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    Le Silence des autres
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    Chris58640
    Chris58640

    213 abonnés 759 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 février 2019
    A la mort de Franco, le Parlement espagnol à voté en 1977 une loi d’amnistie générale : les prisonniers politiques du franquisme étaient immédiatement libérés et, en contrepartie, leur geôliers, leur bourreaux ne seraient jamais inquiétés. Cette loi de 1977, qui voulait imposer l’oubli par la force dans l’esprit des espagnols, est aujourd’hui elle-même devenue une prison : elle oblige des victimes à vivre à deux pas de leur bourreaux, elle prive des vieilles dame de la dépouilles de leur père, de leur mère, de leur frère, elle empêche la société espagnole d’avancer, d’une certaine manière même, elle paralyse la vie politique espagnole. « Le Silence des Autres » (mauvais titre pour un très bon film) est un documentaire de 90 minutes, produit par Pedro Almodóvar et mis en scène par Almundena Carracedo et Robert Bahar, que j’ai eu la chance de voir hier en compagnie d’une fille et d’une petite fille d’exilée espagnole. Le sujet central de ce documentaire, n’est pas la Guerre Civile ni même le Franquisme, mais le combat actuel des victimes et des descendants de victimes pour briser cette loi de 1977 et permettre enfin, avant qu’il ne soit trop tard, que Justice soit faite. Dans sa forme, le documentaire est bien calibré, pas trop long et même s’il est parsemé de scènes très fortes, voire carrément bouleversantes, il reste tout à fait accessible au plus grand nombre. Nul besoin d’être très au fait de l’Histoire de l’Espagne pour toucher du doigt les enjeux du combat de ces hommes et de ces femmes. Ce combat qui est le leur est le même que dans toutes les Dictatures échues, c’est un combat pour la Justice, pour la Dignité, pour l’Histoire, des valeurs ô combien universelles. Le documentaire choisi deux axes : l’axe chronologique et l’axe thématique. Chronologiquement, après une courte évocation historique, le combat commence… en Argentine. La Justice espagnole, muselée par la loi de 1977, ne peut entreprendre des démarches contre les franquistes encore vivants. Alors, au nom de l’Universalité des Droits de l’Homme et des crimes contre l’Humanité, c’est à 10 000 km de Madrid que tout démarre, dans un pays, l’Argentine, qui sait douloureusement ce qu’est une dictature militaire. Une juge argentine, une petit bout de femme opiniâtre et volontaire, lance une procédure avec au départ 2 plaignants. La tache d’huile d’étend en Espagne, où les victimes et leur héritiers s’organisent, militent, font du lobbying, ameutent la presse et une opinion publique quasi hostile. C’est à croire que cette loi de l’Oubli à bien fonctionné, puisque la jeunesse espagnole ne sait rien et que les autres ne veulent plus en parler. Eternel combat que celui de la Mémoire, entre les partisans du franquisme encore très actifs (et qui ont un salut qui ressemble beaucoup trop au salut nazi pour que cela soit interprété autrement), un partie de la droite espagnole qui refuse tout, même de débaptiser les noms de rues d’assassins et l’immense majorité d’un peuple espagnol qui regarde ailleurs, leur combat n’en est que plus héroïque. Cette course contre la montre est incarnée par le premier personnage qui apparait dans le film : une très vieille dame qui veut récupérer les restes de sa maman, enterré dans une fosse commune sur laquelle on a construit une voie rapide. Cette veille dame, qui finira par succomber, va transmettre son combat à sa fille : la course contre la montre devient un relais. Elles sont âgées, ces victimes, et le combat qui à commencé en 2010 dure toujours. L’instruction est toujours en cours, le nombre des plaignants s’accroit et le documentaire le montre très bien : ce sera long mais ce qui est entamé ne pourra plus être stoppé. Le second axe du documentaire est plutôt thématique et il donne la parole à des victimes différentes. Il y a les veilles dames qui veulent récupérer les dépouilles de leurs parents, et celles qui ne savent même pas où elles se trouvent, il y a ceux et celles qui ont été torturé dans leur chair par des policiers qui vivent aujourd’hui à deux rues de chez eux, et il y a celles à qui ont a volé leur bébé (un grand classique des Dictature du XXème siècle). Si les dictatures d’Amérique Latine ont produits des centaines de milliers de victimes en quelques années seulement, alors imaginez combien de victimes pour une dictature qui a duré 40 ans, au sein du continent européen, à quelques kilomètres de la France ? Une scène restera à mes yeux la plus forte du documentaire, c’est la scène d’ouverture de la fosse commune de la fin du film. Les corps sont là, pêle-mêle, il ne reste que les squelettes et… au milieu des os, l’éclat métallique de la balle qui les a tués. Quand bien même il ne resterait que de la poussière, la balle serait toujours là : la balle, c’est le Franquisme Espagnol. Je termine cette critique avec un bémol, un gros bémol : où est l’Eglise Catholique dans ce réquisitoire ? Nulle part ! Quand on sait que c’est elle, la base fondatrice du Franquisme, que c’est elle, la grande gagnante de la Dictature, que c’est elle qui a guidé (et absous) la main des bourreaux, des tortionnaires, des médecins voleurs d’enfants, où est-elle ? Cette Eglise Espagnole est-elle encore intouchable aujourd’hui ? Si l’Espagne veut faire son devoir de mémoire, elle devra faire aussi le procès de l’Eglise Catholique : y est-elle prête ? Visiblement pas…
    Les choix de pauline
    Les choix de pauline

