Hôtel Mumbai de Anthony Maras
Terrifiant ! Alors que beaucoup de films réfléchissent aux motivations des terroristes religieux, ici, nous suivons leur travail digne de Das Reich à Oradour. 3 longues journées sont filmées, essentiellement dans un méga hôtel indien, bourré d'une clientèle très sophistiquée et comptant un abondant personnel. 188 morts et 312 blessés jalonneront ces heures effroyables que nous vivons de l'intérieur. Le drame a eu lieu à Bombay le 26 novembre 2008.
Cœurs sensibles, s'abstenir. Mais comme les films de guerre, les catastrophes d'aviation, les incendies et autres drames que notre destin nous épargne, il n'est pas inintéressant de passer deux heures, rivé à son siège, à suivre cette tragédie, de l'intérieur.
Les images de violences ne m'ont jamais semblé " voyeuristes ", magnifiées par un esthétisme de mauvais aloi comme chez Tarentino, par exemple. Ici, nous sommes témoins, épouvantés.
Un groupe de 10 jeunes jihadistes sur-armés sèment la mort, à la gare d'abord, dans cette immense hôtel ensuite.
Le scénario est écrit de façon parfaitement adaptée qui nous permet de faire connaissance d'un grand nombre de protagonistes (dont l'excellent Dev Patel connu par Slumdog millionnaire) et de les suivre dans cette tragédie. Si l'histoire est authentique, si des images d'archives sont intégrées, c'est pour nous faire vivre de tout prêt cet incroyable moment où des hommes, certes manipulés, se comportent de façon totalement inhumaine vis-à-vis d'autres être humains. Et la diversité, la multiplicité des comportements est richement illustrée. Les héros et les lâches, les chanceux et les victimes, les courageux et les méchants, les bourreaux sanguinaires... Toute la riche panoplie des comportements humains y passe, et c'est sans doute l'intérêt essentiel du film qu'il ne faut pas regarder sous l’œil réducteur d'un énième film de violence.
Il y a quelques touches d'humour, une efficacité visuelle et une richesse sonore impressionnante : les hurlements mêlés aux tires d'armes à feu et à une musique tonitruante, cela vous met véritablement en état de choc à cause de ce que l'on voit. Les faits, les dialogues, sont largement inspirés par les témoignages et les enquêtes qui ont été menées après ce drame. Un élément très fascinant est la voix qui donne les ordres. Comme est impressionnante la naïveté des médias d'alors qui donnaient mille détails en direct, vus dans l'hôtel par les terroristes eux-même qui en tenaient compte pour la suite de leurs massacres.
Un film très puissant, très important, réalisé par un australien qui tourne là son premier long métrage. Une terrible leçon de cinéma.