Un prix du scénario au Festival de Cannes plutôt mérité dans son ensemble et un prix d’interprétation masculine plus que destiné au génial J. PHÉNIX, pour la simple et bonne raison que grâce à une mise en scène très dépouillée, seul son personnage ressort vraiment de cette histoire. Son style, son charisme et son flegme semblent complètement inimitable, de telle façon que cette sorte d’impassibilité dans son jeu et sur son visage fait complètement ressortir le caractère de son personnage, nul besoin de fioritures cinématographiques comme de grandes scènes de combats ou des tirages « punchline », simplement un acteur, sa tronche et un camera pour l’illustrer, et c’est clairement ce qui porte le mieux ce film. Une âme plus qu’altruiste, un visage neutre et un marteau à la main, voilà un heros atypique, enfin pas tout à fait unique quand on voit le nombre de films du même genre qui peuvent sortir de terre de nos jours, dont les actes et les différentes péripéties vont être mises en lumière par une mise en scène très travaillée mais surtout par un montage assez plus que réussi, car celui-ci créer une vraie ambiance et voir même permet de mettre de la force dans un rythme assez inégal dans le déroulement de l’histoire. Non pas que l’ennui prenne le dessus, mais sachant que le contenu du scénario propose de bonnes idées dans l’illustration du désir de vengeance, plus qu’épurée dans le cinéma, mais qui a clairement du mal à leur donner de l’élan, au point de créer une accumulation d’informations qui filialement ne mène pas très loin hormis le fait de donner du sens et de la morale à ce qui se passe à l’écran. Mais cela est loin d’être suffisant car l’ensemble du film ne parvient pas à réellement décoller, restant essentiellement fixer au personnage principal, acculant les plans « portraits » dont le but est, certes, de créer une certaine proximité et intimité avec le héros, mais cela se fait bien trop au détriment du déroulement de l’intrigue. Et pourtant quelques tentatives d’apporter du rythme de manière singulière sont présentes dans ce film, comme la scène de massacre et de violence totalement filmé me a travers une caméra de surveillance muette et en noir et blanc, sûrement l’une des meilleures trouvailles ici, apportant une vision complément extérieure de moments barbares qui a même tendance à décupler le sentiment d’effroi, ou encore lors de quelques images « flashback » dans le but de creuser encore plus la psychologie du héros, qui mettent aussi un bon coup de fouet au déroulement du scénario, que se soit en surprenant subitement par une simple image et un son ou en mettant plus longuement en scène quelques moments du passé du personnage, le tout mis en musique de manière a faire monter le stress et la tension, en faisant des passages plutôt efficaces tant par le travail cinématographique que par ce que cela apporte à l’ensemble du film, bien que le sens premier de ce que cela est censé éclairer n’est pas tout à fait évident la première fois. Ajoutés à tout cela, une musique et des effets sonores de très bonne qualité qui plonge un peu plus l’attention dans ce qui se passe à l’écran et accrochant bien mieux que d’autres moments du film l’attention, car l’ensemble à beau apporter de très bonnes choses en matière de techniques et vision de cinéma à proprement parler, il est clair que des longueurs se font sentir (pourtant le format n’excède pas 1h30...) quand l’intrigue ne fait que se dérouler, et l’intrigue a beaucoup de mal à totalement exister dans ces conditions alors que les idées qu’elle contient méritaient d’avoir plus de lumière pour se développer avec intérêt. Alors une fois de plus le Festival de Cannes sait reconnaître que les genres n’ont pas d’importance, seule compte la qualité cinématographique, et vu les récompenses obtenues à cette occasion, les choses réussis de ce film sont bel et bien reconnues, mais cela prouve aussi qu’il ne suffit pas de faire du cinéma technique pour faire d’un film un moment unique, encore faut il savoir y mettre un rythme synchronisé avec l’ambiance et le scénario, et tout ici n’est pas au rendez-vous.