J'ai été très impressionné.
Gros fan de Boogie Nights et incapable de décrocher de Magnolia si je tombe dessus, je trouvais PT Anderson un peu poseur dans There Will be blood, et la raideur des personnages était un peu gênante.Dans The master enfin, je ne comprends pas bien où il veut en venir, et dans l'ensemble formel comme dans l'histoire, le film m'ennuie.
Là, j'ai pris Phantom Thread à reculons, mais j'ai accroché immédiatement
D'abord j'ai aimé que PT Anderson refasse de la technique. Il a passé l'époque d'étaler de la virtuosité folle ou la rigidité sombre de TWBB, mais il a remis la main sur une fluiité formelle remarquable et très agréable. Cadres, mouvements, montage, lumières, la maîtrise est totale et c'est un plaisir.
L'histoire m'a surpris, il s'agit presque d'un huis clos dans une grande maison où tout le monde travaille pour le couturier, et dans laquelle une histoire d'amour très spéciale prend forme, au milieu des couturières. Histoire d'une relation difficile à qualifier, mais psychologiquement elle m'a paru très juste. Le personnage féminin prend de l'étoffe avec l'avancée du récit, et leur relation, conflictuelle, un peu perverse, faite de pouvoir, de domination, de dépendance mais bien aussi d'amour, n'en est que plus intéréssante et cinématographique.
Casting parfait et direction d'acteur subtile, parfois très touchante, surtout chez Vicky Krieps. Et ca,faisait un moment que PT Anderson n'avait pas montré qu'il a toujours un coeur. Mention spéciale à Lesley Manville qui interprète la soeur du couturier. Elle est minimaliste mais fascinante. Daniel Day Lewis, que je prenais un peu pour le roi des cabotineurs, m'a pris en contre-pied et sa performance est très équilibrée.
Je ne rentre pas dans les détails mais Phantom Thread me parait au moins un excellent film, peut-être un peu plus, mais il faudra le revoir pour ça.
Bravo à l'équipe des costumes, enfin, qui a fait un travail absolument exceptionnel.