A l'origine, Pol Cruchten était tombé sur une émission présentée par Michel Field qui parlait du livre de Svetlana Alexievich, La Supplication, comme l'un des plus grands événements littéraires de la fin du 20ème siècle. Le cinéaste l'a alors lu et en décela immédiatement le potentiel cinématographique. Après avoir réalisé le court métrage Never Die Young centré sur les problèmes d'un toxicomane, il acheta les droite du livre et commença le scénario.
Au moment de l'écriture du scénario, Pol Cruchten voulait à tout prix respecter la prose de Svetlana Alexievich. Un désir entrant en contradiction avec la sélection opérée dans son travail d'adaptation. Le metteur en scène explique :
"J'ai tout simplement marqué les séquences qui me semblaient indispensables. Toutefois, le livre est si condensé qu'il était difficile d'extraire des passages et d'en sacrifier d'autres. De fait, le travail de sélection était une trahison en soi. Une fois ces passages sélectionnée, j'ai tout retranscrit à la main afin de trouve le rythme du film."
Contre toute idée reçue, tourner à Tchernobyl n'a pas été, selon Pol Cruchten, si difficile que ça. Le réalisateur a commencé par s'y rendre une première fois avec le producteur exécutif puis quelques mois plus tard avec le directeur de la photographie pour repérages. C'est surtout du côté de Kiev que les choses ont été compliquées compte tenu du fait que la révolution ukrainienne avait lieu à quelques kilomètres du lieu de tournage.
Si Tchernobyl est au centre du film de Pol Cruchten, ce dernier a conscience que la catastrophe n'a pas beaucoup été traitée au cinéma. Il voit ainsi son long métrage comme un moyen de lutter contre l'oubli (au même titre que le livre de Svetlana Alexievich). Le cinéaste note :
"Regardez ce qui se passe avec Fukushima, c'est exactement la même chose. Tout le monde s'est affolé sur le moment, mais désormais ça semble appartenir au passé. Pourtant, les conséquences sont là, et elles sont désastreuses. Or, plus personne n'en parle."
Comme il en est question dans le livre, Pol Cruchten a également voulu, dans son film, toucher à l'universalité : à nos peurs, nos idées, nos croyances, nos rêves, nos amours, etc. Dans cette optique, la femme amoureuse jouée par Dinara Droukarova fait office de fil rouge et permet de lier la grande et la petite histoire. Le réalisateur développe :
"Le film ne cherche pas une vérité définitive, objective et scientifique. Il assume plutôt une forme de subjectivité, il cherche à rendre compte d'expériences intimes. Cette polyphonie des témoignages permet de tracer une certaine réalité de Tchernobyl."