Si l’on veut une preuve que la biodiversité existe, sans se prendre trop la tête, allez voir Blue.
C’est le 9ème film de Disneynature (en 10 ans), qui sortira ailleurs sous son titre original Dolphins pour Earth Day (22 avril en 2018), comme souvent pour Disneynature.
Blue est un film distrayant et utile. Et bien que la nature soit souvent très effrayante, ça convient aux enfants. Par exemple, on voit une seiche avaler un crabe, mais on ne voit pas un orque manger un baleineau –ce serait trop pour notre sensibilité de mammifère… C’est d’ailleurs sûrement un des partis pris des auteurs et un pari. Et c’est un pari réussi, même si certains verront toujours une nature un peu dénaturée ou de l’anthropomorphisme (comme montrer un animal ‘gentil’, un autre ‘méchant’) –de même que d’autres enrageront à cause d’une voix-off trop apaisante, d’une musique trop bruyante...
Un autre parti pris et un pari est que les auteurs ont limité le film à l’habitat de Blue, un jeune dauphin. Cet animal nous guide, qu’il soit avec ou sans sa mère. C’est avec ce dauphin que l’on passe le plus de temps, et sur des sujets qui nous disent quelque chose, à nous autres mammifères : protection, découverte, apprentissage, entraide, tendresse. Bon, c’est sûr qu’on imagine mal le dauphin Blue au milieu de cette bande de baleines géantes mâles qu’on voit s’affronter pour une femelle, mais on veut bien croire qu’il les voit de loin. Et nous voyons avec lui cette baleine, ses acrobaties, ses chants, sa capacité à oublier les dissensions quand la communauté est menacée (certaines personnalités mises à l’index aujourd’hui devraient s’en inspirer !). Et voir le plus grand animal que la terre ait porté, qui existe encore, et qu’on extermine...
Au passage, la magie opère et nous enchante, car les images sont originales, envoutantes, explosives, parfois drôles. Aussi bien les microscopiques que celles vues d’avion : la technologie est vraiment là. La réalisation de ce film est vraiment extraordinaire. Et pour ceux qui connaissent mal les fonds marins, les bras en tombent : la seiche par exemple avec ses yeux en W qui mime le coin du salon où elle se trouve et qui contrôle son iridescence ; la squille, mi-crevette mi-mante religieuse, qui a l’air fragile mais dont la force de frappe est sans équivalent dans le monde terrestre (on ne lui connaît pas non plus d’équivalent en termes d’acuité visuelle).
C’est donc la visite guidée de l’habitat de Blue (dont on retrouve régulièrement les acteurs du début jusqu’à la fin) qui fournit la preuve en images de cette biodiversité, la preuve qu’elle ne peut pas ne pas exister –du moins tant que notre planète survivra aux coups qu’on lui porte. Exemple remarquable : le poisson-perroquet à bosse. Le film vaut de longs discours sur l’écosystème, la biosphère, le mutualisme, le commensalisme. Il est clair que nous venons de l’océan et chacun de ses habitants est un bioindicateur de sa santé et de son équilibre. Et qu’ils soient mammifères ou pas, on se dit fréquemment : qu’avons-nous en nous de l’animal ? qu’est-ce que l’animal a de nous en lui ? quel danger court-il ? quel danger courons-nous ?