"Quarante-cinq ans après, le film d’Hélène Cattet et Bruno Forzani a la même énergie démente, la même précision maniaque, le même débordement d’idées foutraque et jubilatoire."
"Que ce duo détonnant vienne appliquer son style post-moderne si particulier, visible dès leurs débuts dans leurs courts-métrages autant que dans Amer ou L'Etrange couleur…, à ce roman écrit par Manchette et Bastid à la grande époque du western européen, c’était une belle perspective, franchement excitante. Car les Cadavres, c’est avant tout un western transposé dans le cadre du polar, une histoire de bandits réfugiés dans un relais de poste qui prennent en ôtage les voyageurs de la diligence et luttent contre un courageux Marshall. Disons, un bon petit Budd Boetticher interprété par Randolph Scott, ou un bis italien."
"Cattet & Forzani, passionnés du cinéma de genre transalpin, pouvaient trouver dans ce récit une source d’inspiration à la mesure de leur passion, de leurs références et de leur audace. S’il m’a tant fait plaisir de les voir s’attaquer à ce Manchette-Bastid, c’est aussi parce que les adaptations précédentes des romans de mon père ont été banalisées et traitées sur un mode conventionnel, comme le tout-venant des films policiers d’hier et d’aujourd’hui.. À l’opposé, la grande originalité de l’écriture cinématographique de H&B se joue des conventions et apporte du coup un résultat sensoriel inédit."
Laissez bronzer les cadavres est l'adaptation du premier roman du même nom de Jean-Patrick Manchette (coécrit avec Jean-Pierre Bastid), l'un des auteurs les plus marquants du polar français des années 1970 et 1980 également connu pour ses opinion d'extrême gauche. L'écrivain a aussi travaillé comme adaptateur, scénariste et dialoguiste pour le cinéma. On lui doit par exemple Nada (Claude Chabrol, 1973) adapté de son propre roman, L’Agression (Gérard Pirès, 1974), L'Ordinateur des pompes funèbres (Gérard Pirès, 1976), La Guerre des polices (Robin Davis, 1979), Trois hommes à abattre (Jacques Deray, 1980), Légitime Violence (Serge Leroy, 1982), La Crime (Philippe Labro, 1983).
Militant engagé à gauche, Jean-Pierre Bastid (né en 1937) se consacre dans un premier temps au cinéma : après ses études à l'IDHEC, il devient l’assistant de Jean Cocteau sur Le Testament d'Orphée (1960) avant de travailler avec Nicholas Ray. Il participe à l’écriture de polars sexy réalisés par José Benazéraf (L'Enfer sur la plage, 1966) et Max Pécas (La Peur et l'amour, 1967). Son premier long métrage comme metteur en scène, "Massacre pour une orgie" (1966) provoque un tohu-bohu au marché du festival de Cannes et sera totalement interdit par la censure. Il enchaîne en 1969 avec Hallucinations sadiques, un huis-clos horrifique. En 1971, il co-écrit avec Jean-Patrick Manchette "Laissez bronzer les cadavres", publié dans l’illustre collection Série noire, et qui augure d’un renouveau du polar et du roman noir français. Avec Michel Martens, il co-écrit le scénario du très polémique Dupont Lajoie (1975). Depuis, il alterne l’écriture de romans et de scénarii, la réalisation de films pour le cinéma et la télévision, l’enseignement.
Après avoir tourné plusieurs courts-métrages, auto-produits pour la plupart, Hélène Cattet et Bruno Forzani réalisent Amer en 2009 et L'Etrange couleur des larmes de ton corps en 2012, un diptyque féminin/masculin autour du désir et du giallo. Entre temps, ils participent au long métrage d’anthologie ABC's of Death (2012) qui réunit 26 réalisateurs émergents de la scène fantastique internationale avec leur segment fortement érotique "O is for Orgasm". En 2016, ils tournent Laissez bronzer les cadavres, toujours accompagnés par le tandem de producteurs Eve Commenge - François Cognard.