Pour moi comme pour beaucoup de gens, Whitney Houston, c'est avant tout une voix, quelques morceaux inoubliables, un film et une disparition prématurée. Ce documentaire, bien qu'un peu inégal (certains aspects sont nettement plus intéressants que d'autres) permet de revivre toutes ces « années Whitney » avec beaucoup d'authenticité. Sur la forme, les choses sont claires d'emblée : alternance de témoignages et d'images d'archives, mélangeant scènes, coulisses, événements et vidéos personnelles. Mais Kevin Macdonald sait créer une vraie dramaturgie autour de cette vie hors-normes, comme si nous étions dans un doc tout en étant en même temps dans un film de « fiction ». Sans doute un peu trop linéaire, paradoxalement on s'y perd parfois un peu, notamment lors de l'évocation des drogues, nous ramenant de nombreuses années en arrière alors que nous les avions déjà passées depuis un moment. Cela écrit, les témoignages sont forts, pour ne pas dire souvent poignants. Il y a à la fois beaucoup de dignité, de pudeur et d'émotions dans les propos de quasiment chacun d'entre eux, leur langage corporel en disant parfois plus long que leurs paroles : entre ceux pleurant carrément et ceux ayant les larmes aux yeux, il est dire l'impact que cette dernière a pu avoir sur leur vie. Si le portrait est plutôt positif (on le comprend), il n'est pas béat non plus, que ce soit sur les (graves) errements connus par la star à la fin de sa vie, n'étant quasiment plus que l'ombre d'elle-même (vocale comprise). Le but n'est pas de tout nous dire ou de tout nous expliquer sur Whitney Houston : on peut même trouver que nous restons un peu trop à la surface des choses. Mais d'en savoir plus sur sa personnalité, son rapport passionné à la musique, l'importance démesurée (pour le pire et le meilleur) de sa famille dans son entourage, son mariage ne lui ayant nullement apporté le bien-être auquel elle aspirait... On ne tombe jamais pour autant dans l'anecdote « people » : le réalisateur sait donner du sens à son parcours, à sa vie. Mine de rien, et de façon un peu étrange, c'était une personnalité assez secrète sur des choses essentielles : impossible de savoir si un « traumatisme enfantin » (évoqué de façon totalement explicite) a vraiment eu une influence sur sa vie de femme, par exemple. Ce qui fait toutefois clairement la différence, ce sont les images d'archives. Manifestement choisies avec beaucoup de soin et de rigueur, elles montrent une Whitney à toutes les étapes de sa vie et de sa prestigieuse carrière, passant un peu par toutes les émotions sans réellement se livrer plus que ça, si ce n'est à de rares exceptions (et souvent à l'aide de substances illicites). L'occasion également de redécouvrir, si besoin était, sa voix prodigieuse, exceptionnelle, notamment lors d'extraits de concerts parfois enivrants (j'étais au bord des larmes durant son « I Will Always Love You » en Afrique du Sud). Sans oublier un court, mais décisif, passage sur « Bodyguard », montrant en seulement quelques minutes à point le film a pu être décisif pour son statut d'icône mondial. Après, comme écrit précédemment, je ne me suis pas passionné pour le côté « femme noire » ou l'enfance chaotique de sa fille Bobbi Kristina, même s'il était difficile de ne pas l'évoquer, je suis d'accord. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il s'agit de dresser un bilan de cette « Whitney », il est positif. Un peu larmoyant, certes (pas bien grave), mais surtout instructif, touchant et même vraiment fort par moments. Bel hommage, sans glorification mal placée : aucun doute, la Diva le méritait.