Suntan représente la face sombre de ce que Argyris Papadimitropoulos décrit comme une histoire sur la "crise de la quarantaine". Cette expression est d'ailleurs l'une des premières choses qui lui est venue à l'esprit avant d'écrire le scénario du film. Le cinéaste né en 1976 explique en effet qu'après avoir lu les oeuvres de Michel Houellebecq, il n'arrivait plus à échapper à la sensation de vieillir et d'approcher de la quarantaine. D'où le besoin de réaliser un long métrage centré sur cette thématique.
Comme cela a été le cas pour Suntan, Argyris Papadimitropoulos ne travaille pas avec un scénario intégralement rédigé ou des dialogues définitifs. Le réalisateur a plutôt pour habitude d'écrire un synopsis de chaque scène puis improviser avec les acteurs pendant les répétitions et le tournage.
Argyris Papadimitropoulos a tourné son film à Antiparos, une petite île grecque. Il s'agit d'un endroit où le metteur en scène se rend depuis ses 16 ans et qu'il considère comme son lieu de prédilection en matière de vacances. Y tourner Suntan était donc pour lui une évidence. Il se rappelle : "J'en connais tous les recoins et tous les habitants ; d'ailleurs, eux aussi me connaissent ! Y tourner était donc une évidence, et l'île nous a accueillis à bras ouverts. Le problème est que nous nous y sommes rendus en août, lorsqu'il y a le plus grand nombre de touristes, et que nous devions tourner quand les lieux étaient remplis de monde."
Suntan a reçu le Prix du meilleur long-métrage international au Festival international du film d'Edimbourg et l'UPS Cinephile Award au Brussels Film Festival. En outre, le long-métrage avait précédemment été sélectionné en compétition à Rotterdam.
Argyris Papadimitropoulos a écrit le scénario du film avec son ami proche Syllas Tzoumerkas qu'il connait depuis l'époque où ils étaient en école de cinéma. "C'est un très bon réalisateur, et nous savons exactement ce que l'autre apprécie. Ecrire ensemble a donc été très facile, même s'il était à Berlin et moi à Athènes. Nous avions terminé le scénario après dix réunions sur Skype, puis nous l'avons réarrangé un peu plus tard, lors des répétitions", se souvient le metteur en scène.
Pour incarner le personnage de Kostis, Argyris Papadimitropoulos avait en tête l'acteur Makis Papadimitriou depuis longtemps mais ne l'avait jamais rencontré. Leur première rencontre a très rapidement convaincu le réalisateur de le choisir pour le rôle. Trouver l'interprète du personnage d'Anna s'est avéré plus complexe, puisqu'il cherchait une femme n'ayant jamais joué dans un film auparavant et à l'aise avec la nudité. Après un long casting, il a finalement trouvé la perle rare en la personne d'Elli Tringou.
Suntan est une production grecque à 100 %. Compte tenu de la situation financière du pays, le financement du film a été difficile. Argyris Papadimitropoulos se remémore : "Le Centre du cinéma grec a refusé d'accorder une aide au film et nous n'avions reçu aucune subvention publique jusqu'à la dernière semaine, lorsqu'ERT (Hellenic broadcasting corporation) a annoncé son nouveau programme de soutien à la production cinématographique et s'est intéressé au projet. Le film n'aurait jamais pu voir le jour sans la persévérance de nos coproducteurs, qui ont toujours eu foi en ce film : ils nous ont procuré des moyens financiers, de la main-d'oeuvre, du matériel technique et tout ce qu'ils pouvaient trouver d'autre pour que la production du long-métrage ait finalement lieu. Mais pour être honnête, faire ce film a quand même été douloureux et laborieux ; je ne pense pas que les réalisateurs grecs vont pouvoir continuer à travailler très longtemps dans ces conditions."