Le remake en prise de vues réelles de "La Petite Sirène" réalisé par Rob Marshall plonge dans les profondeurs du conte classique de Disney avec une ambition certaine mais un résultat qui flotte entre deux eaux. Cette nouvelle adaptation, bien que portée par la performance vocale vibrante de Halle Bailey, ne parvient pas à sortir des remous créés par ses prédécesseurs.
Sur le plan esthétique, le film oscille entre éclats de beauté sous-marine et des choix visuels parfois incohérents qui éclipsent la magie du monde d'Ariel. L'océan, qui devrait être un personnage à part entière par sa splendeur et son mystère, est souvent noyé sous des teintes ternes et une surutilisation d'effets spéciaux qui manquent parfois de subtilité.
Le casting, quant à lui, offre des performances inégales. Si Halle Bailey insuffle une énergie juvénile et une voix enchanteresse à Ariel, l'ensemble du cast ne brille pas au même diapason. Jonah Hauer-King, dans le rôle du Prince Éric, affiche une présence charmante mais qui manque cruellement de profondeur. Melissa McCarthy, quant à elle, livre une interprétation d'Ursula qui, malgré son énergie indéniable, souffre d'un maquillage et de costumes qui ne rendent pas toujours justice à l'ampleur mythique de la méchante emblématique.
La musique reste fidèle à l'esprit original avec quelques nouvelles mélodies accrocheuses signées Alan Menken et Lin-Manuel Miranda. Cependant, elles sont souvent englouties par la nostalgie des classiques intemporels, rendant difficile pour elles de se démarquer ou d'ajouter une couche significative à l'expérience globale.
Narrativement, "La Petite Sirène" semble se débattre contre le courant d'une histoire déjà bien ancrée dans la culture populaire. Le film ajoute peu de nouveauté à la trame classique, et les rares tentatives d'approfondissement des personnages et de leurs motivations restent en surface. De plus, certaines longueurs, qui tendent à étirer inutilement l'intrigue, alourdissent le rythme du film sans ajouter de réelle valeur ajoutée à la narration.
La décision de moderniser le conte avec un message de préservation de l'environnement est à saluer, mais elle semble malheureusement submergée par les autres éléments et n'atteint pas l'impact escompté.
En conclusion, "La Petite Sirène" obtient la moyenne grâce à sa volonté de revisiter un classique adoré, à sa musique envoûtante et à la brillante Halle Bailey. Toutefois, ce remake est loin de déclencher le raz-de-marée émotionnel que l'on pourrait attendre d'un tel projet. En cherchant à équilibrer respect du matériau source et innovation, il finit par s'échouer sur le rivage de l'ambivalence, laissant le spectateur avec une sensation de potentiel inexploré et d'une aventure qui aurait pu être beaucoup plus immersive.