    133 abonnés 250 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 février 2019
    Très bon documentaire au long court sur la lutte des victimes du franquisme à faire reconnaître leurs droits à la justice.
    Je connaissais assez bien le franquisme et ses exactions, j’étais admirative de la manière dont l’Espagne était redevenue une démocratie moderne et dynamique mais en fait,j’avoue que je n’avais pas idée du black-out total qu’il y avait eu sur le franquisme. La page a juste été tournée sans conséquences aucunes pour les tortionnaires. Les rues , dans lesquelles j’ai dû déambuler, portent encore leurs noms, les élèves n’apprennent rien sur cette période.... Sidérant.
    Un beau film sur la résilience et la force de résistance qui finit parfois par payer!!
    A voir.
    poet75
    poet75

    272 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 février 2019
    Maria Martin est une octogénaire qui, régulièrement, marche le long d’une route jusqu’à un endroit bien précis où elle dépose des fleurs. C’est là, affirme-t-elle, qu’est enfouie la dépouille de sa mère, jetée dans une fosse commune avec d’autres victimes du régime de Franco. Arrêtée sans raison, déshabillée publiquement, tondue, traînée par les rues de son village, la jeune femme a été exécutée et son cadavre abandonné dans ce lieu. Sa fille, aujourd’hui une vieille femme, n’a pas oublié.
    Et comment le pourrait-elle ? Comment tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont été les victimes des tortionnaires franquistes pourraient-ils oublier ? C’est pourtant, comme le souligne cet impressionnant documentaire, l’injonction qui leur a été faite au lendemain de la mort de Franco. Une loi d’amnistie, votée en 1977, a prétendu effacer tout ce qui s’était produit sous la dictature, tout en prenant bien soin cependant de ne nuire à aucun de ceux qui s’étaient rendus complices du régime franquiste, y compris en pratiquant la torture et en exécutant de supposés opposants. Mais peut-on décréter l’oubli ? Peut-on l’imposer ?
    En Espagne, ceux qui sont nés après la mort du caudillo ne savent pas grand-chose de ce qui s’est passé dans leur pays pendant la dictature. A l’école, les livres d’histoire n’en parlent pas. On est sommé d’oublier, alors même que des rues portent encore des noms associés au régime de Franco. Heureusement, certains de ceux qui ont été les victimes du franquisme ou qui en sont les descendants ont entrepris de briser le silence et ils ont engagé une action en justice. Or, comme, du fait de la loi d’amnistie, il n’est pas possible de mener à bien une procédure judiciaire en Espagne, c’est la juge Maria Servini qui, en Argentine, s’est emparée du dossier.
    En donnant la parole aux victimes du franquisme, en rappelant que, pendant la dictature, furent volés un nombre impressionnant d’enfants au nom d’un abominable eugénisme, en montrant les efforts de tous ceux qui se sont associés pour faire la vérité, identifier les restes des cadavres entassés dans des fosses communes, les réalisateurs de ce documentaire ont fait une œuvre salutaire et ils contribuent à ce qu’on appelle le devoir de mémoire. Et ils ont raison de le faire car non, il ne faut pas oublier les crimes commis en Espagne et dans tant d’autres pays pendant les dictatures. Il faut d’autant moins oublier que les tentations de laisser parler la peur, voire la haine, d’autrui sont grandes aujourd’hui.
    Jmartine
    Jmartine

