Un film (et non un documentaire) très original sur l’expérience de la cécité vécut par John Hull, universitaire britannique. Ce dernier a perdu progressivement la vue au mitan de sa vie, et a retranscrit dans des enregistrements audio, ses réflexions sur la cécité, et l’apprentissage de ce handicap. C’est à partir de ces enregistrements et de ces travaux, qu’est tiré le film.
Malgré un rythme un peu lent, il nous offre une expérience où l’ouïe, la vue, et le toucher sont sollicités dans un entrelac synesthésique. Le travail sur l’image et le son, fait de flous, de contre-jour et de luminosités changeantes, de sons infimes ou exacerbés, tente de nous rendre perceptible la réalité de l’aveugle. La scène de pluie est en ce sens merveilleuse et emprunte de poésie, car elle rend sensible tout un univers qui était jusqu’à la presque invisible à nos sens, en construisant un paysage sonore. Les visages sont également masqués ou tronqués par le cadrage, de la même manière qu’ils le sont à John, à l’exception de celui de sa femme qu’il a connu étant voyant.
D’un esthétisme poussé, le film est également philosophique puisqu’il interroge les notions de volonté, d’arbitraire, de solitude, d’amour.
30.12.17