Cela fait 48 ans que Nour est parti travailler en France, sur des chantiers de construction. Très régulièrement, il a envoyé de l'argent à Rekia, son épouse, restée au pays. Presque chaque été, il est revenu en Algérie, elle et lui ont eu des enfants et, maintenant, ce sont des petits enfants qui viennent au monde. Le petit dernier, il n'en connait même pas l'existence car, bien qu'étant dorénavant à la retraite, il n'est pas rentré au pays et cela fait même 4 ans que Rekia n'a plus aucune nouvelle de lui, 4 ans qu'elle a perdu sa trace.
Face à cette situation qu'elle vit très mal, Rekia décide de suivre les traces de Nour : le car jusqu'à Alger, le bateau entre Alger et Marseille, le train (le TGV, désormais) entre Marseille et Paris. Reste alors le plus difficile : trouver le lieu où loge Nour. Quand bien même la solidarité n'est pas un vain mot chez certains de nos compatriotes, en particulier chez ceux qui accueillent des syriens ou d'autres immigrés, Rekia arrivera-t-elle à retrouver Nour et, à supposer qu'elle y arrive, Nour acceptera-t-il de la suivre en Algérie ?
A la lecture de ce qui précède, on peut penser que la matière nourrissant ce film est particulièrement légère. Ce n'est pas totalement faux, mais l'expérience montre que ce n'est pas forcément le poids du scénario qui fait la valeur d'un film. Dans ce qui est son premier long métrage, avec quelques très beaux plans qui rattrapent largement quelques petites maladresses, Lidia Terki nous introduit avec beaucoup de tendresse dans cet univers des immigrés retraités, ces "chibanis", ces "invisibles" qui ont passé leur vie à travailler et qui ne sont ni d'ici, ni de là-bas. Sans jamais tomber dans un sentimentalisme racoleur, elle réussit à émouvoir les spectateurs, en particulier lors de l'accueil de Rekia par les deux sœurs Tara et Damia.
Présente dans pratiquement toutes les scènes du film, la comédienne franco-algérienne Tassadit Mandi le porte avec beaucoup de talent. Les rôles de Tara et de Damia sont remarquablement interprétés par Karole Rocher et Marie Denarnaud, deux comédiennes qu'on aimerait voir plus souvent dans des rôles importants. Zahir Bouzerar, Sébastien Houbani et Dan Herzberg complètent avec bonheur la distribution.