    168 abonnés 674 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 février 2019
    Le Silence des autres ou la justice contre l’oubli…documentaire de Almudena Carracedo et Robert Bahar, produit par Pedro Almodovar….Quand un pays gratte son histoire et sa mémoire là où elles démangent, cela donne au cinéma d'émouvantes images de douleur et de combats partagés, de solidarités retrouvées. C'est un autre visage de l'Espagne qui se dévoile, loin du folklore et de la movida, dans un film déjà récompensé au festival de Berlin en 2018 et couronné il y a quelques jours du Goya du meilleur documentaire du cinéma espagnol à Madrid. Pendant près de 40 ans, le général Franco a dirigé un régime politique dictatorial avec le titre de Caudillo (Chef ou guide). . En 1977, 2 ans après la mort de Franco, le Parlement espagnol vote une loi d’amnistie : On ouvrit les prisons, les exilés purent revenir en Espagne, les crimes politiques furent amnistiés. Ce « pacte du silence » ou « pacte d'oubli » fut scellé par l'ensemble des partis politiques espagnols pour ne pas remettre en cause le passé et se projeter vers l’avenir….Dans les faits, elle interdisait de juger les crimes franquistes… Les mêmes politiciens, juges, fonctionnaires, chefs d'entreprises, etc., sont restés aux commandes…Cette loi servit d’ailleurs de modèle à d’autres pays ayant vécu une chute d’une dictature….
    La période qui va de la fin des années 90 et le début des années 2000 est marquée par la contestation du « pacte d’oubli » de la transition espagnole. De nombreuses victimes du franquisme, elles-mêmes relayées par les associations et les partis politiques dans l’opposition, dénoncent une illusion de réconciliation fondée sur le silence et l’absence de justice rétroactive … L’Espagne qui avait avec fierté’, obtenu l’arrestation du dictateur chilien Augusto Pinochet, au nom de ce principe qui rend imprescriptibles les crimes commis contre l’humanité, bloque sur ses propres dossiers. Le juge Garzón, triomphal sur le dossier Pinochet, se cassera les dents et brisera sa carrière en voulant enquêter sur les crimes du franquisme. Le Silence des Autres est un documentaire terrible et douloureux mais indispensable. Pendant six ans les réalisateurs Almudena Carracedo et Robert Bahar ont suivi un groupe de victimes de la dictature de Franco, des gens qui cherchent le corps d’un membre de leur famille pour lui donner une digne sépulture ou des hommes ou des femmes qui ont souffert la torture ou le vol d’un bébé, et qui ont décidé de saisir la justice. Mais ils ne peuvent pas le faire dans leur propre pays car la loi d’amnistie empêche toute procédure, donc ils vont partir en Argentine pour qu’un tribunal international puisse juger les tortionnaires encore vivants, car les « crimes contre l’humanité » n’ont pas de prescription. Le film met un visage sur des victimes, ce ne sont pas des chiffres mais des personnes en chair et en os comme María Martín, une octogénaire qui peut à peine marcher mais qui continue à chercher le corps de sa mère ou José María Galante « Chato », que se bat pour condamner son tortionnaire « Billy el niño » qui habite à quelques pâtés de maison de chez lui… La réussite du film est de montrer qu'une communauté aux cheveux grisonnants s'est formée, redonnant un sens à toutes ces luttes individuelles, rendues muettes et invisibles par la loi d'amnistie, et du même coup, un espoir en l'avenir , et qui veulent réconcilier l’Espagne avec sa vérité, malgré l’incapacité actuelle de l’Espagne à faire face à cette vérité, le gouvernement ayant systématiquement refusé de donner suite aux demandes d’arrestation et d’extradition de la justice argentine. « Rien ne doit réveiller les vieilles rancœurs », déclarait encore récemment le roi Felipe VI. Les victimes n’ont, elles, pas d’autres espoirs que d’obtenir un jour l’abrogation de la loi d’amnistie...Nous retiendrons du film que c’est en bonne voie …
    beida
    beida

