Piège fatal est un petit film roublard assez typique d’ailleurs du cinéma de Frankenheimer, tout du moins de ses films mineurs.
L’histoire part sur une idée originale, mais finalement le milieu du film n’a pas un grand relief. On assiste aux tentatives du héros pour fuir l’équipe de Sinise, et ça manque d’enjeux réels, le suspens n’est pas vraiment au rendez-vous car on se doute bien qu’Affleck ne va pas mourir au milieu du métrage, et il y a quelques facilités scénaristiques, et quelques lourdeurs sur la fin (et le méchant, il parle, il parle, et en général ça ne lui porte pas chance !). En fin de compte, Piège fatal est à l’image de son titre, un peu quelconque niveau histoire, même si je retiendrai tout de même de belles scènes d’action qui viennent régulièrement mettre un peu de piment, quelques beaux revirements de situation, notamment dans la dernière partie, et un spectacle finalement pas antipathique à regarder.
L’interprétation n’est pas désagréable non plus. Ben Affleck endosse sobrement la peau du héros, et sans livrer une interprétation déterminante il ne fait pas une contre-performance non plus. Comme souvent il est un peu trop sobre, et il lui manque cette détermination qui pourrait le transcender. Reste qu’il est correct, face à deux acteurs de qualité : Gary Sinise, trop rare au cinéma, et Charlize Theron, dans un rôle ambigu qui ne manque pas de saveur, alors même que l’actrice qui joue de ses charmes ici, est un peu terne. Dans les seconds rôles on reconnaitra avec plaisir Danny Trejo, très mutique, Isaac Hayes, cette bonne vieille trogne de Dennis Farina, bref, un casting viril comme Frankenheimer les affectionne.
Sur la forme c’est du cinéma carré, traversé de quelques envolées de violence aux allures rétro très sympa. Rien de fabuleux, mais une photographie élégante, une ambiance de Noël originale qui recommande ce film pour la fin de l’année, d’autant qu’on a aussi quelques chants traditionnels à la bande son, une mise en scène qui, sans être spécialement imaginative, est toujours de qualité dans l’action. Frankenheimer réussit surtout ces scènes qui rappellent les bons Walter Hill, et qui ont une patine eighties par leur violence simple et réaliste, sans surenchère, mais sans consensualité non plus.
Franchement, Piège fatal correspond assez à ce que j’attendais. Une petite série B de luxe avec quelques twist pour maintenir l’intérêt, mais qui avance sur un chemin bien calibré. Ce n’est pas le genre de film qui marque, mais pour une soirée c’est très suffisant. 3.