Sans vouloir jouer au vieux réac’, autant il y a nombre de films sur des mères divorcées avec des ados pas évidents à gérer , autant il y en a peu sur les pères dans la même situation : d’ailleurs, si on me donne trois secondes pour en citer un, ce n’est pas un film mais plus sûrement un Anime japonais qui me viendra à l’esprit. Quoiqu’il fasse mine de sortir quelque peu des sentiers battus, cette tentative semble pourtant fort schématique : alors que madame a réclamé une pause, dont on devine qu’elle sera définitive, monsieur use son énergie dans un boulot frustrant, se prépare à laisser sa plus grande fille prendre son envol tout en se demandant comment faire face aux reproches silencieux de la plus jeune..et malgré tout, il trouve le temps de courir après son ex avec une obstination pathétique, allant jusqu’à s’inscrire à un cours de théâtre pour se retrouver par hasard dans le centre culturel où elle travaille. Cette chronique ordinaire, pas aussi dramatique que son statut taxonomique pourrait le faire croire, ne rechigne pas à inclure à un peu d’humour (c’est quand même drôle, un père qui rame avec ses ados, surtout quand ce n’est pas vous) et encore plus de moments de tendresse, forcément, avec le titre qu’il s’est choisi. Avec un mauvais dosage, le film aurait pu sombrer dans la banalité d’une comédie familiale estampillée TF1. En choisissant d’inclure le désarroi du père confronté à la découverte que les premiers émois de sa fille la pousse vers d’autres filles, il aurait même pu carrément se louper. Mais il ne le fait pas, car il existe au moins un élément par lequel le film parvient à se démarquer de ses congénères. Pour incarner ce personnage, Il fallait un type qui n’a pas besoin de se forcer pour avoir l’air complètement retourné par ce qui lui arrive mais toujours tout en pudeur, une sorte de nounours bourru tout en contradictions, qui alterne élans de colères et de tendresse à l’instinct et dont les maladresses suscitent l’empathie et la compréhension plutôt que l’irritation. Et donc, ce personnage, il n’y avait vraiment que Bouli Lanners pour le jouer de la sorte.