    5 abonnés 55 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 4 mars 2019
    Documentaire militant qui prend de façon manichéenne le point de vue de victimes du franquisme, en occultant les violences équivalentes des Républicains, et surtout en faisant peu de cas de l'esprit et de la lettre du "pacte d'oubli", voté à la quasi-unanimité par les Cortes en 1975. Ces victimes s'illusionnent en croyant contourner cette loi en ayant recours à la justice argentine, au nom d'une prétendue compétence universelle.
    Il est permis de considérer que cette loi est le socle sur lequel s'est construite la démocratie espagnole, et que vouloir le saper au nom d'intérêts particuliers est une profonde erreur.
    velocio
    velocio

    1 311 abonnés 3 140 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 mars 2019
    Un beau documentaire, sobre et honnête, sur les conséquences du "pacte de l'oubli", loi d’amnistie votée en 1977 par le Congrès espagnol et qui a empêché la justice de faire son travail sur les crimes innommables commis sous la dictature de Franco : actes de tortures, meurtres, bébés volés, etc.
    mazou31
    mazou31

    96 abonnés 1 284 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 novembre 2019
    Film ou plus exactement documentaire d’une grande force percutante. On est impressionné par le choc des images, d’actualité ou d’archives, le courage et la dignité des victimes, forcément agées, mais aussi de leurs assistants dans ce combat magnifique pour la vérité. Pour faire leur deuil, pour libérer leurs souvenirs douloureux. Mais la chape de plomb, posée par des salauds encore vivants parfois, solidifiée par la lâcheté de beaucoup, permet que l’oubli prime la vérité. Il semble que ce soit propre à tous les pays qui ont des périodes “sales”. Et la France avec la collaboration des années 40 puis la Guerre d’Algérie a pu aussi faire quelques films de “résurgence”. Mais le plus important dans ce documentaire est de mettre de côté l’Histoire, même gluante, pour se pénétrer des bouleversantes attitudes des survivants. Un modèle dans tous les composants de la réalisation. On n’est pas près d’oublier certains vieux visages ridés et douloureux
    ANDRÉ T.
    ANDRÉ T.

    81 abonnés 484 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 18 février 2019
    Moins enthousiaste que certains, pourquoi ?
    Les horreurs exposées, dépassent largement le cadre de l'Espagne et sont universels !
    Charniers d’opposants au franquisme, bébés enlevés à leur mère, autres horreurs…...
    Il semble à la lumière de ce document que l’Espagne n’a pas tourné la page du franquisme
    et garde précieusement la poussière sous le tapis.
    Qui pour leur jeter la pierre ?
    En France, avons nous tourné la page de la collaboration de la 2ème guerre mondiale, ou
    plus récemment, celle de la guerre d’Algérie ?
    L‘Allemagne et le nazisme, l’Afrique du Sud et l’Apartheid, le Cambodge et les Khmers rouges….
    Dans chaque région du monde, il y a des zones d’ombres indélébiles…..

    Comment continuer à vivre ensemble ? Le Pardon, la Mémoire ?
    La Vérité Historique reste nécessaire et impérative, tôt ou tard.
    Ça pose des interrogations sur « l’espèce humaine »
    Yves G.
    Yves G.

