Je sens déjà quelques réticences quand on voit l'affiche du film et quand on en comprend le thème ; " Oh encore un truc sur les banlieues ! Et en plus c'est un doc !..."
Les questions vont être : Comment donner envie de faire prendre un billet de cinéma à des personnes pour qui une sortie ciné doit être essentiellement ludique et attrayante ? Comment leur dire que "Swagger " est certes un documentaire sur des jeunes de banlieue mais qu'il se situe à dix mille lieues au-dessus de ce que la télévision peut nous proposer à longueur d'année ? Comment expliquer que le cinéma peut être un divertissement mais aussi une source d'enrichissement, de culture, de connaissance, de réflexion et tout cela de la façon la plus agréable possible ? Comment exprimer la sensation de bonheur que l'on éprouve en sortant de la salle, impression de n'avoir pas perdu son temps, impression d'avoir rencontrer une jeunesse sympathique, formidable, qui nous donne foi en l'avenir ?
"Swagger" c'est tout cela et mille autres choses.
Olivier Babinet, le réalisateur, a passé deux années scolaires en résidence dans un collège d'Aulnay sous bois, banlieue très défavorisée et a eu envie de faire parler ces jeunes qu'il côtoyait quotidiennement. Onze apparaissent à l'écran. Certains faisaient partie de l'atelier cinéma qu'il animait, d'autres ont été découverts pour l'occasion. Face caméra, ils parlent, librement.
Houla, un doc plus un truc genre Mireille Dumas ( je n'ai pas de références plus récentes) , fuyons ! STOP ! Le dispositif mis en place par Olivier Babinet est bien plus sophistiqué. Ces jeunes ont passé beaucoup de temps devant sa caméra, histoire de l'apprivoiser, de se sentir en confiance et de pouvoir s"exprimer librement, naturellement. C'est la grande force de "Swagger" car à l'écran, se dégage une fraîcheur, une honnêteté sans pareille. Et comme il était essentiel de sortir ces jeunes de tous les clichés ressassés depuis des décennies, ils sont filmés dans leur collège, éclairés magnifiquement par l'opérateur de Kaurismaki, Timo Salminen. D'habitude, la lumière des films du finlandais me gêne beaucoup, mais ici, il faut l'avouer, elle met en relief ces ados et nous les rend soudain très proches.
Et ils nous disent quoi Aissatou, Abou, Naila, Salimata ? Tout simplement, leur vision du monde, leur histoire, leur vie de tous les jours, leurs espoirs, leurs rêves.
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