant de mon récit. Mon histoire, qui était un peu abstraite au début, s’est chargée d’émotion. Pour moi, ce sont ces deux moments qui accompagnent la création de mon film. Une idée qui s’est incarnée au fil de mes rencontres avec les habitants."

Dans Le Christ aveugle, Christopher Murray a voulu faire un film ayant trait à la foi mais qui ne se réfère pas à l’institution religieuse. "Ce qui m’intéresse, c’est la façon dont se construit notre rapport à la foi et comment se façonnent les mythes. C’est pourquoi on ne voit pas de prêtre mais des gens appartenant à une région bien particulière dans des situations spécifiques. Quand on se débarrasse de l’institution et qu’on s’attache à l’intimité des personnages, on est plus libres d’observer leurs liens avec la foi", explique-t-il.

A l'origine, Christopher Murray était parti pour faire des mois de casting et auditionner une centaine de comédiens dans le but de trouver l'interprète de Michael. Mais quelqu'un lui parlé de Michael Silva et lorsque le metteur en scène le rencontra, il sut tout de suite qu'il serait parfait pour se glisser dans la peau du personnage principal.

Le capitalisme peut être vu dans Le Christ aveugle comme le faux prophète du film selon le metteur en scène Christopher Murray : "Le capitalisme est un mythe que nous avons construit. Il nous a donné foi dans le progrès et le développement économique. Mais actuellement, nous traversons une crise qui remet en cause ce modèle fondateur. Nombre de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté, la répartition des richesses est inégale et nous en portons la responsabilité car nous avons accordé notre foi au capitalisme. Quand il y a une absence de sens, forcément, on en crée un."

Christopher Murray a travaillé avec le célèbre directeur de la photographie Inti Briones qu'il connaît depuis longtemps. Les deux hommes ont décidé, sur Le Christ aveugle, d'utiliser la lumière naturelle au maximum. "Cette approche permet de restituer le rythme et l’esprit du lieu. Il en va de même pour les éléments naturels comme le vent. On ne voulait rien fabriquer mais plutôt saisir l’âme du lieu. Il s’agissait d’exploiter les ressources qui étaient mises à notre disposition et de les restituer. C’est de cette manière organique qu’on incarne une histoire", se remémore-t-il.