L'hiver, même le ciel grec est chargé de nuages. Kostis, médecin de son état, débarque seul, à quelques jours de Noël, sur l'ile d'Antiparos, pour y exercer son métier, dans ce qu'on pourrait appeler un désert médical. Mais la vraie vie commence pendant la période estivale, celle où les jeunes s'abreuvent de danse, d'alcool et d'amour. "Suntan" est un film dérangeant. Dès les premières minutes, le spectateur sent chez ce Kostis la posture même de l'antihéros. Avec le temps, l'accablement, voire la détresse, s'abattent sur cet homme, le laissant dans un état pathétique. Mais le réalisateur échappe à toute forme de complaisance. Il y a presque une sorte de rejet dans la manière dont il met en scène son personnage, face à des jeunes gens, libres, beaux agaçants, et provocateurs. C'est peut-être le gros défaut du film que cette absence de nuance entre deux univers, celui des jeunes-gens à qui tout réussit, et celui du quadragénaire bedonnant et malheureux. Mais le réalisateur parvient à tenir en haleine son spectateur, jusqu'au dénouement final, qui, à lui seul, fait toute la réussite du film. "Suntan" est un film tourmenté et angoissant, dont on espère pas que le réalisateur se soit essayé à l'auto-portrait.