Des films comme celui-ci, j’en ai vu passer des brouettes et, s’il m’est arrivé d’être agréablement surpris, le procédé me laisse quand même plus souvent sceptique. Le procédé en question, c’est quand des drames d’auteur naturalistes, qui n’hésitent paradoxalement pas à en remettre une couche dans le réalisme et la sobriété, reposent sur un argument science-fictionnel qui étaye avec plus ou moins de bonheur le propos du film et dont l’utilité visible est de lui permettre de se distinguer de ses petits camarades. Sur le papier, le procédé fonctionne puisque, si je n’avais pas entendu parler de ‘The untamed’ dans les notules d’un Mad Movies, il y aurait eu peu de chances que je m’y intéresse, l’offre en productions américaines ou européennes du même genre étant largement suffisante. Dans le cas présent, on nage en plein psychodrame familial puisque le mari, un macho latin caricatural, trompe sa femme avec le frère gay de celle-ci, tout en adoptant une attitude homophobe en public. En y ajoutant l’épouse fatiguée et humiliée, les beaux-parents paternalistes et quelques autres personnages, on obtient un âpre dossier à charge de la classe moyenne mexicaine. Rien d’inédit, donc, si le réalisateur n’y ajoutait pas cette créature lovecraftienne tapie dans une cabane à la campagne : une info qui se refile à mi-voix entre copines puisque la bestiole a pour particularité d’être l’amant ultime. Je comprends parfaitement qu’on puisse avoir envie de transgresser les limites en filmant des scènes de sexe d’autant plus crues que le gloumoute à ventouses est de couleur chair...mais je ne pige pas vraiment ce que tout cela est supposé démontrer ? Que le sexe permet de surmonter tous les obstacles ? Qu’il est le pivot de toute existence humaine ? Une nouvelle variation sur Eros et Thanatos ? Ce n’est jamais clairement exprimé et on en est réduit à appréhender cet élément comme une démarche expérimentale, comme si le réalisateur s’était donné pour mission de remettre au goût du jour le “shokushu gokan�, ce fameux “viol par tentacules� si répandu dans la pornographie nippone et déjà entr’aperçu dans ‘Possession’ de Zulawski et ‘La galaxie de la terreur’ par Roger Corman.