    1 481 abonnés 3 497 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 février 2019
    En 1977, deux ans après la mort du Caudillo, la jeune démocratie espagnole vote une loi d'amnistie générale qui exonère de leurs responsabilités les auteurs de crimes commis sous le franquisme. Entre l'oubli et la justice, l'Espagne post-franquiste choisit l'oubli. Entre la repentance et la réconciliation, elle préfère la réconciliation.
    Mais la mémoire a la vie dure. En 2010 plusieurs victimes du franquisme et leurs ayants-droits décident de se regrouper Maria Martin a vu disparaître en 1936 sa mère, froidement exécutée durant la Guerre civile, et se bat pour retrouver ses restes. José Maria Galante est un étudiant torturé sous le franquisme dans les geôles de la DGS qui vit aujourd'hui à une encablure de son tortionnaire, lequel n'a jamais été poursuivi. Cécilia est une fille mère dont l'enfant lui a été volé à la maternité pour être confié à une famille respectable tandis qu'on lui prétendait qu'il était décédé.
    Faute de pouvoir saisir la justice espagnole, ces victimes décident de se porter partie civile en Argentine au nom de la loi de justice universelle. Un juge d'instruction est désigné. Le Silence des autres raconte son enquête.

    Récemment distingué par le "Goya" du meilleur documentaire, "Le Silence des autres" est une œuvre aussi déchirante qu'intelligente. Elle lève le voile sur les crimes du franquisme et sur le combat courageux d'une poignée de victimes qui entendent les dénoncer.
    Non sans manichéisme, il nous présente le "pacte d'oubli" scellé en 1977 comme une décisions haïssable. C'est oublier le dilemme qui se pose aux sociétés post-totalitaires qui tentent, au lendemain d'une page traumatisante de leur histoire, de restaurer le vivre-ensemble. Instruire de longs procès qui risquent de rouvrir des plaies qu'on veut cicatriser ? ou aller de l'avant en tournant le dos au passé ? C'est aussi oublier les termes dans lesquels se pose la fin d'une dictature : sans la promesse d'une amnistie, les autorités ne seront guère incitées à quitter le pouvoir.

    Mais, comme le montre l'Histoire, sous toutes les latitudes, quelles que soient les circonstances, plus ou moins pacifiques, dans lesquelles s'est opérée la transition, le désir de justice finit tôt ou tard par s'exprimer.
    C'est ce qui se passe en Espagne, souvent présentée comme l'exemple d'une société réconciliée sur une amnésie.

    "Le Silence des autres" est profondément émouvant qui suit des gens de peu, souvent au crépuscule de leur vie, hantés par un "passé qui ne passe pas". La plus touchante est peut-être Asunción, une octogénaire fluette mais toujours élégante, qu'on découvre à l'aéroport de Madrid, au moment d'embarquer pour l'Argentine où elle ira témoigner, un peu dépassée par l'intérêt médiatique que son action suscite. Les plus traumatisantes sont ces mères qui combattent pour retrouver leurs bébés disparus - pendant et même après la dictature franquiste - dont on regrette qu'on n'en sache pas plus sur le succès ou l'insuccès de leur combat.

    "Le Silence des autres" est aussi profondément instructif sur les stratégies juridiques déployées au service de ce "travail de mémoire". L'une est l'abrogation de la loi d'amnistie de 1977, hélas bloquée par les forces conservatrices espagnoles - le parti populaire de Aznar et de Rajoy n'a pas le beau rôle. L'autre est le détour par un pays ayant adopté une loi de compétence universelle permettant de poursuivre, en tous temps et en tous lieux, les auteurs de crimes imprescriptibles. On imagine aisément les difficultés diplomatiques que soulève la mise en œuvre de cette compétence universelle. On se souvient de l'imbroglio juridico-diplomatique causé par l'arrestation d'Augusto Pinochet en 1998 au Royaume-Uni. On connaît les difficultés soulevées par la mise en œuvre de la loi belge de 1993 qui, si elle a permis la mise en cause de Sharon, de Bush senior et de Cheney, fut promptement abrogée. On constate, à suivre les efforts inlassables de la juge argentine et des victimes espagnoles, que les voies de la justice sont laborieuses et que les accusés vieillissants, tel Pinochet au Chili, mourront avant d'être jugés.
    Ufuk K
    Ufuk K

