Personal Affairs est le premier long-métrage de Maha Haj. Elle est pourtant loin d'être une débutante : elle a réalisé deux courts-métrages et a été directrice artistique sur plusieurs films. Le cinéma est arrivé par hasard dans sa vie : "Je n’ai pas suivi d’études en cinéma mais j’ai une formation en littérature arabe et anglaise. À aucun moment, je n’avais envisagé de devenir réalisatrice. J’ai saisi l’opportunité quand elle s’est présentée à moi. La première fois, c’était sur Le temps qu'il reste d’Elia Suleiman en tant que chef décoratrice. J’étais ravie et terrifiée à la fois, mais je me suis jetée à l’eau et le bain était vivifiant. Je me suis dit que c’était le métier que je voulais faire plus tard. Sauf que j’avais déjà près de quarante ans !", se souvient-elle.
Alors qu'elle travaillait sur d'autres films, Maha Haj a écrit le scénario de Personal Affairs, quatre ans avant sa réalisation.
L'idée de base de Personal Affairs vient de la famille même de Maha Haj. "Mon frère aîné possède une cabane, dans le nord de la Suède, au milieu des bois. J’y suis allée avec ma famille pour y passer le jour de l’An. Il faisait si froid que le lac était gelé", se souvient la réalisatrice. "Tout était blanc, calme, majestueux et incroyablement beau. Mais j’étais alors au plus fort de ma dépression et insensible à la beauté environnante. Je me suis alors demandé quel impact aurait cet endroit sur mes parents qui sont mariés depuis plus de cinquante ans. Quand mon frère a proposé de les inviter l’été suivant, je me suis dit que ce n’était pas une bonne idée : ce lieu avait eu un impact si fort sur moi, qu’en serait-il avec un couple marié depuis tant d’années ?"
Après avoir fait passer des auditions infructueuses, Maha Haj a préféré s'orienter vers des acteurs non professionnels en majorité. Elle a ainsi sollicité un couple d’amis pour interpréter les parents. "Ils vivent ensemble depuis plus de trente ans et pouvaient s’identifier à leurs personnages", confie la cinéaste. "Quant à la grand-mère, c’est une amie de ma mère".
Pour Maha Haj, le sous-texte de Personal Affairs est politique : "Mon approche n’est pas directe. Je joue avec le contexte. De là d’où je viens, il est impossible d’échapper à la politique. C’est une réalité qui vous saute aux yeux à chaque coin de rue et à chaque checkpoint", déclare-t-elle.