    520 abonnés 1 478 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 février 2019
    " le silence des autres " produit par pedro Almodovar est un documentaire édifiant sur l'Espagne sous la dictature de Franco. En effet nous suivons le combat d'une poignée espagnole qui se bat pour la condamnation de certaines politiques qui ont pratique des crimes horribles pendant la présidence de franco et protège par une loi aberrante de 1977 dans un récit glaçant, émouvant et nécessaire.
    soulman
    soulman

    88 abonnés 1 225 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 février 2019
    Un modèle de documentaire, abordant un sujet sensible avec les qualités d'une investigation remarquable. Les différentes étapes de la lutte sont remarquablement exposées, les témoignages judicieusement choisis, tout comme les images d'archives. Un film émouvant et intelligent à projeter devant toutes les classes du secondaire.
    In Ciné Veritas
    In Ciné Veritas

    90 abonnés 922 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 25 février 2019
    Pendant sept ans, Almudena Carracedo derrière la caméra et son époux Robert Bahar à la prise de sons ont saisi les témoignages d’anciennes victimes ou parents de victimes des exactions perpétrées durant la dictature de Franco. Le silence des autres raconte ainsi le combat d’un groupe de citoyens espagnols pour briser le silence imposé à toute une nation par le « pacte de l’oubli ». Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
    mat niro
    mat niro

    356 abonnés 1 833 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 avril 2019
    Ce documentaire sur les exactions commises sous le régime de Franco est tout à fait édifiant. En effet, grâce aux témoignages de survivants, on peut suivre le parcours du combattant de ces gens torturés ou ayant perdu un proche. Le titre du film porte très bien son nom tellement une partie du peuple espagnol cautionne ou ignore ce passé terrible. Un devoir de mémoire intelligent avec une multitude d'images d'archive glaçantes.
    cyclo86
    cyclo86

    15 abonnés 129 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 février 2019
    Après la mort de Franco, a été votée une loi d’amnistie générale, qui certes a permis la libération des prisonniers politiques, mais qui interdisait de revenir sur les crimes franquistes. Elle était censée devenir un pacte de l’oubli. Mais l’oubli de quoi ? Des bourreaux et des tortionnaires qui, pendant près de quarante ans, ont jugulé toute opposition, ont torturé et assassiné en toute impunité et sans laisser de traces (cf les nombreux disparus qui gisent dans environ 3000 fosses communes), ont volé des enfants à des familles républicaines pour ne pas qu’ils soient nourris de mauvaises idées et aussi à des mères célibataires à qui on faisait croire que leurs bébés étaient morts, pour les punir d’avoir fait un enfant hors mariage ?
    Aujourd’hui, tant les familles des disparus que les mères en question réclament justice. C’est ce que montre le formidable documentaire réalisé par Almudena Carracedo et Robert Bahar, Le silence des autres. Des douzaines, des centaines de témoignages ont été portés devant une cour de justice de Buenos Aires (puisque c’est impossible de juger en Espagne), les crimes en question étant qualifiés de crimes contre l’humanité. Les enfants et familles des victimes disparues (120000 environ) demandent l’exhumation de leurs restes, les mères de bébés volés (30000 tout de même !) réclament des comptes. L’Espagne n’en finit pas de clore ce passé, cette mémoire historique ; il a fallu briser un tabou. Le film est passionnant qui nous montre la souffrance des familles et de ces mères, leur tragédie d’avoir été obligées de taire leurs histoires pendant trente ans, au point que les jeunes Espagnols d’aujourd’hui ne savent rien du franquisme !
    Frédéric P
    Frédéric P

    15 abonnés 185 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 février 2019
    Documentaire extrêmement émouvant sur la mémoire du franquisme refoulée. On comprend pourquoi la transition a conduit à l’amnésie. La loi d’amnistie de 1977 afin d’amnistier les opposants a aussi amnistié les bourreaux franquistes.
    Le documentaire montre comment des descendants de victimes luttent pour rouvrir les fosses communes et poursuivre les criminels en contournant la loi d’amnistie en passant par l’Argentine et la compétence universelle sur les crimes contre l’humanité.
    On reste étonné de voir que le débaptême des rues de Madrid portant les noms de criminels n’a eu lieu que très récemment.
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